Polytechnique : urgence écologique et sociale, trois promotions appellent à s’engager

Dans le sillage du « Manifeste des Désert’heureuses » et « Appel à déserter. Des agros qui bifurquent » récemment repris sur notre blog, nous vous invitons à prendre connaissance des discours prononcés fin juin par quelques jeunes diplômés de l’École polytechnique. Comment expliquer cette « déviance » d’une partie des futures « élites » ? Quelle en est la nouveauté, l’ampleur, la profondeur et jusqu’où peut-elle aller ? Changera-t-elle le cours de leurs vies ou des vies du plus grand nombre ? Sera-t-elle ou non récupérée, absorbée, neutralisée par le capitalisme productiviste et ses institutions ? Bien malin ou présomptueux qui prétendrait répondre avec assurance à ces questions et c’est là une raison de plus pour prendre le temps de les écouter, de les lire avec attention. De ligne en ligne ou entre les lignes…

La Rédaction du blog

Lors de nos cérémonies de remise des diplômes, les 24 et 25 juin, nous, des jeunes des promotions 2015, 2016 et 2017, avons prononcé des discours invitant nos camarades et alumnis à s’engager d’urgence pour stopper l’effondrement du vivant. Quatre discours d’une radicalité inédite dans l'histoire de l’institution, dont vous trouverez ici les retranscriptions.

Polytechnique : La technologie ne suffira pas - Urgence écologique et sociale - Promotion 2015

© Crédit vidéo : Direction de la communication de l'École polytechnique

Monsieur le Président, Mon Général, chers professeurs, chères familles, camarades,

C’est désormais un passage inévitable de ce type de cérémonie : le discours sur l’écologie. L'École a souhaité que les discours soient positifs, légers, axés sur l’engagement. Essayons.

La cérémonie de ce matin est un peu particulière. Entre notre départ du campus et aujourd’hui, il s’est passé 4 ans. 4 ans à chercher sa voie, se perdre, penser avoir trouvé, pour bifurquer à nouveau. 4 ans également de crises sociales, de pandémie, de guerre, et de signaux toujours plus nets des dérèglements climatiques en cours. 4 ans pour prendre conscience de tout cela, pour y réfléchir, et pour mûrir.

Aujourd’hui, nous ne voulons donc pas seulement répéter les messages du Manifeste étudiant pour un réveil écologique que nous avons signé il y a justement 4 ans. Aujourd’hui, nous voulons aussi profiter de ces retrouvailles retardées pour exprimer, avec un peu de recul, toute la gratitude que nous avons pour l’X, mais aussi évoquer certains questionnements auxquels l’école nous a moins bien préparés et que bon nombre d’entre nous se sont posés ces dernières années. Des doutes, des anxiétés, mais aussi des aspirations et des rêves. Et ce avec l’espoir que ces sentiments trouveront un écho grandissant entre ces murs et au-delà.

L’X offre la promesse de former des esprits analytiques et techniciens, qui feront partie des décideurs de demain. Mais des décideuses et décideurs d’un genre restreint, pour qui résonne encore la devise centenaire de l'École : “Pour la patrie, les sciences et la gloire”. Pour les autres, qui préféreraient peut-être œuvrer “pour l’humanité, le vivant ou l’avenir”, trouver sa voie après l’X est plus complexe. Il leur faut sortir des dogmes inculqués, aller à l’encontre des carrières dorées vers lesquelles familles, proches et société les poussent. Il leur faut se convaincre que non, leurs aspirations à se rendre utiles autrement ne font pas d’elles et d’eux des privilégiés ingrats ou manquant d’ambition.

Un nombre croissant d’entre nous ressentent une dissonance aiguë entre ce modèle de réussite matérialiste, et la conscience de ses impacts sociaux et environnementaux. Entre notre formation qui vise à perpétuer un monde sans fin, et le fait que notre extractivisme épuise toujours plus les ressources planétaires. Nous sommes un nombre croissant à vouloir écouter nos doutes et explorer des alternatives à un système devenu dysfonctionnel.

On nous répondra : « Vous êtes des ingénieurs plein d’idées, vous pourriez inventer de nouvelles technologies pour nous aider. » Mais ce biais technicien, nous devons l’éviter, cette tendance à croire qu’à chaque problème on peut associer une solution technique. Car non, l'essor de l'hydrogène vert, des batteries longue durée, des biocarburants ou de la capture carbone ne suffiront pas à nous éviter un réchauffement de 4°C et l’effondrement du vivant. Nous qui sommes câblés pour rationaliser, nous ne pouvons pas le nier : la planète ne peut plus encaisser la somme accumulée de nos pressions. Le constat est clair : nous devons réduire nos consommations matérielles, à commencer par les nôtres, celles des privilégiés. Nous devons radicalement changer nos modes de vie, de production et de consommation, nos façons de nous déplacer, de manger, de travailler, d'aménager le territoire, et même de vivre en société.

Mais une fois qu’on a dit ça, qu’est ce qu’on fait ? Comment ne pas se sentir impuissant lorsque le défi est de faire évoluer les habitudes de milliards d’êtres humains ? De déconstruire l’imaginaire d’une civilisation industrielle vieille de deux cents ans ?

Commençons peut-être par notre éducation. Dans nos couloirs infusent les idéaux d’innovation technologique, d’audace entrepreneuriale : à travers des cours d’économie qui postulent la croissance exogène, ou des cursus d’intelligence artificielle, totalement déconnectés des problématiques sociétales ; à travers aussi la présence, pourtant maintes fois pointée du doigt, d’intérêts industriels dans les conseils d’administration de nos institutions, et qui s'incarnent dans la présidence de notre école ; ou encore à travers des amphis obligatoires, où des anciens nous vantent leur brillante carrière et nous invitent à mettre nos compétences au service d’entreprises qui semblent souvent avoir perdu de vue le bien commun.

Tout cela, ce sont des choix. Les choix d'une institution qui désire nous faire réussir dans le système économique de nos aînés, mais peine en contrepartie à nous donner une vision des enjeux critiques de notre temps. Une institution qui voue une foi absolue à la science et à la technique, et en fait de nous les produits. Nous devenons des techniciennes et des techniciens hors sol, meilleurs alliés d’un modèle socio-économique dont les logiques seraient immuables.

Alors rappelons d'abord que non, les règles du jeu ne sont pas immuables. Les modèles économiques dont nous héritons, sont dépendants des manuels scolaires et des professeurs qui les perpétuent. Nous sommes en droit d'exiger que nos institutions, qui forment nos jeunes à penser le monde, mettent à jour leurs récits. Elles doivent s'en montrer capables ; c’est bien là que se jouent leur mission d’intérêt général, et la légitimité de leur gouvernance.

Il est impératif de débarrasser nos formations de leurs biais, pour offrir aux jeunes générations les outils et la créativité nécessaires pour changer le système. Mais ça n’est absolument pas suffisant. Le temps nous est compté, chaque dixième de degré compte. Nous nous adressons donc aussi à vous tous, diplômés cette année comme il y a trente ans.

Nous pouvons toutes et tous contribuer. Nous devons toutes et tous contribuer. Avoir pu profiter d’études supérieures payées, c’est une chance incroyable. Bénéficier aujourd’hui d’une certaine position économique et sociale, c’est aussi une chance incroyable. Une chance qui nous donne la possibilité, et même le devoir, de prendre le temps de réfléchir, de nous questionner. A quels bénéfices est-ce que j'emploie aujourd'hui ces privilèges ? Informons-nous, indignons-nous, sensibilisons, débattons, mobilisons. Dans nos vies professionnelles comme personnelles. Avec nos proches, avec nos collègues, avec de parfaits inconnus. En militant, en résistant. En changeant le système de l’intérieur ou en désertant. Engageons-nous. Pour redonner à l’environnement et à l’humain leur juste place dans nos pratiques ; pour redéfinir nos critères de succès et de prospérité ; pour créer de nouvelles formes d’organisation associatives, coopératives, participatives. Il y a partout des marges de manœuvre, partout des victoires bonnes à prendre, partout des idéaux à bâtir. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour mettre nos compétences
et notre sensibilité au service du bien commun.

