Pour en finir avec la précarité dans l’Enseignement supérieur et la Recherche

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Pour en finir avec la précarité dans l’Enseignement supérieur et la Recherche

Nous publions ci-dessous les résultats d’une enquête, menée en 2018 en France, sur les conditions de travail et de vie des précaires de l’ESR.
Ces résultats sont aussi édifiants que révoltants, intolérables ! Mais il faut aussi lire avec attention, en fin de billet, les 10 revendications portées par le collectif qui a mené l’enquête. Ces revendications sont autant de propositions alternatives au “tout marché” de l’ESR, auxquelles l’Internationale des Savoirs pour Tous apporte évidemment son plus fervent soutien.

La Rédaction du blog

INVENTAIRE DE LA PRECARITE
des enseignant·es et chercheur·es
dans l’enseignement supérieur et la recherche

Désengagement de l’État, autonomie budgétaire des universités, financement de la recherche sur projet… Quelles conséquences pour les doctorant·es et les docteur·es sans poste ? Le Collectif des travailleur·es précaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) fait l’inventaire de la précarité des enseignant·es et chercheur·es.

Quelles étaient les conditions d’emploi et de travail des doctorant·es et des docteur·es sans poste en 2018 ? Quelles sont les conséquences de la précarité sur la qualité de vie et la santé des personnels ? Les résultats de cet inventaire sont alarmants.

1021 réponses ont été recueillies via internet entre le 9 janvier et le 15 juin 2018. L’annonce de ce questionnaire avait été diffusée sur des listes professionnelles et syndicales. Les réponses proviennent de toute la France. Elles concernent principalement les sciences humaines et sociales et, secondairement, le droit et les sciences naturelles. Chaque réponse correspond à un emploi occupé sur la période 2014‐2018. Une même personne a pu signaler plusieurs emplois.

Le questionnaire comprenait 4 sections : caractéristiques de l'emploi, caractéristiques de l'employeur, conditions de travail et expériences de la précarité.

Les emplois signalés sont majoritairement des vacations d'enseignement (31 %), des contrats à durée déterminée (CDD) de recherche (27 %), des contrats doctoraux (16 %), des postes d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) (15 %) et des contrats d’enseignement qui ne sont plus encadrés au niveau national depuis la loi LRU de 2007 (7%).

Cet inventaire intervient dans un contexte de financement de la recherche par projet. Les principaux financeurs des contrats de recherche signalés sont l'Agence Nationale de la Recherche (29 %), l'Union Européenne (14 %), les établissements publics hors recherche (8 %), les universités, les ministères, les collectivités territoriales et les laboratoires de recherche (7 % chacun).

Un accès difficile à l'emploi, même lorsqu'il est précaire

Pour près de la moitié des emplois signalés, l’offre d’emploi n’a pas fait l’objet d’une diffusion publique. Les personnes ont alors pris connaissance de l’offre par le « bouche à oreille » (35 %) ou en étant directement contactées par l’employeur (11 %).

L’accès à l’emploi est particulièrement difficile pour les docteur·es sans poste qui ne remplissent plus les critères d’âge maximum pour les contrats postdoctoraux. Ils/elles doivent aussi justifier d’un emploi principal pour accéder aux vacations d’enseignement (imposé par la loi dans la fonction publique). Par ailleurs de plus en plus d’établissements imposent le statut d’auto- ‐entrepreneur en lieu et place d’un véritable contrat de travail.

Des fiches de postes incomplètes voire absentes

Une fiche de poste doit mentionner la durée du contrat, sa date de début, la rémunération et les missions. Celle- ‐ci est nécessaire à la bonne information des candidat·es sur l’emploi auquel ils et elles postulent. Or la moitié (46 %) des offres d’emploi recensées n’a pas fait l’objet d’une fiche de poste. Ce chiffre est particulièrement élevé pour les vacations d’enseignement (75 %) alors même que les missions confiées aux vacataires varient fortement d’une faculté à l’autre.

 

L’offre d'emploi a-t-elle fait l’objet d'une fiche de poste ?
  Oui Non NSP Total
Vacataire enseignement 6,1 74,8 19,1 100,0
Enseignant-e contractuel-le 44,3 44,3 11,4 100,0
Doctorant·e contractuel·le 22,6 48,2 29,3 100,0
Contractuel.le recherche 57,0 30,0 13,0 100,0
ATER 70,9 17,9 11,3 100,0
Vacation administrative 50,0 42,9 7,1 100,0

Champ : les 1021 emplois signalés dans le cadre de l’inventaire.
Source : Collectif des travailleur.es précaires de l'ESR, 2018.

