Autogestion. On croyait le mot oublié, vaincu par des décennies d’intériorisation du monde tel qu’il est. Et le voilà qui resurgit, au cœur du mouvement en cours dans la culture, redisant le monde tel qu’il doit devenir. Vendredi 9 avril, l’AG du Grand Théâtre de Tours a voté à une très large majorité l’appel à « que vive l’autogestion dans la culture, et partout ! », reproduit ci-dessous. L’Internationale des Savoirs pour Tous, qui depuis sa création veut contribuer aux combats pour une société postcapitaliste et postproductiviste, ne peut que se réjouir d’un tel appel et vous invite à le propager, dans les lieux culturels occupés, dans les universités et centres de recherche, en France et ailleurs…
La Rédaction du blog
Autogestión. Hemos pensado que la palabra había sido olvidada, derrotada por décadas de interiorizar el mundo tal como es. Y aquí está de nuevo en Francia, en el corazón del movimiento actual de la cultura, redibujando el mundo como debe ser. El viernes 9 de abril, la Asamblea General del Grand Théâtre de Tours votó por amplia mayoría la petición de "¡autogestión en la cultura, y en todas partes!", que juntamos a continuación. La Internacional del Saber para Todos, que desde su creación ha querido contribuir a la lucha por una sociedad poscapitalista y posproductivista, no puede sino acoger tal llamamiento y le invita a difundirlo, en los lugares culturales ocupados, en las universidades y centros de investigación, en Francia y en otros lugares del mundo...
La Redacción del blog
Self-governing. We thought the word had been forgotten, defeated by decades of internalizing the world as it is. And here it is again in France, at the heart of the current movement in culture, redrawing the world as it must become. On Friday 9 April, the General Assembly of the Grand Théâtre de Tours voted by a very large majority to call for "self-governing” in culture, and everywhere! "which is reproduced below. The International of Knowledge for All, which since its creation has wanted to contribute to the struggle for a post-capitalist and post-productivist society, can only welcome such a call and invites you to spread it, in occupied cultural places, in universities and research centers, in France and elsewhere in the world...
The blog’s editorial team
Depuis le 4 mars 2021, et l’occupation à Paris du Théâtre de l’Odéon, un puissant mouvement de mécontentement et de mobilisation s’est emparé du monde de la culture. Le feu y couvait depuis longtemps et, en quelques semaines, des milliers d’amateurs, de professionnels des différents métiers du spectacle, associés à leurs publics, ont emboîté le pas, donnant à la révolte une ampleur imprévue, inespérée. À l’heure où nous écrivons, près d’une centaine de lieux culturels sont désormais occupés, 24h sur 24, partout en France et parfois même à l’étranger.
Les principales revendications portées par le mouvement sont désormais bien connues : abrogation de la réforme de l’assurance-chômage et annulation de sa dette, prolongation de l’année blanche pour les intermittents, réouverture immédiate des lieux culturels, création d’un plan de soutien à l’emploi et aux salaires pour toutes et tous, etc.
Aussi essentielles au monde de la culture que la culture l’est à la vie, ces revendications réagissent à la violence et à l’incurie des gouvernants, à leur gestion calamiteuse de la crise sanitaire comme aux politiques capitalistes et néolibérales qu’ils mènent depuis des décennies. Il nous faut maintenant franchir une nouvelle étape : imaginer, inventer un autre monde de la culture, une autre société.