Et si le découragement pointe, regardez autour de vous. Partout des gens s’éveillent, partout des gens s’engagent.

Pour l’humanité, le vivant, et l’avenir.

Polytechnique : Voies/voix d’X face à l’urgence écologique et sociale - Promotion 2016

© Crédit vidéo : Direction de la communication de l'École polytechnique

"Aujourd’hui, c’est la remise de nos diplômes ! La consécration de mon brillant parcours scolaire ! D’ici la retraite, 40 ans de carrière et de responsabilités ! Je vais réussir ma vie, être aimé, être beau, être intelligent, et puis surtout gagner de l’argent. Et puis peut-être que dans 30 ans, je serai dans ce même amphi, à la place de mes parents, à regarder la remise de diplômes de mes enfants…

- Pourtant, dans 30 ans, nous serons aussi en 2052. Les rapports du GIEC et de l’IPBES sont sans appel : nous devons résoudre en 30 ans le défi écologique. Un défi existentiel et civilisationnel dont l’enjeu est la possibilité même de soutenir la vie. Effondrement de la biodiversité, déstabilisation des écosystèmes et par ricochet de la société : migrations forcées, famines, guerres, jusqu’à la mort de millions de personnes. Avec tout ça, dans quel futur suis-je censé me projeter ?

Tu penses que tout ça n’aura aucun impact sur ta vie professionnelle ? En fait, avec tes projets de carrière tout faits, t’es un peu dans le déni non ? 

Le déni n’est plus une option. On ne parle pas d’un futur lointain et hypothétique, de « peut-être », de scénarios. On parle d’aujourd’hui. On parle de la famine à Madagascar, de la pollution en Chine, des méga incendies en Australie et au Canada, de la montée des eaux au Bangladesh, de la canicule mortelle en Inde et au Pakistan, de la déforestation en Amazonie, des inondations en Belgique et en Allemagne, de la fonte des glaciers et de températures records à nouveau en France cet été. Tout cela se passe aujourd’hui. La crise écologique est déjà bien installée. L’effondrement de la vie est déjà en cours ; y compris celui de la vie humaine. 

- Car la crise écologique n’est pas qu’environnementale, elle est aussi sociale. Notre système actuel, capitaliste et de surconsommation, celui-là même qui est responsable des dérèglements environnementaux, est aussi responsable d’inégalités inacceptables. Ces inégalités, entre pays, et entre classes sociales dans chaque pays, ne vont aller qu’en s’amplifiant à cause de la crise écologique : les plus pauvres, par manque de moyens pour s'adapter, sont les plus exposés au dérèglement climatique, et en sont aussi les moins responsables. Il paraît inimaginable que les efforts de sobriété qui seront nécessaires pour tenter d’endiguer la crise environnementale soient portés par ceux qui, en France aussi, ont déjà du mal à finir les fins de mois. Par ceux pour qui davantage de “sobriété” signifie une perte de confort intolérable. Malgré les multiples appels de la communauté scientifique, malgré les changements irréversibles d’ores-et-déjà observés à travers le monde, nos sociétés continuent leur trajectoire vers une catastrophe environnementale et humaine.

- Et moi dans tout ça, je fais quoi ? On m’a dit que la société avait investi en moi, avait investi dans ma formation à l'École, pour que je mette mes connaissances et mes compétences au service du bien commun. On m’a dit qu’en tant que future élite de la France, j’allais être amené.e à exercer des postes dits “de haut niveau”. Et on m’a dit que c’était bien, parce que j’aurais ainsi l’opportunité de me faire entendre, de changer les choses rapidement, en imposant des décisions que je trouve vertueuses et éclairées. Et que finalement, j’aurais beaucoup d’impact. Est-ce que c’est vrai tout ça ? Je ne sais pas. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’en étant à un poste “de haut niveau”, mon potentiel de nuisance environnementale sera bien plus élevé que la moyenne. Et je dois dire que certains de nos anciens l’ont illustré et l’illustrent encore aujourd’hui.

- Nous ne pouvons pas ignorer l’urgence écologique et sociale, et moins encore la responsabilité que nous pouvons avoir dans son aggravation, comme dans les réponses à y apporter. Alors saisissons cette responsabilité, maintenant. Ce sombre tableau n’est pas une fatalité.

- OK. Alors, que faire de ces 40 prochaines années ? Faut-il sauter le plus vite possible hors du wagon 1ère classe pour ne pas dérailler ? Pour changer de cap, quels autres rêves que ceux de mes parents puis-je construire ?

- Aujourd’hui, il est urgent d’accepter d’ébranler toutes les certitudes qui ont pu nous animer jusqu’à présent. Il est urgent d’entamer un virage radical, de sortir des rails sur lesquels nous installent insidieusement notre diplôme et notre réseau. Il est urgent de renoncer à notre petit confort, un confort certes rassurant, mais délétère. Car résoudre des problèmes à la marge sans jamais remettre en cause les postulats de base du système dans lequel nous vivons ne suffira plus. 

Aussi devons-nous questionner les mots que nous utilisons pour leur redonner du sens : le flou artistique de ces indicateurs de “soutenabilité” ne devrait-il pas me faire suspecter une certaine malhonnêteté intellectuelle ? Le mot "transition écologique" est-il utilisé comme une expression à la mode galvaudée ou comme un vrai concept porteur de changement ? Perdons cette illusion : on ne négocie pas avec les limites planétaires, même à renfort d’entourloupes sémantiques ou de greenwashing. 

Il est plus que crucial d’élargir nos champs de vision, d'élargir nos champs d’écoute, de regarder le mur dans lequel nous fonçons, et de réfléchir aux trajectoires que nous pouvons prendre pour l'éviter. Il est plus que crucial de critiquer, dénoncer, d'oser s'opposer, de comprendre les blocages qui nous ont jusqu’à maintenant empêchés d’atteindre le niveau d’ambition nécessaire face à l’urgence écologique. Ces blocages sont d’ordre organisationnel, structurel, systémique : l’incapacité des banques à financer la transition est-elle simplement le résultat de quelques mauvais indicateurs ou révèle-t-elle au contraire l'incompatibilité fondamentale entre nos objectifs climatiques et la recherche constante de rendement, de rentabilité ? Ces blocages, enfin, sont aussi personnels, et c’est aussi sur ces biais que nous devons essayer de mettre le doigt.

- Notre formation nous permet d’aborder la situation avec un regard scientifique et critique. Mais elle favorise deux biais majeurs dont nous devons prendre conscience. Le premier est lié à notre posture d’ingénieurs, qui nous pousse à vouloir trouver à tout prix des solutions techniques aux problèmes. La technologie à elle seule, que cela soit bien clair, ne nous sauvera pas. Et rien ne nous garantit que son utilisation ne nuira pas. Pour relever ce défi systémique, remettons de l’humain et du vivant dans le champ trop longtemps aseptisé des sciences techniques. Ouvrons-nous à d’autres disciplines, comme les sciences sociales, les sciences politiques, l’histoire et la philosophie mais aussi des savoir-faire dont notre génération est la première à ne pas avoir hérité du tout, en maraîchage, mécanique, construction, soin aux autres, toutes ces choses qui salissent les mains en construisant et réparant plutôt qu’en détruisant et aliénant. 