Un emploi, plusieurs contrats

Seule la moitié des emplois signalés (52 %) ont fait l’objet d’un seul contrat. Les autres ont soit fait l’objet d’aucun contrat (8 %) soit d’au moins deux CDD (40 %). La moyenne pour un emploi de contractuel·le de recherche est de signer deux CDD. Un quart des emplois de contractuel·le de recherche signalés ont fait l’objet de trois CDD.

« Pour un postdoc de 12 mois, on m’a fait signer 4 contrats de 3 mois. »

Des salaires rabotés

Pour un même type de CDD, on observe de grandes disparités de rémunération d’un établissement à l’autre. S’agissant des contrats d’enseignant·e « LRU » (aussi appelés postes de « MCF contractuel·le »), les rémunérations pour les titulaires d’un doctorat varient de 820 à 1980 € pour 192 heures/an et de 1460 à 1980 € pour 384 heures/an. Concernant les contrats de recherche, la rémunération peut varier de 1500 à 2800 €.

Le rabotage de salaire touche aussi des contrats qui sont pourtant encadrés au niveau national. Les missions d’ensei- gnement dans le cadre du contrat doctoral sont remplacées par des vacations, moins rémunératrices, n’ouvrant pas de droits au chômage et sans cotisation pour la retraite. Les postes d’ATER de 12 mois sont réduits à 10, 8 ou 6 mois, ce qui réduit surtout le temps pour la recherche et les congés.

Il existe donc une marge de négociation du salaire et du temps de travail. Pour 14 % des contrats de recherche et 12 % des contrats d’enseignement le salaire a fait l’objet d’une négociation à la hausse avec l’employeur.

« On m’a mis la pression quand j’ai essayé de négocier mon salaire. On m’a fait comprendre que si les conditions ne me convenaient pas, on trouverait facilement quelqu’un d'autre. »

Lutter pour être payé·e

La rémunération des vacataires d’en- seignement nécessite de longs échanges avec des administrations elles- ‐mêmes précarisées. Les vacataires apprennent parfois en cours de semestre qu’ils/elles ne remplissent pas les critères pour être payé·es. En l’absence de mensualisation, la paye est souvent perçue plusieurs mois après le travail effectué. Cela génère des problèmes lors de l’actualisation mensuelle des heures travaillées auprès du Pôle Emploi et peut bloquer le versement des allocations.

« Les vacataires sont des bouche- ‐trous. On me sollicite chaque année deux semaines avant le début du semestre pour assurer un nouveau cours. On me fait comprendre que je ne suis pas en position de refuser si je veux continuer à avoir des heures. »

La pression des titulaires

Les enseignant·es- ‐chercheur·es titulaires se montrent parfois abusifs dans leurs pratiques d’encadrement des non- titulaires. Un quart des contractuel·les de recherche (24 %) et un tiers des vacataires d’enseignement (30 %) ont effectué durant leur mission des tâches qui n’étaient pas initialement prévues : heures supplémen- taires non- ‐rémunérées, surveillance d’examens, correction de copies, suivi de mémoires etc. Ces « extras » sont souvent présentés comme étant « bons pour le CV », alors qu’ils sont la condition renouvellement de contrat.

« Je suis vacataire d’enseignement et, selon mes calculs, ma rémunération est de 3 euros de l'heure réellement travaillée. Les photocopies sont à mes frais. Cerise sur le gâteau : je dois surveiller un amphi d'examen sans rémunération supplémentaire. Curieux quand on est soi- ‐disant payé à l'heure de présence ! »

Mettre de l’argent de sa poche

Un contrat sur deux implique des avances de frais. Un contrat sur trois implique des frais non pris en charge : titres de transport, outils de travail, dépenses liées à l’activité de recherche, etc.

Des infrastructures défaillantes

Souvent les enseignant·es et chercheur·es non- ‐titulaires n’ont pas accès à des infrastructures pourtant essentielles au bon exercice de leurs missions : les codes et les badges pour accéder aux locaux et aux salles de cours, une adresse e- ‐mail professionnelle, les cartes de bibliothèque et de cantine, un bureau pour travailler, un casier pour entreposer des copies, une photocopieuse pour préparer les supports de cours, un accès au parking ou aux installations sportives de l’établissement. À ces problèmes s’ajoutent les problèmes structurels de l’université : pannes de chauffage, insalubrité des locaux, pénurie de salles, matériel informatique défaillant...