Déjà actifs dans le mouvement ou prêts à le rejoindre, nous sommes ainsi de plus en plus nombreux à vouloir compléter la liste actuelle des revendications. D’un mot fort, symbole d’un avenir transformateur, révolutionnaire. Nous voulons l’autogestion. C’est-à-dire la réappropriation collective de l’outil de travail où toutes celles et ceux (directions, salariés, intermittents, vacataires, spectateurs…) qui contribuent à la vie des lieux culturels aient une part égale dans toutes les décisions qui les concernent (emploi, salaires ou cachets, gestion financière quotidienne ou investissement, programmation des spectacles...). Cette autogestion existe déjà, à l’état d’îlots, dans de très nombreux lieux dits « alternatifs » et s’invente chaque jour dans nos occupations. Elle doit maintenant devenir « l’alternative », entrer dans les lieux dits « officiels », quels qu’ils soient et de quelque argent, public ou privé, ils disposent. Parce que la culture doit être tout sauf un privilège, parce que chacun en a sa part et tous l’ont en commun, aucun établissement culturel ne doit échapper à cette vitalité démocratique, à ce renversement de l’ordre – ou plutôt du désordre… – établi.
C’est ainsi, par la perspective autogestionnaire, que nous donnerons au mouvement en cours tout son sens, en ferons l’outil d’un autre monde de la culture et d’une autre société. C’est ainsi, en exigeant d’être enfin des acteurs-décideurs à part entière et égalitaire de tous les lieux culturels, que nous commencerons à reprendre le pouvoir sur nos vies, nos métiers, nos conditions de travail et de rémunération, et inventerons demain de nouvelles formes d’organisation et de financement de la culture, de nouveaux liens avec un public élargi. C’est ainsi, également, que nous nous libèrerons de la culture-marchandise et montrerons que l’autogestion peut s’appliquer à tant d’autres secteurs qui, eux aussi, aspirent à sortir du règne du capitalisme. Parce qu’il faut en finir avec l’isolement de chacun et la subordination de tous, recréer partout la culture du collectif, l’autogestion doit revenir sur le devant de la scène et irriguer toute la société.
Nous devons donc dès maintenant porter cette revendication autogestionnaire dans tous les lieux occupés, la soumettre à l’approbation des AG qui s’y déroulent, la propager dans tous les lieux en lutte. L’autogestion, répétons-le, n’est pas une revendication opposée à celles qui ont déjà été décidées par le mouvement : elle s’y additionne, les complète et renforce la convergence des luttes, l’espoir du succès commun. Nous devons, à l’heure où l’on célèbre les 150 ans de la Commune, en être les dignes héritiers dans les termes et les conditions de ce début de XXIe siècle.
Desde el 4 de marzo de 2021 y la ocupación del Théâtre de l'Odéon en París, un poderoso movimiento de descontento y movilización se ha apoderado del mundo cultural. El fuego llevaba mucho tiempo ardiendo y, en pocas semanas, miles de aficionados y profesionales de las distintas profesiones del espectáculo, junto con su público, siguieron su ejemplo, dando a la lucha un alcance inesperado e insospechado. En el momento de escribir estas líneas, casi un centenar de locales culturales están ocupados, las 24 horas del día, en toda Francia y a veces incluso en el extranjero.
Las principales reivindicaciones del movimiento son ya conocidas: derogación de la reforma del seguro de desempleo y condonación de su deuda, ampliación del año sabático para los trabajadores intermitentes, reapertura inmediata de los locales culturales, creación de un plan de apoyo al empleo y a los salarios para todas y todos, etc.
Tan esenciales para el mundo de la cultura como la cultura lo es para la vida, estas reivindicaciones son una respuesta a la violencia y la negligencia del gobierno, a su calamitosa gestión de la crisis sanitaria y a las políticas capitalistas y neoliberales que llevan a cabo desde hace décadas. Ahora debemos dar un nuevo paso: imaginar e inventar otro mundo cultural, otra sociedad.