Le second biais est que cette formation élitiste a pu nous laisser croire que parce que nous avions réussi un des concours d’ingénieur les plus difficiles, nous serions les plus intelligents, les plus capables, les plus à même de résoudre tous les problèmes qui se présenteraient à nous, nous coupant du même coup de la réalité sociale de notre pays. 

Redescendons sur terre. Taisons-nous, deux minutes, pour une fois, et écoutons. Écoutons véritablement. Les problématiques que nous considérons essentielles, sont-elles celles auxquelles est confrontée quotidiennement la majeure partie de la population française? Les solutions que nous proposons, et que nous pensons bonnes, ont-elles du sens, sont-elles vraiment justes pour toutes et tous?

Repartons du “terrain”, soyons à l’écoute des femmes et des hommes qui nous entourent, et qui ont beaucoup plus à nous apprendre que ce que nos prédécesseurs ont bien voulu entendre d’elles et eux. Si leur voix n’est pas audible dans le débat public, contribuons aussi à la faire entendre, pour que la démocratie reste saine et vivante. Les réponses à l’urgence environnementale et sociale seront citoyennes ou ne seront pas.

- Alors, concrètement, face à l’urgence écologique, que pouvons-nous faire ? Déserter, comme l’ont proposé des camarades d’Agro, ou agir de l’intérieur ? 

- Certaines et certains d’entre nous ont choisi la recherche, fondamentale ou appliquée, pour que les trajectoires techniques et sociales se basent sur les meilleures connaissances.

- D’autres servent la puissance publique, ou s’engagent en politique, en espérant impulser et mettre en œuvre des politiques publiques à la hauteur des enjeux.

- D’autres encore ont créé ou rejoint des startups pour passer à l’échelle des solutions techniques, parce qu’il y en a et, malgré la vigilance qu'il faut avoir à leur propos, elles seront utiles. 

- D’autres ont rejoint de grandes entreprises, convaincus qu’il faut les infiltrer pour inscrire la lutte pour l’urgence écologique au cœur de leur stratégie. 

- Certains ont choisi les think tanks. 

- D’autres ont pris des engagements associatifs, personnels, ont rejoint des groupes de réflexion radicaux. 

- Certains, enfin, se sont engagés dans des parcours de rupture, en choisissant de renverser la table et d’aller explorer de nouveaux horizons. 

- Dans toutes ces voies, la remise en question constante est absolument nécessaire. Nous n’avons plus le temps de nous donner bonne conscience, ni de nous voiler la face. Nous n’avons plus le temps de choisir des voies de non action. Nous n’avons surtout plus du tout le temps de contribuer à l’aggravation de la situation.

- En parallèle de nos engagements professionnels ou associatifs, nous pouvons montrer l’exemple en adoptant un mode de vie plus sobre, compatible avec le respect des limites planétaires et le faible budget carbone qu’il nous reste à émettre. Cela requiert de changer véritablement nos habitudes : voyager autrement, en limitant drastiquement l’avion ; manger autrement, en arrêtant la viande à tous les repas ; se loger autrement, dans moins de mètres carrés… Cette vie plus sobre, ce n‘est pas une vie plus triste ! Au contraire : c’est un retour les pieds sur terre, une opportunité pour ne plus confondre surconsommation et bonheur, multiplicité de choix et liberté. Une opportunité pour renforcer nos relations aux autres, et substituer au capital économique et financier la richesse des liens humains. 

- Nous sommes déterminés, mais nous ne pouvons pas agir seuls : nous ne pourrons relever ce défi qu’avec l’implication active des décideurs et décideuses économiques et politiques, dont une partie est issue de cette école. Alumnis polytechniciens et polytechniciennes, nous nous tournons vers vous. Faites véritablement vôtre cette posture de doute et de remise en question. Cette responsabilité est aussi la votre. Rappelez-vous-en : notre objectif doit être de servir l’intérêt général.

- Alors, que va-t-on faire de ces 40 prochaines années ? Nous voulons partager avec vous notre envie de rêver à quelque chose de nouveau. On ne résoudra pas le défi écologique par le déni ou l’inaction. 

Ayons ensemble le courage d’oser. Osons questionner le paradigme actuel, sortir des sentiers battus, osons transformer les modèles et imaginer de nouveaux futurs, osons construire un avenir différent de celui qui semble tout tracé aujourd’hui. Un avenir soutenable, un avenir juste, un avenir heureux. La société que nous voulons n’est pas une société plus dure, plus triste, de privation subie ; c’est une société plus sereine, plus agréable, de ralentissement choisi.

Même si la tâche ne sera pas aisée, c’est une perspective profondément enthousiasmante. Une perspective qui nous donne aujourd’hui envie d’essayer, d’essayer de réfléchir avec un esprit scientifique ouvert et de co-construire avec détermination, toujours dans une recherche profonde et vraie d’humilité et d’écoute. Cher.e.s camarades, engageons-nous pleinement, devenons ensemble les polytechniciennes et polytechniciens acteurs et actrices d’un futur soutenable, et surtout, d’un futur désirable. Et engageons-nous maintenant ! Car il est déjà si tard… "

Polytechnique : Mobilisation collective pour une urgence écologique et sociale - Promotion 2017

© Crédit vidéo : Direction de la communication de l'École polytechnique

Chers parents, chers camarades, chers amis,

Pour nombre d’entre nous, les années à l’X et celles qui ont suivi ont été accompagnées de questionnements, de prises de conscience ou d’engagement nouveaux. C’est pourquoi aujourd’hui nous tentons avec nos mots de porter une voix qui est issue de nombreux échanges avec nos camarades, que nous remercions du fond du cœur pour leur disponibilité jusqu’à la, traditionnelle, dernière minute.

L’X c’est une bulle. Un jeu de rôle grandeur nature où plus t’as de pulls d’asso plus t’as de points. On parle peu de ce qu’il se passe dehors, après tout, c’est normal ! le RER B c’est le bout du monde.

Aujourd’hui nous quittons notre bulle, où l’on organisait des comédies musicales à 200, où le réseau internet était géré par les élèves, où l’argent était rarement un sujet, pour débarquer en 2022, en France, dans un monde pétri d’inégalités croissantes et d’injustices face à une urgence climatique sans précédents.

Parce que c’est notre remise des diplômes, il aurait été tentant, plaisant même de tailler le bout de gras sur nos bons et mauvais souvenirs du plateau. Il y en a des choses à dire, sur cette vie de campus !

D’abord, des choses très positives : une formation académique riche et variée, de nombreux professeurs et encadrants, une vie associative foisonnante et des valeurs issues du cadre militaire qui modèlent la vie à l'X. J’ai nommé : la cohésion et le devoir d’exemplarité.

Ensuite, des choses très paradoxales : on nous a enseigné les théories économiques néolibérales, tout comme la physique du climat. On nous a forcé au silence lorsque l’image de l’Ecole était en jeu tout en nous encourageant à nous engager. On nous a bombardé de présentations de cabinets de conseils tout en nous vantant le service de l’État.

Et enfin, des choses clairement améliorables : le manque de diversité sociale, le rapport au genre et à la sexualité, pire, l’omerta sur les agressions diverses qui ont lieu sur ce campus. Aujourd’hui, alors que nous quittons notre école, nous souhaitons faire un pas en avant, et pas seulement regarder vers l’arrière.

Là, parents comme élèves, vous nous regardez tous du fond de vos chaises en vous disant, « comme d’habitude, un discours culpabilisant, avec les mêmes rengaines contradictoires qu’on entend tout le temps :

- Cesse de manger de la viande rouge

- Ne prends plus l'avion

- Ni la voiture

- Achète tes fringues sur Vinted

- Mais Vinted, ça encourage la surconsommation

- Bref... »

Et vous auriez raison, la réponse ne réside pas uniquement dans les comportements individuels. Plus encore, la question écologique ne peut être dissociée de la question sociale.