L’élitisme ne protège pas de la précarité

La réduction des budgets de l’ESR ne suffit pas à expliquer la précarité. Les établissements les mieux dotés sont parfois ceux qui ont les pires pratiques en tant qu’employeurs. Plus de la moitié (53 %) des contrats conclus en tant qu’auto- entrepreneurs le sont au sein de « Grandes Écoles » de commerce ou d’ingénieur. Le non- ‐respect des conditions de rémunération initialement annoncées y est aussi plus courant dans les Grandes Écoles : 18 % contre 13 % à l’université et 10 % dans les Établissements publics à caractère scientifiques et technologique (EPST) type CNRS ou Inserm.

« Après 10 ans en tant qu’enseignante de langue dans une grande école, je n'ai jamais signé de contrat ni reçu de bulletin de paye ; je suis obligée de maintenir un statut d'auto- entrepreneure ; et je suis payée avec 2 mois de retard par rapport au travail effectué. »

Cumuler les emplois précaires

Les enseignant·es et chercheur·es non- titulaires complètent souvent leur emploi dans l’ESR par d’autres emplois précaires dans d’autres secteurs, comme les associations, les institutions culturel- les (gardien·ne de musée), l’éducation na- tionale (assistant·e d’éducation), les entre- prises (manutention, nettoyage) ou l’auto- entreprise (cours particuliers, travail du sexe).

Une vie en surmenage

Ces conditions d’emploi et de travail affectent la qualité de vie des personnels :

  • Déménagements fréquents
  • Temps de transport importants
  • Manque de temps pour soi et pour ses proches
  • Absence de protection sociale (ex : les vacations n’ouvrent pas de droit au chômage et à la retraite)
  • Instabilité, énervement, découragement

« Le surmenage est encouragé, c'est une règle tacite. On te dit de ne pas compter tes heures. Cela m'a mené à un épuisement physique et psychologique proche du burn- ‐out, dès ma deuxième année de thèse. »

Souffrir de problèmes de santé

En lien avec ces situations, les problèmes de santé les plus fréquemment cités sont :

  • Anxiété, fatigue chronique
  • Baisse de l’estime de soi
  • Détresse, solitude
  • Vertiges, baisses de tension
  • Dépendances (tabac, alcool, médicaments)
  • Maux de dos (blocages, contractures, lumbagos, névralgies)
  • Burn-out

« La précarité use mentalement et physiquement. Une partie de l'esprit est en permanence préoccupée par le devenir professionnel. »

S’endetter auprès de ses proches

La précarité conduit enfin à l’endettement. 46 % des répondant·es ont emprunté de l’argent au cours des quatre dernières années. Parmi elles et eux, 86 % ont emprunté de l’argent à des membres de leur famille (conjoint·es, parents, grands- parents, sœurs, frères, etc.), 16 % à la banque et 2 % à des services sociaux (fonds d’urgence des établissements, assurance maladie, assistance sociale).

« J'en ai marre d'être une petite junior à vie, à trente ans passés et après dix ans d'études ! »

Que faire contre la précarité ?

Nous interpellons la Ministre de l’ESR, les présidences d’établissement et les collègues enseignant·es et chercheur·es titulaires sur la base de la plateforme de revendications que nous avons adoptée le 29 mai 2016 lors de nos premières Rencontres Nationales :

1. Titularisation de tous les personnels travaillant sur des fonctions pérennes.

2. Création massive et financement public de contrats doctoraux et de postes d’enseignant·e- ‐chercheur·e titulaires.

3. Audit public sur l’état de la précarité dans l’ESR.

4. Mensualisation du paiement des vacations et respect du droit du travail.

5. Fin du travail gratuit et rémunération de tout travail effectué dans l’ESR.

6. Exonération des frais d’inscription pour tou·tes les doctorant·es en tant que travailleur·es de l’université.

7. Transparence dans l’attribution des postes et des financements.

8. Allongement de la durée de rattachement des docteur·es sans poste à leur laboratoire, avec accès aux locaux et aux financements au même titre que les titulaires.