Ya activos en el movimiento o dispuestos a unirse a él, cada vez somos más los que queremos completar la actual lista de reivindicaciones. Con una palabra fuerte, símbolo de un futuro transformador y revolucionario. Queremos la autogestión. Es decir, la reapropiación colectiva de la herramienta de trabajo en la que todos aquellos (dirección, empleados, trabajadores temporales, espectadores...) que contribuyen a la vida de los lugares culturales tienen una participación equitativa en todas las decisiones que les conciernen (empleo, salarios u honorarios, gestión financiera diaria o inversión, programación de espectáculos...). Esta autogestión ya existe, en forma de islas, en muchos lugares llamados "alternativos" y se inventa cada día en nuestras ocupaciones. Ahora debe convertirse en "la alternativa", entrar en los lugares llamados "oficiales", sean los que sean y tengan el dinero, público o privado, que tengan. Porque la cultura debe ser cualquier cosa menos un privilegio, porque todos tienen parte en ella y todos la tienen en común, ningún establecimiento cultural debe escapar a esta vitalidad democrática, a este derrocamiento del orden - o más bien del desorden - establecido...
Es así, a través de la perspectiva de la autogestión, como daremos al movimiento actual su pleno sentido, convirtiéndolo en la herramienta de otro mundo cultural y de otra sociedad. Así, exigiendo ser por fin actores-decisores de pleno derecho de todos los lugares culturales, empezaremos a recuperar el poder sobre nuestras vidas, nuestros empleos, nuestras condiciones de trabajo y nuestros salarios, e inventaremos mañana nuevas formas de organización y financiación de la cultura, nuevos vínculos con un público más amplio. Así también nos liberaremos de la cultura-mercancía y demostraremos que la autogestión puede aplicarse a tantos otros sectores que también aspiran a salir del reino del capitalismo. Porque hay que acabar con el aislamiento de cada individuo y la subordinación de todos, y recrear la cultura de lo colectivo en todas partes, la autogestión debe volver al primer plano e irrigar toda la sociedad.
Por lo tanto, debemos llevar ahora esta reivindicación de autogestión a todos los lugares ocupados, someterla a la aprobación de las AG que allí se celebran y propagarla en todos los lugares en lucha. La autogestión, repitámoslo, no es una reivindicación opuesta a las ya decididas por el movimiento: se suma a ellas, las completa y refuerza la convergencia de las luchas, la esperanza de un éxito común. En un momento en que celebramos el 150 aniversario de la Comuna, debemos ser sus dignos herederos en los términos y condiciones de principios del siglo XXI.
Desde el Grand Théâtre de Tours ocupado, el 9 de abril de 2021 Descargar el artículo
Since March 4, 2021, and the occupation of the Théâtre de l'Odéon in Paris, a powerful movement of discontent and mobilization has taken hold of the cultural world. The fire had been smouldering for a long time and, in a few weeks, thousands of amateurs and professionals from the various performing arts professions, together with their audiences, followed suit, giving the revolt an unforeseen and unexpected scope. At the time of writing, nearly a hundred cultural venues are now occupied, 24 hours a day, throughout France and sometimes even abroad.
The main demands made by the movement are now well known: repeal of the unemployment insurance reform and cancellation of its debt, extension of the year off for intermittent workers, immediate reopening of cultural venues, creation of a plan to support employment and salaries for all, etc.
As essential to the world of culture as culture is to life, these demands are a response to the violence and negligence of the government, to their calamitous management of the health crisis and to the capitalist and neo-liberal policies they have been pursuing for decades. We must now take a new step: to imagine and invent another world of culture, another society.
Already active in the movement or ready to join it, more and more of us want to complete the current list of claims. With a strong word, symbol of a transformative, revolutionary future. We want self-governing. That is to say, the collective reappropriation of the work tool where all those (management, employees, temporary workers, spectators...) who contribute to the life of cultural venues have an equal share in all the decisionsthat concern them (employment, salaries or fees, daily financial management or investment, programming of shows...). This self-management already exists, in the form of islands, in many so-called "alternative" places and is invented every day in our occupations. It must now become "the alternative", enter the so-called "official" places, whatever they are and whatever money, public or private, they have. Because culture must be anything but a privilege, because everyone has a share in it and everyone has it in common, no cultural establishment must escape this democratic vitality, this overturning of the established order - or rather disorder... -.