Pourtant, les partisans d’une croissance verte effrénée s’échinent à nous faire croire que la marche du monde est un problème d’optimisation solvable par des technocrates dans une tour de verre.

Aujourd’hui nous recevons un diplôme chargé d’Histoire, qui nous assure une légitimité à vie dans le monde professionnel et ce, qu’on le veuille ou non, qu’on le mérite ou non. Il nous sera toujours plus facile d'obtenir un prêt d’une banque, de gagner un revenu plus que décent, d’avoir le travail que l'on souhaite, voire qu’il soit épanouissant. Nous avons la chance d’être libre de choisir notre voie.

En tous cas plus que d’autres qui n’ont pas eu nos privilèges, qui ne sont pas nés aux mêmes endroits. Comme certains, je suis née à Paris, comme d’autres j’ai été à Louis le Grand, comme nous tous, j’ai intégré Polytechnique. J’ai pris des raccourcis, pendant que l’on répétait à d’autres qu’il suffit de le vouloir, de travailler plus dur, pour le mériter vraiment.

En partant de ces constats, nous pensons toutes les deux, avec bien d’autres, qu’il est essentiel de commencer par se poser les bonnes questions. Peut-être, d’abord, s’inspirer de nos grands anciens, ce fameux Vaneau, par exemple, qu’on a érigé en figure emblématique de l’École en omettant trop souvent qu’il se battait contre l’ordre établi et pour une société dont il rêvait.

Surtout, ensuite, se regarder dans un miroir, dans le blanc des yeux et se demander si nous essayons vraiment de porter dans le monde réel ces valeurs que l’on brandissait à l’X, d’exemplarité et de cohésion, ou si nous cédons à la facilité d’un quotidien sans problème et aux sirènes d’une société individualiste où le moi est roi. Parents, nous sommes persuadées que vous aussi avez un miroir chez vous.*

Nous ne désirons absolument pas prôner un chemin plutôt qu’un autre, car nous sommes persuadées que le meilleur moyen d'engager un combat c’est de choisir ses armes. Pour augmenter sa puissance d’agir, disait Spinoza, il faut trouver sa joie.

Alors disons non, révoltons-nous, partons si nous pensons devoir partir, battons-nous si nous pensons devoir nous battre. Encore une fois, n’oublions pas la légitimité apportée par notre diplôme, n'oublions pas que nous pouvons l’utiliser pour faire bouger les lignes. La jeunesse, dont les X, a déjà commencé un combat en signant massivement le manifeste pour un réveil écologique par exemple.

Au sein de la promotion s’ajoutent beaucoup d’autres initiatives personnelles :

- Coller des affiches féministes

- Écrire sur la démocratie

- S’engager chez Extinction Rébellion

- Passer 6 mois dans un camp de réfugiés

- Se spécialiser dans les énergies renouvelables, ou en politiques de l’environnement.

En bref, il n’y a vraiment pas besoin d’être exemplaire pour se lancer. Mais il faut commencer quelque part, toujours se remettre en question et surtout garder à l’esprit qu’à la fin, c’est la société tout entière qu’il faut repenser.

Aujourd’hui nous tous disons au revoir à ces murs et à cette école qui nous a fait grandir de multiples façons. Alors ce soir on veut se demander pourquoi et pour quoi.

Ces questions on ira les poser demain, dans les entreprises, ou sur les chemins de traverse qu’il nous reste à défricher. On les portera en étendard face aux froides analyses coût/bénéfice, face aux chiffres qui remplacent l'humain, face au cynisme de ceux qui préfèrent foncer dans le mur.

On pensera à nos lointains et plus seulement à nos prochains. On changera nos métiers d’ingénieurs pour ne plus les dresser contre la vie mais plutôt apprendre d’elle. On fera au mieux pour vivre de nos valeurs, de nos amitiés, d’art et de fête. De nos questions et de nos luttes aussi.

On s’engagera pour construire un monde dans lequel on peut continuer tous les soirs à s’opposer sur le sens de la vie, en ayant les moyens d’en parler tous ensemble.


*Phrase non prononcée à l’oral car faisant partie d’une ancienne version, mais nous souhaitons garder cette idée que notre génération n’est ni la seule concernée, ni la seule à pouvoir faire quelque chose, notamment au vu des positions actuellement occupées par les personnes de la génération de nos parents par rapport aux nôtres.

Polytechnique : Témoignage de Benoit Halgand, engagé face à l’urgence écologique - Promotion 2017

© Crédit vidéo : Direction de la communication de l'École polytechnique

Chers camarades,

Ceux qui me connaissent le savent : j’ai une conscience aiguë de la crise écologique en cours, je constate avec gravité l’effondrement massif du vivant, nos incapacités structurelles à faire face au péril climatique, ainsi que les vives tensions traversant nos sociétés. Ceux qui me connaissent le savent aussi : je ne capitule pas face à notre avenir que l’on peut juger effrayant, mais je m’engage ardemment pour tenter de le préserver.

Vous l’aurez compris, je vais vous parler ce soir des choix que j’ai posés pour agir face à ces bouleversement planétaires. Ce témoignage fait suite à plusieurs prises de parole qui ont eu lieu sur ce thème pendant la soirée. Cela peut vous sembler une redite. Je vais parler de moi, beaucoup d’autres camarades auraient pu exposer leurs choix. Mais on ne pouvait tout de même pas finir sur ce thème par ces belles paroles de Monsieur Pouyanné. J’en profite d’ailleurs pour le remercier de nous avoir permis de lutter et d’avoir fini par abdiquer.

Ces mobilisations collectives ne datent pas d’hier. Quelques mois après notre arrivée sur le campus, dès 2018, nous étions plus de 200 de notre promotion à signer le Manifeste étudiant pour un réveil écologique. Dans ce texte, nous affirmions notre refus de participer aux destructions sociales et environnementales en cours et notre détermination à changer un système économique en lequel nous ne croyons plus.

J’ai pour ma part fait le choix de rejoindre le collectif à l’origine de ce manifeste. J’ai décidé de profiter mes années d’études pour faire de cette lutte une priorité. Avec d’autres camarades, nous avons eu l’occasion de porter ce message auprès de nombreux décideurs économiques, dirigeants d’entreprises ou cadre supérieur. Un certain nombre était d’ailleurs issu des rangs de notre école. J’ai longtemps été habité par de la colère ou du dépit après ces échanges, constatant l’insouciance de ces personnes et le décalage important entre leurs promesses et leurs actes.

J’éprouve aujourd’hui davantage de la compassion pour cette génération aux manettes. J’ai rencontré des personnes stressées, déconnectées de la réalité, et des personnes qui sont en train de réaliser, plus ou moins consciemment, qu’elles se sont trompées. Que le modèle de réussite qui était le leur, leur belle carrière, leur salaire vertigineux, leurs nombreux biens matériels et leurs vacances à l’autre bout du globe, sont aujourd’hui mis en accusation par la crise écologique. Alors qu’ils cochent tous les codes de réussite de la société croissanciste, productiviste et consumériste dans laquelle ils ont évolué, ils n’ont d’autre choix que de faire face aujourd’hui à la fin de ce monde. 