9. Abrogation des critères de nationalité dans l’accès aux études, aux financements et aux postes.

10. Plan national de lutte contre les discriminations sexistes et racistes dans l’ESR.

https://precairesesr.fr
inventaire@precairesesr.fr

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Universidad de la Tierra : autonomía, saberes y rebeldías

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Universidad de la Tierra : autonomía, saberes y rebeldías

La idea generalizada que tenemos de la Universidad es la de un lugar en el que estudiar durante un tiempo y acabar consiguiendo un título que certifica el supuesto aprendizaje obtenido. La continua mercantilización de la enseñanza promovida por el sistema capitalista también nos lleva a pensar en la Universidad como un lugar excesivamente caro, al que solo algunos tienen la posibilidad de ingresar y en el que, finalmente, recibes un título que ya no te sirve para trabajar (y que, a veces, tampoco refleja los conocimientos adquiridos). Si pensamos en alguna facultad concreta acabamos pensando en un edificio grande, de hormigón gris, quizás adornado con un césped y formado por las últimas tecnologías (en lo que sea). A veces también pensamos en facultades que se caen a pedazos y aulas masificadas. Esto es exactamente lo que no quería el Doctor Raymundo Sánchez Barraza. El Centro Indígena de Capacitación Integral – Universidad de la Tierra (CIDECI-UniTierra) se plantea como todo lo contrario a esa concepción capitalista del aprendizaje que tan asumida tenemos. Por eso es imposible acercarse al proyecto (hoy realidad tangible) sin que se derrumben los esquemas aprehendidos. No se concibe entender el Sistema Indígena Intercultural de Aprendizaje sin la destrucción de lo establecido. Este proyecto comienza a andar en 1983, sin embargo, no es hasta 1989 que se define como autónomo. En ese año es auspiciado por el obispo de San Cristóbal de las Casas, Samuel Ruiz, conocido por su labor indigenista y de apoyo a los pueblos originarios del Estado de Chiapas. Y por ser obispo de la ciudad durante más de 40 años (hasta que el poder consiguió alejarlo de allí para que dejara de provocar fallas en el sistema). Coordinado en todo momento por Raymundo Sánchez Barraza, quién también regala su vida a la causa indigenista. En 1994 los ideales zapatistas se entroncan con los del CIDECI y no se entiende su filosofía sin ellos. Según su coordinador (quien suelta una carcajada al momento de dirigirnos a él como Rector) la denominación de Universidad es un acto de rebeldía, una respuesta a las burlas del sistema al referirse a ellos y al no considerar la capacitación que allí se recibe como un aprendizaje real. Y es que UniTierra ni es oficial ni busca el reconocimiento oficial, sino el de los pueblos y las comunidades indígenas. Indudablemente, ese ya lo tiene. Entonces “¿por qué no podemos tener el prestigio de las universidades?”, se pregunta Raymundo Sánchez.

Estructura y organización

Niños y niñas venidos de comunidades indígenas, a partir de los 12 años y con independencia de que sepan leer o escribir o de que conozcan el idioma castellano. Este es el perfil de los y las alumnas que ingresan al centro. No hay un número fijo de estudiantes en cada momento, ya que si lo normal es que se tomen cursos de (más o menos) 9 meses, jóvenes van y vienen según su disponibilidad. Pueden tomar 15 días de curso, un mes o varios años. Dependiendo de la distancia entre su comunidad y el centro, quienes allí estudian estarán internos o externos. Esto es, quienes vienen de comunidades más lejanas serán internos y harán uso de los albergues con los que cuenta el centro mientras que quienes residan en comunidades circundantes estarán externos, yendo y viniendo a sus cursos a diario. Así como el número de alumnos es variable en cada momento, lo que si se mantiene es la proporción de hombres y mujeres. Sobresalen los chicos sobre las chicas. En número, claro. También son constantes los y las estudiantes que desconocen el castellano al llegar a sus cursos. Las lenguas que predominan son el tzotsil, el tzeltal y el ch’ol; aunque son muchas más las que se cruzan en los talleres del CIDECI. Los profesores conocen esas lenguas, aunque no siempre hablan a los y las alumnas en su lengua materna, “porque si no nunca aprendemos” como dice uno de los chicos que allí desarrolla su actividad.