It is in this way, through the self-governing perspective, that we will give the current movement its full meaning, making it the instrument of another world of culture and another society. It is in this way, by demanding to be full and equal actors-deciders of all cultural places, that we will begin to take back the power over our lives, our jobs, our working conditions and pay, and invent tomorrow new forms of organisation and financing of culture, new links with a wider public. This is also how we will free ourselves from commodity culture and show that self-management can be applied to so many other sectors that also aspire to break free from the rule of capitalism. Because we must put an end to the isolation of each individual and the subordination of all, and recreate the culture of the collective everywhere, self-governing must return to the forefront andirrigate the whole society.
We must therefore now take this self-governing claim to all the occupied places, submit it to the approval of the GAs that are taking place there, and propagate it in all the places in struggle. Self-governing, let's repeat, is not a demand opposed to those already decided by the movement: it adds to them, completes them and reinforces the convergence of struggles, the hope of common success. At a time when the 150th anniversary of the Commune de Paris is being celebrated, we must be its worthy heirs in the terms and conditions of the beginning of the 21st century.
Centro Indígena de Capacitación Integral (CIDECI-UniTierra Chiapas)
La idea generalizada que tenemos de la Universidad es la de un lugar en el que estudiar durante un tiempo y acabar consiguiendo un título que certifica el supuesto aprendizaje obtenido. La continua mercantilización de la enseñanza promovida por el sistema capitalista también nos lleva a pensar en la Universidad como un lugar excesivamente caro, al que solo algunos tienen la posibilidad de ingresar y en el que, finalmente, recibes un título que ya no te sirve para trabajar (y que, a veces, tampoco refleja los conocimientos adquiridos). Si pensamos en alguna facultad concreta acabamos pensando en un edificio grande, de hormigón gris, quizás adornado con un césped y formado por las últimas tecnologías (en lo que sea). A veces también pensamos en facultades que se caen a pedazos y aulas masificadas. Esto es exactamente lo que no quería el Doctor Raymundo Sánchez Barraza. El Centro Indígena de Capacitación Integral – Universidad de la Tierra (CIDECI-UniTierra) se plantea como todo lo contrario a esa concepción capitalista del aprendizaje que tan asumida tenemos. Por eso es imposible acercarse al proyecto (hoy realidad tangible) sin que se derrumben los esquemas aprehendidos. No se concibe entender el Sistema Indígena Intercultural de Aprendizaje sin la destrucción de lo establecido. Este proyecto comienza a andar en 1983, sin embargo, no es hasta 1989 que se define como autónomo. En ese año es auspiciado por el obispo de San Cristóbal de las Casas, Samuel Ruiz, conocido por su labor indigenista y de apoyo a los pueblos originarios del Estado de Chiapas. Y por ser obispo de la ciudad durante más de 40 años (hasta que el poder consiguió alejarlo de allí para que dejara de provocar fallas en el sistema). Coordinado en todo momento por Raymundo Sánchez Barraza, quién también regala su vida a la causa indigenista. En 1994 los ideales zapatistas se entroncan con los del CIDECI y no se entiende su filosofía sin ellos. Según su coordinador (quien suelta una carcajada al momento de dirigirnos a él como Rector) la denominación de Universidad es un acto de rebeldía, una respuesta a las burlas del sistema al referirse a ellos y al no considerar la capacitación que allí se recibe como un aprendizaje real. Y es que UniTierra ni es oficial ni busca el reconocimiento oficial, sino el de los pueblos y las comunidades indígenas. Indudablemente, ese ya lo tiene. Entonces “¿por qué no podemos tener el prestigio de las universidades?”, se pregunta Raymundo Sánchez.