Arrivant à la fin de mes études, j’aurais très bien pu rejoindre ce monde capitaliste que j’avais eu l’occasion de côtoyer. J’aurais pu sans difficulté accepter un poste qui me donnerait accès à tous les privilèges du polytechnicien : l’argent, le pouvoir, le prestige… J’aurais pu croire à ces promesses de RSE et de croissance verte. J’aurais pu croire que j’allais changer les choses de l’intérieur… avant que ce ne soit le système qui change mon intérieur. Je souhaite bon courage à ceux qui tentent cette voie, mais personnellement, je ne souhaitais pas, je ne souhaite pas faire ce choix et être un pion utile du système. 

J’ai donc décidé de vivre une année où je pourrais mettre en acte mes convictions écologiques, de manière concrète. J’ai choisi de ralentir, prendre du recul sur ce monde et sur mon futur, méditer, contempler, réfléchir. Je suis parti m’installer dans une abbaye pour suivre une année de formation théologique. Et je suis très heureux d’avoir pris ce temps d’arrêt.

Je sors de cette année plus convaincu que jamais qu’il va nous falloir innover. Non pas à la manière des greentech ou d’autres technologies que le capitalisme et ses startups qualifient de vertes, mais innover dans notre manière de vivre. Nous allons devoir quitter nos fantasmes sur la technique comme unique et magique source de notre salut face aux périls écologiques. Pour au contraire oser construire un nouveau mode de vie autour de nous. Sortir de cet individualisme, de ce consumérisme, de cette course au toujours plus, pour oser le partage, la sobriété, la lenteur.

Je suis sorti de cette année convaincu que si nous voulons changer les choses, nous ne pouvons pas nous permettre de rester entre nous, diplômés de grandes écoles, avec notre vision de technocrates que nous voulons imposer à la population. Nous vivons dans une bulle. 20% des adultes en France ont un diplôme supérieur à un BAC+2. Quelle est la part des diplômés dans notre entourage ? 95% ? 99% ? Je ne souhaite plus faire partie de cet entre-soi. 

Je crois enfin que nous allons devoir sortir de la voie du rationalisme exacerbé dans laquelle nous excellons. Nous ne pourrons pas appréhender correctement les transformations à venir si nous restons au stade des idées, si nous voyons le monde à travers des chiffres et des rapports. Nous devons incarner ces changements et écouter notre cœur. Nous devons suivre ce qu’on a dans les tripes, explorer des chemins spirituels et accueillir nos émotions. Exprimer nos peurs, nos doutes, nos désespoirs. Lutter dans la joie et dans l’espérance.

Pour toutes ces raisons, j’ai décidé que je quitterai ces mégapoles mondialisées où l’individualisme et l’indifférence côtoient pauvreté et pollution, pour m’installer dans un territoire à taille humaine. J’ai le projet de vivre dans un collectif engagé auprès des délaissés du système, des personnes exilées, des personnes en situation de handicap ou des personnes âgées. Nous tenterons d’expérimenter le partage et la sobriété, l’accueil et la relation. En parallèle de notre vie ensemble, on pourrait garder notre engagement dans la société. Nous nous investirons dans des associations, les services publics et l’économie locale. Certains feront de la recherche, d’autres de la politique ou encore de l’agriculture. 

Cela demandera quelques sacrifices mais je suis persuadé que cette vie nous rendra plus heureux, et qu’elle nous permettra de nous engager en cohérence, en bâtissant la société de demain. Quand on ose poser un regard lucide sur le péril climatique et la fracture sociale en cours, on ne peut que prendre des risques. Le pire serait de continuer comme si de rien n’était.

Première publication le 28 juin 2022 sur :
https://blogs.mediapart.fr/diplomes-polytechnique-ecologie/blog/280622/polytechnique-urgence-ecologique-et-sociale-trois-promotions-appellent-s-engage?utm_source=20220628&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83

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Universidad de la Tierra : autonomía, saberes y rebeldías

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Universidad de la Tierra : autonomía, saberes y rebeldías

La idea generalizada que tenemos de la Universidad es la de un lugar en el que estudiar durante un tiempo y acabar consiguiendo un título que certifica el supuesto aprendizaje obtenido. La continua mercantilización de la enseñanza promovida por el sistema capitalista también nos lleva a pensar en la Universidad como un lugar excesivamente caro, al que solo algunos tienen la posibilidad de ingresar y en el que, finalmente, recibes un título que ya no te sirve para trabajar (y que, a veces, tampoco refleja los conocimientos adquiridos). Si pensamos en alguna facultad concreta acabamos pensando en un edificio grande, de hormigón gris, quizás adornado con un césped y formado por las últimas tecnologías (en lo que sea). A veces también pensamos en facultades que se caen a pedazos y aulas masificadas. Esto es exactamente lo que no quería el Doctor Raymundo Sánchez Barraza. El Centro Indígena de Capacitación Integral – Universidad de la Tierra (CIDECI-UniTierra) se plantea como todo lo contrario a esa concepción capitalista del aprendizaje que tan asumida tenemos. Por eso es imposible acercarse al proyecto (hoy realidad tangible) sin que se derrumben los esquemas aprehendidos. No se concibe entender el Sistema Indígena Intercultural de Aprendizaje sin la destrucción de lo establecido. Este proyecto comienza a andar en 1983, sin embargo, no es hasta 1989 que se define como autónomo. En ese año es auspiciado por el obispo de San Cristóbal de las Casas, Samuel Ruiz, conocido por su labor indigenista y de apoyo a los pueblos originarios del Estado de Chiapas. Y por ser obispo de la ciudad durante más de 40 años (hasta que el poder consiguió alejarlo de allí para que dejara de provocar fallas en el sistema). Coordinado en todo momento por Raymundo Sánchez Barraza, quién también regala su vida a la causa indigenista. En 1994 los ideales zapatistas se entroncan con los del CIDECI y no se entiende su filosofía sin ellos. Según su coordinador (quien suelta una carcajada al momento de dirigirnos a él como Rector) la denominación de Universidad es un acto de rebeldía, una respuesta a las burlas del sistema al referirse a ellos y al no considerar la capacitación que allí se recibe como un aprendizaje real. Y es que UniTierra ni es oficial ni busca el reconocimiento oficial, sino el de los pueblos y las comunidades indígenas. Indudablemente, ese ya lo tiene. Entonces “¿por qué no podemos tener el prestigio de las universidades?”, se pregunta Raymundo Sánchez.

Estructura y organización

Niños y niñas venidos de comunidades indígenas, a partir de los 12 años y con independencia de que sepan leer o escribir o de que conozcan el idioma castellano. Este es el perfil de los y las alumnas que ingresan al centro. No hay un número fijo de estudiantes en cada momento, ya que si lo normal es que se tomen cursos de (más o menos) 9 meses, jóvenes van y vienen según su disponibilidad. Pueden tomar 15 días de curso, un mes o varios años. Dependiendo de la distancia entre su comunidad y el centro, quienes allí estudian estarán internos o externos. Esto es, quienes vienen de comunidades más lejanas serán internos y harán uso de los albergues con los que cuenta el centro mientras que quienes residan en comunidades circundantes estarán externos, yendo y viniendo a sus cursos a diario. Así como el número de alumnos es variable en cada momento, lo que si se mantiene es la proporción de hombres y mujeres. Sobresalen los chicos sobre las chicas. En número, claro. También son constantes los y las estudiantes que desconocen el castellano al llegar a sus cursos. Las lenguas que predominan son el tzotsil, el tzeltal y el ch’ol; aunque son muchas más las que se cruzan en los talleres del CIDECI. Los profesores conocen esas lenguas, aunque no siempre hablan a los y las alumnas en su lengua materna, “porque si no nunca aprendemos” como dice uno de los chicos que allí desarrolla su actividad.