Los saberes que se imparten van desde cursos de tortillería y panadería (con los que se abastece el comedor en el que colaboran los y las estudiantes) hasta cursos de herrería, electricidad, carpintería y alfarería. Es gracias a la aplicación de estos aprendizajes que el centro es lo que es hoy en día, ya que ha sido totalmente construido por quienes allí estudian. Igual que la mantención del mismo. Un ejemplo, las cortinas se hacen en el taller de telares, y luego se cosen y preparan para su uso en el taller de corte y confección y luego, en el caso de que queramos que las cortinas lleven algún motivo dibujado este se hará en el taller de pintura. Así cualquier cosa que veamos en el vasto terreno del CIDECI habrá sido construida gracias a los saberes que allí se han transmitido. Todo esto sin dejar a un lado la música, mecanografía o computación, donde además se practica el arte de arreglar con las manos todos los instrumentos necesarios para estas actividades. Junto con estos saberes hay unas cuantas áreas de estudios como son: Derecho Autónomo, Arquitectura Vernácula, Agroecología, Hidrotopografía, Administración de Iniciativas y Proyectos comunitarios, Interculturalidad o Análisis de los Sistemas – Mundo. Al terminar su estancia en la UniTierra, los y las alumnas reciben apoyo en un proyecto para aplicar sus conocimientos en la comunidad de la que provienen. Así se les surte de conocimientos, asistencia y las herramientas necesarias para echar a andar sus ideas en sus comunidades. Unas ideas que luego repercutirán en sus compañeros más cercanos facilitándole o mejorándole sus vidas en comunidad ¿Cómo no considerarla Universidad, cuando quizás sea la más digna de todas?

Instalaciones y autonomía

La autonomía se respira en el aire de la Universidad de la Tierra. En el taller de zapatería se hacen los zapatos para los y las alumnas, el huerto ofrece las verduras que se cocinarán en el comedor, pero también las que sirven de alimento a los animales de la granja (conejos, borregos, ocas, cerdos, gallinas y pavos). Trabajar en el mantenimiento de estas instalaciones es la reciprocidad que ofrecen quienes allí estudian a cambio de la gratuidad lugar. Y a su vez, todo lo producido sirve para abastecer a las personas que allí residen. ¿Y la luz y el agua? Evidentemente, no vienen por parte del gobierno o de alguna institución oficial ya que lo único que se ha recibido por parte de estos ha sido un cruel hostigamiento. La CFE (Comisión Federal de Electricidad) ha merodeado por la zona de manera amenazante en busca de pagos. Eso se supera gracias a la instalación de generadores de electricidad. El agua que abastece a todos y que corre por el sistema de riego que hay instalado proviene de un profundo pozo cavado en sus terrenos. Autonomía total.


NewImageCada jueves los y las estudiantes se reúnen aquí para tratar temas de actualidad, movimientos sociales o problemas que se planteen en sus comunidades.

Lejos de tener carencias, la Universidad de la Tierra se muestra como un paraíso. Las instalaciones y su integración en la naturaleza distan mucho de lo que podemos pensar de esta universidad sin zapatos, como se autodenomina. Además de las decenas de talleres (entendidos como lugar físico), del comedor y de las construcciones que guardan los generadores; son varias las salas para seminarios y aulas que se prestan a otros movimientos sociales. Una colorida capilla se presta a la realización del culto y un enorme auditorio se abre a grandes celebraciones y tiene siempre las puertas abiertas al EZLN, quien celebró en dicho auditorio la Clausura del Primer Festival de las Resistencias y las Rebeldías Contra el Capitalismo este pasado mes de enero.

Filosofía e inspiración

Además de inspirarse en el EZLN y el obispo Samuel Ruiz, este centro por y para indígenas se asienta sobre los principios de Imanuel Wallerstein y de Iván Illich. Del primero agarran su análisis sobre el capitalismo basado en conceptos como Sistema – Mundo. Es de Iván Illich de quien beben sus concepciones acerca de la enseñanza, el aprendizaje y la desescolarización. Se olvidan del tipo de enseñanza impuesto por el capitalismo al que hacíamos referencia al comienzo de este texto y priman el aprendizaje en relación con las personas. Cómo diría Illich en La sociedad desescolarizada:

  • Los profesores de habilidades se hacen escasos por la creencia en el valor de los títulos. La certificación es una manera de manipular el mercado y es concebible sólo para una mente escolarizada. La mayoría de los profesores de artes y oficios son menos diestros, tiene menor inventiva y son menos comunicativos que los mejores artesanos y maestros.
  • La instrucción libre y rutinaria es una blasfemia subversiva para el educador ortodoxo. Ella desliga la adquisición de destrezas de la educación ‘humana’, que la escuela empaca conjuntamente, y fomenta así el aprendizaje sin título o permiso no menos que la enseñanza sin título para fines imprevisibles.