Estructura y organización
Niños y niñas venidos de comunidades indígenas, a partir de los 12 años y con independencia de que sepan leer o escribir o de que conozcan el idioma castellano. Este es el perfil de los y las alumnas que ingresan al centro. No hay un número fijo de estudiantes en cada momento, ya que si lo normal es que se tomen cursos de (más o menos) 9 meses, jóvenes van y vienen según su disponibilidad. Pueden tomar 15 días de curso, un mes o varios años. Dependiendo de la distancia entre su comunidad y el centro, quienes allí estudian estarán internos o externos. Esto es, quienes vienen de comunidades más lejanas serán internos y harán uso de los albergues con los que cuenta el centro mientras que quienes residan en comunidades circundantes estarán externos, yendo y viniendo a sus cursos a diario. Así como el número de alumnos es variable en cada momento, lo que si se mantiene es la proporción de hombres y mujeres. Sobresalen los chicos sobre las chicas. En número, claro. También son constantes los y las estudiantes que desconocen el castellano al llegar a sus cursos. Las lenguas que predominan son el tzotsil, el tzeltal y el ch’ol; aunque son muchas más las que se cruzan en los talleres del CIDECI. Los profesores conocen esas lenguas, aunque no siempre hablan a los y las alumnas en su lengua materna, “porque si no nunca aprendemos” como dice uno de los chicos que allí desarrolla su actividad.
Los saberes que se imparten van desde cursos de tortillería y panadería (con los que se abastece el comedor en el que colaboran los y las estudiantes) hasta cursos de herrería, electricidad, carpintería y alfarería. Es gracias a la aplicación de estos aprendizajes que el centro es lo que es hoy en día, ya que ha sido totalmente construido por quienes allí estudian. Igual que la mantención del mismo. Un ejemplo, las cortinas se hacen en el taller de telares, y luego se cosen y preparan para su uso en el taller de corte y confección y luego, en el caso de que queramos que las cortinas lleven algún motivo dibujado este se hará en el taller de pintura. Así cualquier cosa que veamos en el vasto terreno del CIDECI habrá sido construida gracias a los saberes que allí se han transmitido. Todo esto sin dejar a un lado la música, mecanografía o computación, donde además se practica el arte de arreglar con las manos todos los instrumentos necesarios para estas actividades. Junto con estos saberes hay unas cuantas áreas de estudios como son: Derecho Autónomo, Arquitectura Vernácula, Agroecología, Hidrotopografía, Administración de Iniciativas y Proyectos comunitarios, Interculturalidad o Análisis de los Sistemas – Mundo. Al terminar su estancia en la UniTierra, los y las alumnas reciben apoyo en un proyecto para aplicar sus conocimientos en la comunidad de la que provienen. Así se les surte de conocimientos, asistencia y las herramientas necesarias para echar a andar sus ideas en sus comunidades. Unas ideas que luego repercutirán en sus compañeros más cercanos facilitándole o mejorándole sus vidas en comunidad ¿Cómo no considerarla Universidad, cuando quizás sea la más digna de todas?
Instalaciones y autonomía
La autonomía se respira en el aire de la Universidad de la Tierra. En el taller de zapatería se hacen los zapatos para los y las alumnas, el huerto ofrece las verduras que se cocinarán en el comedor, pero también las que sirven de alimento a los animales de la granja (conejos, borregos, ocas, cerdos, gallinas y pavos). Trabajar en el mantenimiento de estas instalaciones es la reciprocidad que ofrecen quienes allí estudian a cambio de la gratuidad lugar. Y a su vez, todo lo producido sirve para abastecer a las personas que allí residen. ¿Y la luz y el agua? Evidentemente, no vienen por parte del gobierno o de alguna institución oficial ya que lo único que se ha recibido por parte de estos ha sido un cruel hostigamiento. La CFE (Comisión Federal de Electricidad) ha merodeado por la zona de manera amenazante en busca de pagos. Eso se supera gracias a la instalación de generadores de electricidad. El agua que abastece a todos y que corre por el sistema de riego que hay instalado proviene de un profundo pozo cavado en sus terrenos. Autonomía total.
Cada jueves los y las estudiantes se reúnen aquí para tratar temas de actualidad, movimientos sociales o problemas que se planteen en sus comunidades.