Los saberes que se imparten van desde cursos de tortillería y panadería (con los que se abastece el comedor en el que colaboran los y las estudiantes) hasta cursos de herrería, electricidad, carpintería y alfarería. Es gracias a la aplicación de estos aprendizajes que el centro es lo que es hoy en día, ya que ha sido totalmente construido por quienes allí estudian. Igual que la mantención del mismo. Un ejemplo, las cortinas se hacen en el taller de telares, y luego se cosen y preparan para su uso en el taller de corte y confección y luego, en el caso de que queramos que las cortinas lleven algún motivo dibujado este se hará en el taller de pintura. Así cualquier cosa que veamos en el vasto terreno del CIDECI habrá sido construida gracias a los saberes que allí se han transmitido. Todo esto sin dejar a un lado la música, mecanografía o computación, donde además se practica el arte de arreglar con las manos todos los instrumentos necesarios para estas actividades. Junto con estos saberes hay unas cuantas áreas de estudios como son: Derecho Autónomo, Arquitectura Vernácula, Agroecología, Hidrotopografía, Administración de Iniciativas y Proyectos comunitarios, Interculturalidad o Análisis de los Sistemas – Mundo. Al terminar su estancia en la UniTierra, los y las alumnas reciben apoyo en un proyecto para aplicar sus conocimientos en la comunidad de la que provienen. Así se les surte de conocimientos, asistencia y las herramientas necesarias para echar a andar sus ideas en sus comunidades. Unas ideas que luego repercutirán en sus compañeros más cercanos facilitándole o mejorándole sus vidas en comunidad ¿Cómo no considerarla Universidad, cuando quizás sea la más digna de todas?

Instalaciones y autonomía

La autonomía se respira en el aire de la Universidad de la Tierra. En el taller de zapatería se hacen los zapatos para los y las alumnas, el huerto ofrece las verduras que se cocinarán en el comedor, pero también las que sirven de alimento a los animales de la granja (conejos, borregos, ocas, cerdos, gallinas y pavos). Trabajar en el mantenimiento de estas instalaciones es la reciprocidad que ofrecen quienes allí estudian a cambio de la gratuidad lugar. Y a su vez, todo lo producido sirve para abastecer a las personas que allí residen. ¿Y la luz y el agua? Evidentemente, no vienen por parte del gobierno o de alguna institución oficial ya que lo único que se ha recibido por parte de estos ha sido un cruel hostigamiento. La CFE (Comisión Federal de Electricidad) ha merodeado por la zona de manera amenazante en busca de pagos. Eso se supera gracias a la instalación de generadores de electricidad. El agua que abastece a todos y que corre por el sistema de riego que hay instalado proviene de un profundo pozo cavado en sus terrenos. Autonomía total.


NewImageCada jueves los y las estudiantes se reúnen aquí para tratar temas de actualidad, movimientos sociales o problemas que se planteen en sus comunidades.

Lejos de tener carencias, la Universidad de la Tierra se muestra como un paraíso. Las instalaciones y su integración en la naturaleza distan mucho de lo que podemos pensar de esta universidad sin zapatos, como se autodenomina. Además de las decenas de talleres (entendidos como lugar físico), del comedor y de las construcciones que guardan los generadores; son varias las salas para seminarios y aulas que se prestan a otros movimientos sociales. Una colorida capilla se presta a la realización del culto y un enorme auditorio se abre a grandes celebraciones y tiene siempre las puertas abiertas al EZLN, quien celebró en dicho auditorio la Clausura del Primer Festival de las Resistencias y las Rebeldías Contra el Capitalismo este pasado mes de enero.

Filosofía e inspiración

Además de inspirarse en el EZLN y el obispo Samuel Ruiz, este centro por y para indígenas se asienta sobre los principios de Imanuel Wallerstein y de Iván Illich. Del primero agarran su análisis sobre el capitalismo basado en conceptos como Sistema – Mundo. Es de Iván Illich de quien beben sus concepciones acerca de la enseñanza, el aprendizaje y la desescolarización. Se olvidan del tipo de enseñanza impuesto por el capitalismo al que hacíamos referencia al comienzo de este texto y priman el aprendizaje en relación con las personas. Cómo diría Illich en La sociedad desescolarizada:

  • Los profesores de habilidades se hacen escasos por la creencia en el valor de los títulos. La certificación es una manera de manipular el mercado y es concebible sólo para una mente escolarizada. La mayoría de los profesores de artes y oficios son menos diestros, tiene menor inventiva y son menos comunicativos que los mejores artesanos y maestros.
  • La instrucción libre y rutinaria es una blasfemia subversiva para el educador ortodoxo. Ella desliga la adquisición de destrezas de la educación ‘humana’, que la escuela empaca conjuntamente, y fomenta así el aprendizaje sin título o permiso no menos que la enseñanza sin título para fines imprevisibles.

Dos citas muy prácticas para entender la filosofía del CIDECI que se basa en tres principios inquebrantables: “aprender haciendo”, “aprender a aprender” y “aprender a ser más”. Estos principios ejercen de guía principal a la vez que sirven de bola de demolición contra lo ya impuesto en materia de educación por el sistema actual. Una red entretejida por y para los indígenas de la mano del “Doc” Raymundo. “Seguir haciendo, seguir formando sin perder de vista las directrices del EZLN y de los pueblos originarios”. Porque la Universidad de la Tierra es por y para ellos.

Publicado en el blog
https://silviadistopia.wordpress.com/2015/03/05/autonomia-y-aprendizaje-en-cideci-unitierra/,
5 de marzo de 2015.

Para más información sobre los seminarios organizados por la Universidad de la
Tierra consulta las transmisiónes en vivo en el sitio:

http://seminarioscideci.org/
https://www.youtube.com/watch?v=XRzTfaieltA

Un sondage instructif sur l’Université et la Recherche françaises

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Au sortir du confinement, nous vous avons proposé de répondre à une consultation en ligne sur l’état de l’enseignement supérieur et de la recherche et ses perspectives d’avenir. En moyenne, un peu plus de 2500 personnes ont répondu à chaque question. Voici comme promis la synthèse des résultats. Le résumé ci-dessous en donne un bilan général et vous trouverez plus bas une fiche de synthèse contenant les éléments chiffrés les plus significatifs.

L’enjeu d’une telle consultation est de savoir où « nous » en sommes, c’est-à-dire « où en est le Nous » de la communauté scientifique. Tout, dans la dynamique amorcée il y a une quinzaine d’années, concourt à briser la collégialité et à faire diverger les intérêts. La rhétorique de la « co-construction », le système d’allocation des moyens, les dispositifs de précarisation subjective et objective, entretiennent notre atomisation. Le sondage en porte la trace : la défiance vis-à-vis des représentants élus, y compris des instances collégiales, est spectaculaire ; les intercesseurs traditionnels comme les sociétés savantes ne sont plus considérés par les répondants comme des acteurs ayant pris la mesure des problèmes majeurs auxquels nos métiers font face ; la majorité des répondants, eux-mêmes titulaires à 75%, reconnaissent aux titulaires une part de responsabilité dans le développement de la précarisation. Ces résultats sont le signe d’une prise de conscience individuelle qu’il s’agit maintenant d’articuler collectivement : nous constatons en nous-mêmes combien la mécanique de dépossession nous englue dans des positions professionnelles et éthiques divergentes et contradictoires, empêchant l’affirmation d’un dessein qui dépasserait les clivages entre corps de métier, statuts, entre disciplines et établissements. Redisons-le ici : cette fragmentation n’est pas un à-côté de ces réformes, mais elle en est le cœur. Reconnaître cette situation douloureuse fait donc partie du diagnostic à poser pour savoir quoi construire.