Dos citas muy prácticas para entender la filosofía del CIDECI que se basa en tres principios inquebrantables: “aprender haciendo”, “aprender a aprender” y “aprender a ser más”. Estos principios ejercen de guía principal a la vez que sirven de bola de demolición contra lo ya impuesto en materia de educación por el sistema actual. Una red entretejida por y para los indígenas de la mano del “Doc” Raymundo. “Seguir haciendo, seguir formando sin perder de vista las directrices del EZLN y de los pueblos originarios”. Porque la Universidad de la Tierra es por y para ellos.

Publicado en el blog
https://silviadistopia.wordpress.com/2015/03/05/autonomia-y-aprendizaje-en-cideci-unitierra/,
5 de marzo de 2015.

Para más información sobre los seminarios organizados por la Universidad de la
Tierra consulta las transmisiónes en vivo en el sitio:

http://seminarioscideci.org/
https://www.youtube.com/watch?v=XRzTfaieltA

Les Soulèvements de la Terre. Appel à reprendre les terres et à bloquer les industries qui les dévorent.

L’Internationale des Savoirs pour Tous se devait de signer et relayer cet appel du collectif « Les soulèvements de la Terre ». Tonique, radical, il a l’immense mérite de joindre deux imaginaires de la contestation – celui de l’auto-organisation zadiste, celui du renversement des institutions du capitalisme productiviste – et de prévoir toutes sortes de mobilisations aussi bien dans les campagnes que dans les villes. C’est probablement pour ces raisons qu’il rencontre d’ores et déjà un franc succès que vous pouvez, devez amplifier. Toutes les informations de contact sont au bas de l’appel et on retrouvera sur le site du collectif la liste des signatures, collectives ou individuelles, déjà enregistrées, ainsi que le détail pour participer aux « deux saisons » d’actions prévues. Que vous soyez membre ou non de l’IDST, n’hésitez pas non plus à relayer : il est grand temps que les universitaires, chercheurs, empêtrés dans l’ESR néolibéral, redescendent sur terre !

La Rédaction du blog

Grève scientifique et désobéissance académique : reprenons l’université !

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Voici une initiative de Rébellion scientifique, dans l’esprit comme dans la pratique si peu courante et pourtant si nécessaire que l’Internationale des Savoirs pour Tous (IDST) ne pouvait la rater. Du 4 au 9 avril, Rébellion scientifique appelle à une grande grève mondiale des universitaires et des scientifiques en exigeant des actions immédiates et radicales face à l’urgence climatique. Il appelle en même temps les étudiants à se saisir de cette campagne : « Reprenons l’université ! ». Vous pouvez rejoindre le collectif en signant leur texte reproduit ci-dessous et si vous souhaitez participer à l’une des actions d’avril, toutes les informations sont ici.

Nous sommes des scientifiques et des universitaires qui pensons que nous devons faire éclater la réalité et la gravité de l'urgence climatique et écologique en nous engageant dans une désobéissance civile non violente. Si les personnes les mieux placées pour comprendre ne se comportent pas comme s'il s'agissait d'une urgence, nous ne pouvons pas attendre du public qu'il en fasse autant. Certains pensent que le fait de paraître « alarmiste » est préjudiciable mais nous sommes terrifiés par ce que nous voyons, et nous pensons qu'il est à la fois vital et juste d'exprimer ouvertement nos craintes.

La taille des populations de mammifères, d'oiseaux, de poissons, d'amphibiens et de reptiles a connu une baisse moyenne alarmante de 68 % depuis 1970, ainsi qu'un effondrement apparent des populations de pollinisateurs. À ce rythme, les écosystèmes du monde entier s'effondreront bien avant la fin de la vie des générations actuelles, avec des conséquences catastrophiques pour l'humanité.

Les rétroactions auto-renforcées au sein du système climatique, dans lequel les climats plus chauds provoquent un réchauffement supplémentaire (par exemple, augmentation des feux de forêt, dégel du pergélisol, fonte des glaces) menacent de conduire la Terre de manière irréversible vers un état chaud et inhabitable. Ces effets sont observés des décennies plus tôt que prévu, conformément aux scénarios les plus pessimistes annoncés.