Lejos de tener carencias, la Universidad de la Tierra se muestra como un paraíso. Las instalaciones y su integración en la naturaleza distan mucho de lo que podemos pensar de esta universidad sin zapatos, como se autodenomina. Además de las decenas de talleres (entendidos como lugar físico), del comedor y de las construcciones que guardan los generadores; son varias las salas para seminarios y aulas que se prestan a otros movimientos sociales. Una colorida capilla se presta a la realización del culto y un enorme auditorio se abre a grandes celebraciones y tiene siempre las puertas abiertas al EZLN, quien celebró en dicho auditorio la Clausura del Primer Festival de las Resistencias y las Rebeldías Contra el Capitalismo este pasado mes de enero.
Filosofía e inspiración
Además de inspirarse en el EZLN y el obispo Samuel Ruiz, este centro por y para indígenas se asienta sobre los principios de Imanuel Wallerstein y de Iván Illich. Del primero agarran su análisis sobre el capitalismo basado en conceptos como Sistema – Mundo. Es de Iván Illich de quien beben sus concepciones acerca de la enseñanza, el aprendizaje y la desescolarización. Se olvidan del tipo de enseñanza impuesto por el capitalismo al que hacíamos referencia al comienzo de este texto y priman el aprendizaje en relación con las personas. Cómo diría Illich en La sociedad desescolarizada:
Los profesores de habilidades se hacen escasos por la creencia en el valor de los títulos. La certificación es una manera de manipular el mercado y es concebible sólo para una mente escolarizada. La mayoría de los profesores de artes y oficios son menos diestros, tiene menor inventiva y son menos comunicativos que los mejores artesanos y maestros.
La instrucción libre y rutinaria es una blasfemia subversiva para el educador ortodoxo. Ella desliga la adquisición de destrezas de la educación ‘humana’, que la escuela empaca conjuntamente, y fomenta así el aprendizaje sin título o permiso no menos que la enseñanza sin título para fines imprevisibles.
Dos citas muy prácticas para entender la filosofía del CIDECI que se basa en tres principios inquebrantables: “aprender haciendo”, “aprender a aprender” y “aprender a ser más”. Estos principios ejercen de guía principal a la vez que sirven de bola de demolición contra lo ya impuesto en materia de educación por el sistema actual. Una red entretejida por y para los indígenas de la mano del “Doc” Raymundo. “Seguir haciendo, seguir formando sin perder de vista las directrices del EZLN y de los pueblos originarios”. Porque la Universidad de la Tierra es por y para ellos.
À l’approche de notre premier congrès à Marseille, les 22 et 23 novembre prochains, nous publions ci-dessous un article de Laure Ferrand qui, à travers le récit de sa propre expérience à l’Université de Tours, rejoint en conclusion le sujet de nos futures rencontres phocéennes : comment penser et construire une société du partage des savoirs, de tous, par tous et pour tous ?
La Rédaction du blog
Ah l’université ! Le lieu du savoir, de la transmission des connaissances, de la recherche, de la découverte et de personnels bien traités et rémunérés, voilà l’image du sens commun, celle que beaucoup de gens ont de cette institution. Or, il n’en est rien. Comme tous les milieux de travail et de vie aujourd’hui, elle est bien sûr touchée et concernée par les politiques destructrices du néolibéralisme, entre austérité et précarité, soumission à la concurrence et à la logique de marché, mise en concurrence de tous contre tous et considération de tous, étudiants comme enseignants-chercheurs, comme des consommateurs de cours pour les uns ou des marathoniens et sprinteurs à la course à l’excellence pour les autres.
Pour établir ce constat, je voudrais vous parler de ma propre expérience à l’université. Un peu de socioanalyse comme on appelle ça, ça ne fait pas de mal et puis finalement ce que l’on vit est toujours le reflet, l’expression de quelque chose de plus vaste, qui concerne la société dans son ensemble.