Il est d’autant plus intéressant de voir que plusieurs propositions recueillent des taux d’assentiment supérieurs à 90 voire à 95% et agglomèrent des groupes dont les réponses divergent sur d’autres sujets. Sans surprise, un tel rassemblement s’opère sur la question des recrutements sur des postes pérennes, sur celle des moyens budgétaires en général et sur le rejet de la LPPR [NdlR, Loi de programmation pluriannuelle de la recherche]. Notons que la concentration d’une éventuelle hausse des moyens financiers sur l’ANR [NdlR, Agence nationale de la recherche], qui induirait un surcroît de précarisation, fait l’objet d’un rejet tout aussi massif que la LPPR elle-même. Le consensus est également écrasant pour affirmer que la précarisation n’est aucunement neutre du point de vue de la démarche scientifique collective et en obère la qualité, un constat diamétralement opposé au point de vue du ministère et de la direction du CNRS [NdlR, Centre national de la recherche scientifique]. Il en va de même pour affirmer la centralité de l’élection, le cas échéant panachée avec des modes de désignation autre que la nomination, dans la composition des instances supervisant les normes de probation savante.

Ces premières convergences sont autant de bornes sur lesquelles la dynamique d’atomisation vient buter : tout en étant conscients de la déconstruction effective de l’intérêt commun dans les réformes, nous réaffirmons notre volonté de rester une communauté solidaire dont les pratiques sont fondées sur l’égalité statutaire, sur le règlement démocratique du dissensus, sur l’exigence de rigueur, la patience et l’écoute. L’élaboration d’une méthode de répartition des moyens, non bureaucratique et scientifiquement fondée, prenant en compte les spécificités disciplinaires, en constitue l’illustration concrète. Nous voulons l’autonomie avec les conditions matérielles qu’elle présuppose. Mais dans le même temps, nous réfutons le sophisme qui voudrait que l’autonomie savante soit l’irresponsabilité, car c’est dans les mêmes proportions que les répondants déclarent vouloir repenser leurs pratiques pour tenir compte de la crise écologique et climatique, qui impose un nouveau fonctionnement savant, plus lent, plus raisonné, plus intègre, plus lucide sur lui-même – en un mot, plus en phase avec l’idéal qui n’aurait jamais dû cesser d’être celui de la science.

Cette convergence de principes fournira la trame des réflexions que nous vous invitons à lancer sur vos lieux de travail et dans vos villes à partir de cet automne. Les journées « Refonder l’université et la recherche » du 25-26 septembre le coup d’envoi de cette réagrégation théorique d’un « Nous ».

Synthèse du sondage

Les répondants

2500 personnes ont répondu au sondage. 52% des répondants sont enseignants ou enseignants-chercheurs titulaires (dont trois présidents d’université ou d’établissement), et 24% sont chercheurs titulaires. 14% sont doctorants (contractuels, vacataires ou non-financés). Les personnels administratifs et techniques représentent 9% des répondants. Sur le plan disciplinaire, 42% des sondés exerçant une profession académique sont issus du domaines des Lettres, Langues et SHS [NdlR, Sciences humaines et sociales), 19% des sciences biomédicales et 39% du groupe science, technologie, ingénierie et mathématiques. 44% se sont déclarés femme, 54% homme. 19% ont moins de 35 ans, 60% ont entre 36 et 55 ans, 21% ont 56 ans ou plus.

Situation sanitaire dans l’enseignement supérieur

Les premières questions du sondage demandaient une appréciation de la situation sanitaire du supérieur en période de déconfinement et en prévision de la rentrée. 70% des personnes interrogées ont fait part de leur pessimisme sur la rentrée, jugeant l’organisation d’une rentrée satisfaisante difficile voire impossible. La perspective du télétravail (« distanciel ») est jugée négativement par 57% des répondants, et seulement 13% expriment une opinion positive sur cette éventualité. 80% des répondants jugent que l’enseignement et l’évaluation à distance répondent à d’autres finalités que l’enseignement et l’évaluation « en présentiel ». Enfin, 85% jugent impossible ou difficile d’organiser une rentrée respectueuse des normes sanitaires requises sans recrutements supplémentaires, non-prévus par le ministère.

Bilan des politiques menées depuis 15 ans

Le bilan scientifique tiré de la vague de réformes amorcées il y a une quinzaine d’années dans toute l’OCDE [NdlR, Organisation de développement et de coopération économiques] confirme leur échec aux yeux des scientifiques : ils ne sont qu’un tiers à considérer que la qualité des publications scientifiques a augmenté, dans le monde et en France (34% et 35%) ; une courte majorité absolue parle de stagnation voire de régression. Ce sentiment de stagnation et de régression est plus marqué concernant la France (54%) que concernant le reste du monde (50%).

Sans surprise, un grand consensus se dégage sur la question des moyens : neuf répondants sur dix jugent les moyens alloués à la recherche et à l’université insuffisants ou très insuffisants (89% pour la recherche, 91% pour l’université). Mais le consensus est tout aussi marqué sur la question du mode de management promu par les réformes, jugé négatif par 94% des répondants pour la recherche et 89% pour l’université. Dans ce contexte où 80% des répondants se déclarent suffisamment bien, voire très bien, informés sur le contenu de la LPPR, le volet managérial et statutaire de la LPPR est expressément rejeté à 81%.

Emploi et précarité

Trois questions visaient à estimer l’ampleur de la précarisation des professions scientifiques, par corps de métiers (enseignants et/ou chercheurs, personnels administratifs, personnels techniques). Au final, ces questions ont surtout permis de prendre la mesure de l’invisibilisation de cette question, avec à chaque fois plus de 30% des répondants se déclarant incapables d’estimer l’ampleur de la précarité sur leur lieu de travail – un constat qui souligne l’urgence de bilans sociaux sincères à tous les échelons, et d’une communication sur ce sujet.

Cette invisibilisation de la précarité n’empêche pas 64% des répondants d’affirmer que les cursus universitaires ne seraient pas viables sans les enseignants précaires ; ils sont 70% à penser que des tâches vitales au fonctionnement de l’ESR [NdlR, Enseignement supérieur et recherche] reposent sur des personnels non-titulaires ; 85% des répondants pensent que la précarité d’une partie des personnels affecte la production scientifique de l’ensemble ; et 40% déclarent avoir vu des recherches dans leur unité affectées par le turn-over des précaires. En conséquence, ils sont plus de 90% à rejeter les termes avancés par le ministère dans ses négociations avec certains intercesseurs syndicaux et avec les sociétés savantes (augmentation du budget de l’ANR en échange d’un soutien au volet RH [NdlR, Ressource humaine] de la LPPR). Enfin, seuls 6% des répondants jugent que le ministère a été à la hauteur des difficultés rencontrées par les précaires durant le confinement.

Concernant la prise en compte de ces difficultés par les représentants de la communauté, si les deux tiers des répondants pensent que les syndicats ont suffisamment pris la mesure du problème, un tiers seulement considère qu’il en va de même des sociétés savantes, et moins d’un quart des répondants considère que les instances élues des universités et organismes ont perçu l’importance de ce sujet.

Concernant la responsabilité de cette situation, 96% des répondants attribuent une responsabilité forte à écrasante au ministère, mais également 75% aux directions des universités et organismes de recherche et aux agences de pilotage. A l’inverse, 85% jugent que les précaires n’ont aucune responsabilité ou une responsabilité minime dans leur situation, tandis qu’ils ne sont que 9% à dédouaner de la même les personnels titulaires du sort fait aux précaires (rappelons que 76% des répondants sont eux-mêmes titulaires).

Bureaucratie ou démocratie

Le sondage confirme l’état très inquiétant de la démocratie universitaire et scientifique : 83% des sondés se jugent insuffisamment associés aux décisions budgétaires de leur établissement d’exercice, et 60% ne sont pas associés du tout. 60% des sondés sont insuffisamment associés aux décisions pédagogiques à l’université, et 67% aux décisions scientifiques.