Des vagues de chaleur, des sécheresses et des catastrophes naturelles de plus en plus graves se produisent chaque année, tandis que le niveau des mers pourrait augmenter de plusieurs mètres au cours de ce siècle, déplaçant des centaines de millions de personnes vivant dans les zones côtières. Les scientifiques craignent de plus en plus que des phénomènes météorologiques extrêmes simultanés dans de grandes zones agricoles ne provoquent des pénuries alimentaires mondiales, déclenchant ainsi l'effondrement de la société. Par exemple, la sécheresse en Syrie (2011-2015) a détruit une grande partie de l'agriculture et du bétail du pays, poussant des millions de personnes à se réfugier dans les villes et déclenchant une guerre civile dont le monde est encore sous le choc. Nous sommes confrontés à une crise qui pourrait être des centaines de fois plus grave. Être informé, c'est être alarmé.

Les actions et les plans actuels sont nettement insuffisants, alors même que ces obligations ne sont pas respectées. Le taux de destruction de l'environnement suit de près la croissance économique, qui nous amène à extraire plus de ressources de la Terre qu'elles ne se régénèrent. Les gouvernements et les entreprises cherchent à augmenter la croissance et les profits, ce qui accélère inévitablement la destruction de la vie sur Terre.

  • Pour parvenir à la décarbonisation à l'échelle requise, il faut une décroissance économique, du moins à court terme. Cela n'implique pas nécessairement une réduction du niveau de vie.
  • Pour une transition juste, le coût de la décroissance doit être payé par les plus riches, qui ont énormément profité de l'ordre mondial destructeur actuel, alors que d'autres en ont subi les conséquences.
  • Une transition juste vers un système durable exige que la richesse des 1% soit utilisée pour le bénéfice commun.

Le moyen le plus efficace d'obtenir un changement systémique dans l'histoire moderne est la résistance civile non violente. Nous appelons les universitaires, les scientifiques et le public à nous rejoindre dans la désobéissance civile pour exiger une décarbonisation et une décroissance d'urgence, facilitées par la redistribution des richesses.

Here is an initiative of the collective Scientist Rebellion, in spirit and in practice so unusual but so necessary that the International of Knowledge for All (IKA) could not miss it. From April 4 to 9, Scientist Rebellion calls for the largest global scientific and academic strike in history, demanding immediate and radical action in the face of the Climate Emergency. Simultaneously, they propose the "Take Back the University" campaign to the student body. You can join the collective by signing the following text and if you want to participate to the April actions, all the information are here.

We are scientists and academics who believe we should expose the reality and severity of the climate and ecological emergency by engaging in non-violent civil disobedience. Unless those best placed to understand behave as if this is an emergency, we cannot expect the public to do so. Some believe that appearing “alarmist” is detrimental - but we are terrified by what we see, and believe it is both vital and right to express our fears openly.

The population sizes of mammals, birds, fish, amphibians and reptiles have seen an alarming average drop of 68% since 1970, along with an apparent collapse in the pollinator populations. At this rate, ecosystems around the world will collapse well within the lifespan of current generations, with catastrophic consequences for the humankind.

Self-reinforcing feedbacks within the climate system, in which hotter climates cause additional heating (e.g. increased forest fires, thawing permafrost, melting ice) threaten to drive the Earth irreversibly to a hot and uninhabitable state. These effects are being observed decades earlier than predicted, in line with the worst-case scenarios predicted.

Increasingly severe heatwaves, droughts and natural disasters are occurring year after year, while sea levels may rise by several meters this century, displacing hundreds of millions of people living in coastal areas. There is a growing fear amongst scientists that simultaneous extreme weather events in major agricultural areas could cause global food shortages, thus triggering societal collapse. For example, the drought in Syria (2011-2015) destroyed much of the country’s agriculture and livestock, driving millions into cities and sparking a civil war from which the world is still reeling. We face a crisis possibly hundreds of times more severe. To be informed is to be alarmed.

Current actions and plans are grossly inadequate, and even these obligations are not being met. The rate of environmental destruction closely tracks economic growth, which leads to us extracting more resources from Earth than are regenerated. Governments and corporations aim to increase growth and profits, inevitably accelerating the destruction of life on Earth.