Je voudrais décrire une scène. Une scène qui se déroule à l’université de Tours. Une salle de cours au troisième étage des Tanneurs, une scène réunissant une trentaine d’étudiants en première année de sociologie et d’une professeure qui doit leur enseigner ce qu’est la sociologie et comment on en fait. Dans cette première description du décor, rien que du banal, mais si on creuse et qu’on s’intéresse aux uns et aux autres des protagonistes, la destruction de l’université s’y exprime avec force et même violence, parfois.
Les étudiants d’abord. Être étudiant à la fac n’est pas une aventure de tout repos. En première année, sur l’effectif de départ, généralement entre 35 et 40 étudiants par classe, n’en restera que la moitié. Un écrémage long et silencieux qui se fait tout au long de l’année. Derrière tout ça, ce sont des pénuries de bourse, des étudiants qui travaillent à côté de leurs études, une dégradation des conditions d’étude (ah oui, je ne vous ai pas dit à propos du décor, mais dans cette salle de cours, il fait froid, il y a peu de chauffage l’hiver), des universités surchargées qui deviennent en quelque sorte des voies de garage, des étudiants qui sont là parce qu’ils ne savaient pas quoi faire d’autre (comme ils disent), qu’ils ont mal été orientés, qu’ils voulaient faire autre chose. Bien sûr, il y aura ceux qui s’accrochent, qui se découvrent même une âme d’apprentis sociologues, mais pour combien de temps, et surtout combien sur tous ces étudiants ?
Et puis, il y a les effets de Parcoursup ! Bien sûr, APB n’était pas la panacée mais là on atteint des sommets. Valentine, 17 ans, est très discrète en cours. Toujours bien coiffée et maquillée, elle est toujours là, ne fait pas de bruit, pianote sur son téléphone et me regarde de temps en temps. Un jour, nous avons ensemble une longue discussion. Je lui demande ce qu’elle pense de la sociologie, de l’université, de son avenir professionnel et voici sa réponse exprimant la violence sociale et le mépris de classe dans lequel les jeunes se retrouvent plongés. Elle me dit qu’elle déteste la sociologie, qu’elle ne voulait pas faire cela et que c’était son dernier vœu sur Parcoursup. Elle, elle veut faire une école de publicité mais elle n’a pas pu y avoir accès. Alors, en accord avec sa mère, elles décident toutes deux de déjouer les pièges de Parcoursup et d’inscrire Valentine dans une école privée de publicité qui ne figure pas dans Parcoursup, comme cela elle ne risque pas d’être refoulée et de se retrouver dans cette satanée voie de garage. Elle vient d’un milieu modeste Valentine, mais bon, 7000 euros l’année d’école, c’est un sacrifice, elle fera un prêt à la banque. Aussi, l’école est à Paris là où les loyers sont hors de prix. Mais là aussi pas de souci, elle fera appel à une association mettant en relation les étudiants qui habiteront en colocation. Depuis, bien sûr, avec la fin de l’année, j’ai perdu Valentine de vue. Que devient-elle ? Que fait-elle ? A-t-elle intégré son école ? Y est-elle heureuse ?
Je dois le dire, ces situations qui se répètent d’année en année sont alarmantes et révoltantes. Car voici bien l’effet pervers de Parcoursup : tous les relégués du système scolaire, ceux qui viennent d’un milieu populaire, ceux qui n’ont pas d’argent, ceux qui ne maîtrisent pas les codes scolaires, ceux qui n’ont pas de stratégie préétablie finissent soit sans diplôme soit basculent vers le privé en contractant des dettes. Pas magnifique ça ?! Tu commences ta vie d’adulte avec la privatisation de la formation et de l’enseignement et en prime un petit prêt à la banque que tu mettras des années à rembourser.