Si le principe même de l’existence d’une instance d’évaluation comme le HCERES [NdlR, Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur] est critiqué par la moitié des répondants, contre un quart qui le juge positif, son mode de composition actuel, sans élection, ne satisfait que 2,4% des répondants. Les deux tiers des participants (65%) défendent soit l’élection intégrale, soit le panachage entre élection et tirage au sort.

Nous avons également demandé aux répondants d’estimer le nombre d’évaluations qu’ils devaient rendre chaque année pour ces instances, ce qui a fait apparaître un gouffre entre les 2,4% de répondants rendant 10 évaluations ou plus, avec un pic à 60, et le reste de la communauté, à commencer par les 55% de répondants pour qui la réponse est aucune.

Plus de 90% des répondants attribuent au ministère une responsabilité forte à écrasante dans cette situation, à parité avec les directions des universités et des organismes de recherche, tandis qu’ils ne sont « que » 86% à mettre en cause les agences et le HCERES. A noter également que 37% des répondants considèrent que les personnels scientifiques titulaires occupant des fonction de pilotage ont une responsabilité dans cette évolution.

Répartition des moyens

L’estimation des coûts de production d’un article scientifique, hors salaires, témoigne de la possibilité de répartir rationnellement les moyens de sorte que tous les chercheurs puissent travailler, en évitant la chronophagie, la bureaucratie et le conformisme inhérents aux appels à projets. Ainsi, les répondants reconnaissent une gradation des besoins depuis les lettres et sciences humaines (quelques milliers d’€) jusqu’aux sciences du vivant (centaine de milliers d’euros €), selon une croissance qui suit la part de travail d’expérimentation nécessitant du matériel coûteux. Le nombre de signataires moyens suit la même progression entre disciplines. La variabilité des réponses témoigne de ce qu’une distribution strictement déterminée par le champ disciplinaire demeure, possiblement, légèrement sous-optimale. Cependant, elle constitue une première approximation qui permettrait de répartir efficacement l’essentiel des moyens.

Publications

Le diagnostic sévère porté sur l’évolution qualitative des publications trouve son corollaire dans le fait que la moitié des répondants (50%) avoue publier épisodiquement ou régulièrement des travaux inaboutis. 14% déclarent aussi l’avoir fait “une fois”. Plus des deux tiers (68%) disent ne pas avoir le temps de suivre l’état de la recherche dans leur domaine.

Concernant le financement des publications, près des deux tiers des répondants (64%) n’ont jamais fait payer de frais à leur institution pour publier un article dans une revue. Concernant les revues en Open Access, ils sont 53% à n’avoir jamais payé pour être publié, sur 85% de répondants ayant déjà publié en Open Access. Ce modèle de prédation reste donc largement extérieur aux pratiques scientifiques en France. Il est d’ailleurs jugé négativement par 89% des répondants.

A contrario, 57% des répondants se sont déjà procuré des publications sur des sites de piratage et 63% souhaiteraient que les associations savantes reprennent le contrôle des publications, quitte à en supporter les coûts (ils ne sont que 6% à s’y opposer).

Les métiers scientifiques et la crise écologique

La dernière série de questions visait à sonder la communauté scientifique sur la prise en compte de la crise écologique dans la formulation des priorités d’une politique scientifique.

Il en ressort que 84% des répondants pensent que la crise écologique et climatique doit entraîner une modifications des pratiques scientifiques ; 76% pensent que les pratiques actuelles induisent des déplacements trop nombreux et 81% estiment que la réduction de l’empreinte carbone des activités scientifiques doit devenir une priorité dans l’établissement des politiques universitaires et de recherche.

 

Première publication le 14 septembre 2020 sur
http://rogueesr.fr/sondage-rogueesr/

Manifiesto por un nuevo sistema de evaluación

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Manifiesto por un nuevo sistema de evaluación

Uni-Digna es un “colectivo compuesto por profesorado de diversas ramas de conocimiento de las universidades públicas españolas que se han unido para reivindicar un sistema de evaluación y acreditación del profesorado universitario comprensivo, razonable, y justo”. Leeremos a continuación el texto de su manifiesto fundador que todos pueden - ¡y deben! - firmar y difundir ampliamente.

La redacción del blog

Manifiesto

Por un nuevo sistema de evaluación y acreditación del profesorado universitario comprensivo, razonable, global, equitativo, coherente y justo.

Rechazamos las abusivas condiciones de acreditación y de evaluación de la actividad investigadora impuestas por el Ministerio de Educación (MEC) y la ANECA (agencia externa que evalúa los méritos del profesorado universitario) que frenan aún más la posibilidad de estabilidad y dedicación a la docencia del profesorado universitario, que lleva años realizando un trabajo encomiable en medio de unas políticas neoliberales de recortes y precarización en la Educación Superior e Investigación.

I. EL PROBLEMA

Se privilegia la investigación (reducida a número de publicaciones) y se castiga la docencia. El MEC premia con sexenios por el número de artículos publicados en revistas controladas por dos empresas multinacionales privadas ( Thompson Reuters –ahora Clarivate – y Elsevier ). En caso de no alcanzar ese número de artículos, se penaliza al profesorado con un aumento significativo de la docencia. Se está consolidando así un imaginario en el que la docencia universitaria, uno de los dos pilares de nuestras universidades públicas, parece considerarse una carga o un “castigo”.

Publicar o perecer. Además, el sistema de evaluación ANECA ha impuesto, como mecanismo fundamental de acceso y promoción profesional, el criterio del “impacto”; es decir, el número de citas recibidas por los artículos publicados en revistas controladas por esas dos empresas multinacionales privadas a través de sus bases de datos: Web of Knowledge (WOK) y Scopus. Se redefine así el valor y la “calidad” científica en función de la visibilidad de la producción (recuento de citas –índice JCR–).

Las exigencias se han endurecido irracionalmente, sin que parezcan tenerse en cuenta criterios relacionados con la relevancia social y académica respecto de lo que se publica.

Este modelo prioriza un determinado tipo de conocimiento rentable y genera desigualdad y frustración entre el profesorado universitario, sobre todo en el momento inicial de su carrera profesional. Fomenta una brutal competitividad en las relaciones universitarias y provoca un aumento exponencial de publicaciones de tipo productivista y credencialista.

Esta lógica hace que, cada vez más, el currículum del profesorado universitario se considere un proceso de inversión emprendedora en el que la actividad docente, en muchos casos, acaba siendo considerada un obstáculo.

II. LA SOLUCIÓN

Un sistema público de evaluación y acreditación del profesorado universitario que suponga una valoración justa de su producción científica y su labor docente y que responda a un modelo de ciencia y docencia para el bien común.

Un sistema apoyado en modelos de ciencia abierta que prioricen la evaluación de publicaciones de acceso abierto y permita prescindir progresivamente de índices JCR como único criterio, en consonancia con el mandato europeo “Horizonte 2020”.

Por eso exigimos derogar el RD 415/2015, habilitando transitoriamente el anterior sistema de acreditación (RD 1312/2007) a fin de negociar un nuevo sistema consensuado con la comunidad académica.

Para apoyar el manifiesto

Si estás de acuerdo con este manifiesto y quieres apoyarlo envíanos tu nombre y apellidos, institución, departamento, ciudad y email al siguiente correo electrónico: unidigna.2018@gmail.com Si además quieres participar activamente en Uni-Digna envíanos también tu teléfono para incluirte en el grupo de Whatsapp del colectivo.

Más información en el sitio https://unidigna.wordpress.com