  • To achieve decarbonization on the required scale demands economic degrowth, at least in the short term. This does not necessarily require a reduction in living standards.
  • For a just transition, the cost of degrowth must be paid for by the wealthiest, who have benefited enormously from the current destructive world order, while others have faced the consequences.
  • A just transition to a sustainable system requires the wealth from the 1% to be used for the common benefit.

The most effective means of achieving systemic change in modern history is through non-violent civil resistance. We call on academics, scientists and the public to join us in civil disobedience to demand emergency decarbonization and degrowth, facilitated by wealth redistribution.

He aquí una iniciativa del colectivo Rebelión científica, tan insólita en su espíritu como en su práctica y, sin embargo, tan necesaria que la Internacional del Saber para Todos (IDST) no podía faltar publicarla. Del 4 al 9 de abril, Rebelión científica convoca una gran huelga mundial de académicos y científicos, exigiendo una actuación inmediata y radical ante la emergencia climática. Al mismo tiempo, hace un llamamiento a los estudiantes para que aprovechen esta campaña: "¡Recuperemos la universidad!" Pueden unirse al colectivo firmando el texto reproducido a continuación y para organizar acciones en abril, pueden encontrar la información aquí.

Somos científicos y académicos que creemos que debemos exponer la realidad y la gravedad de la emergencia climática y ecológica mediante la desobediencia civil no violenta. A menos que quienes están mejor situados para entenderlo se comporten como si fuera una emergencia, no podemos esperar que el público lo haga. Algunos creen que parecer "alarmista" es perjudicial, pero nosotros estamos aterrorizados por lo que vemos, y creemos que es vital y correcto expresar nuestros temores abiertamente.

El tamaño de las poblaciones de mamíferos, aves, peces, anfibios y reptiles ha experimentado un alarmante descenso medio del 68% desde 1970, junto con un aparente colapso de las poblaciones de polinizadores. A este ritmo, los ecosistemas de todo el mundo se colapsarán durante la vida de las generaciones actuales, con consecuencias catastróficas para la humanidad.

Las retroalimentaciones que se refuerzan a sí mismas dentro del sistema climático, en el que los climas más cálidos provocan un calentamiento adicional (por ejemplo, aumento de los incendios forestales, descongelación del permafrost, derretimiento del hielo) amenazan con llevar a la Tierra a un estado irreversible de calor e inhabitabilidad. Estos efectos se están observando décadas antes de lo previsto, en consonancia con los peores escenarios pronosticados.

Olas de calor, sequías y catástrofes naturales cada vez más graves se suceden año tras año, mientras que el nivel del mar podría subir varios metros este siglo, desplazando a cientos de millones de personas que viven en zonas costeras. Los científicos temen cada vez más que la simultaneidad de fenómenos meteorológicos extremos en las principales zonas agrícolas pueda provocar una escasez de alimentos a nivel mundial, desencadenando así el colapso de la sociedad. Por ejemplo, la sequía en Siria (2011-2015) destruyó gran parte de la agricultura y la ganadería del país, empujando a millones de personas a las ciudades y desencadenando una guerra civil de la que el mundo todavía se está recuperando. Nosotros nos enfrentamos a una crisis posiblemente cientos de veces más grave. Estar informado es estar alarmado.

Las acciones y los planes actuales son sumamente inadecuados, e incluso estas obligaciones no se están cumpliendo. El ritmo de destrucción del medio ambiente sigue de cerca el crecimiento económico, que nos lleva a extraer de la Tierra más recursos de los que se regeneran. Los gobiernos y las empresas pretenden aumentar el crecimiento y los beneficios, acelerando inevitablemente la destrucción de la vida en la Tierra.

  • Lograr la descarbonización a la escala necesaria exige un decrecimiento económico, al menos a corto plazo. Esto no requiere necesariamente una reducción del nivel de vida.
  • Para una transición justa, el coste del decrecimiento debe ser pagado por los más ricos, que se han beneficiado enormemente del actual orden mundial destructivo, mientras que otros han afrontado las consecuencias.
  • Una transición justa hacia un sistema sostenible requiere que la riqueza del 1% se utilice para el beneficio común.

El medio más eficaz para lograr un cambio sistémico en la historia moderna es la resistencia civil no violenta. Hacemos un llamamiento a académicos, científicos y al público en general para que se unan a nosotros en la desobediencia civil para exigir una descarbonización y un decrecimiento de emergencia, facilitados por la redistribución de la riqueza.