Ensuite, il y a moi, la prof. Celle qui prise par la vocation de la sociologie avait décidé de pousser ses études jusqu’au bout et de devenir prof de fac. Des années de galère durant mon Doctorat. J’accumulais les petits boulots, je donnais des cours à la fac et à droite à gauche pour financer mes études. J’ai fait partie de cette armée des prolétaires du savoir, ces 50% des précaires de l’université qui composent aujourd’hui le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ces 50% qui gagnent deux francs et six sous, qui ne comptent pas leurs heures pour peut-être un jour devenir titulaire. Comme toutes ces petites mains qu’on appelle enseignant vacataire, chargé de cours, technicien de recherche, je trimais. 200 heures de cours sur l’année (donc plus qu’un enseignant titulaire), j’étais rémunérée 650 euros par mois. À cela ajoutons la course à l’excellence : publications, colloques, dossiers de candidatures à des postes (en sociologie, il y a un poste pour 300 candidatures). Bien sûr, tout cela n’invite pas à la solidarité et au partage entre pairs, mais plutôt à la compétition féroce, à la survalorisation de l’ego universitaire (d’ailleurs, ceux qui veulent devenir des profs de fac doivent écrire leur « ego histoire », ça en dit long sur l’état de l’identité collective de l’université et aussi sur ses capacités à se mobiliser). À cela, ajoutons de plus la logique de soumission aux appels à projet qui réduisent les chercheurs à des taches administratives qui prennent de plus en plus de temps sur l’activité première.
Cette situation de précarité a duré plusieurs années, 8 ans au total. Le tournant a été 2014, avec la mobilisation de précaires de l’université aux Tanneurs. Avec des copains, on avait décidé de faire grève pour dénoncer nos conditions matérielles de travail : payés tous les six mois, sans bureau, sans statut, sans cotisation chômage et retraite, tout ça pour les beaux yeux d’une institution qui exploite, « s’autonomise » au profit de quelques pôles d’excellence et au détriment de tous les autres.
Aujourd’hui, j’exerce mon métier de sociologue non pas à l’université mais dans une association qui dispose d’un petit laboratoire de recherche. Mais la logique est la même : appels d’offre, évaluation, restriction budgétaire, accumulation des démarches administratives. Bref, chercheur tu veux être, McGyver tu seras.
Alors, pour mettre fin au tout à l’ego des universitaires et au système clientéliste qui organise les recrutements, aux logiques de marché qui privatisent l’enseignement supérieur et la recherche, aux étudiants qui deviennent des ressources humaines, aux enseignants-chercheurs qui doivent aller toujours plus vite dans une logique de concurrence, aux précaires qui assurent la majorité des cours dans les universités, à la bureaucratie qui mange le cœur des métiers liés à la recherche, aux connaissances qui se marchandisent dans ce que l’on appelle le capitalisme de la connaissance, il est indispensable de revoir de fond en comble cette institution, qu’elle cesse de devenir une succursale du MEDEF et de Pôle Emploi, formant tour à tour les nouveaux employables de demain et les futurs chômeurs. Le savoir est une arme, ne le laissons pas aux mains des financiers, des bureaucrates et technocrates en tout genre. Soyons libres des forces de l’argent, de la concurrence, du capitalisme forcené qui exploite et aliène. Permettons à tous d’étudier dans des conditions correctes, donnons un vrai statut aux précaires et par là leur dignité, œuvrons pour que l’enseignement supérieur et la recherche soient un véritable service public au service de l’intérêt général. Car le savoir, comme l’eau, l’air, les transports, etc., est aussi un bien commun.
Invitée au colloque « Vers une politique des mondes (1) » , qui s’est tenu du 1er au 7 juin 2022 à Cerisy-la-Salle (50210), Patricia Pol y a animé un atelier permettant de poursuivre les réflexions menées avec Pierre Bitoun et plusieurs membres de l’IDST autour d’une société du partage des savoirs de tous, par tous et pour tous. Nous publions ses propos qui ont servi de point de départ à des discussions riches et animées menées dans la Laiterie de l’ancienne ferme du château, un lieu tout à fait propice pour penser une université révolutionnaire et sortir du capitalisme productiviste !