Après Marseille, retrouvons-nous à Rome les 24 et 25 juin 2020 !

Valeria Pinto, membre de l’IDST, a lancé en compagnie d’autres universitaires un appel intitulé « Désintoxiquons-nous. Le Savoir pour le futur », déjà soutenu par plus de 1300 signataires.

L’un des objectifs de cet appel est d’organiser une rencontre à Rome les 24 et 25 juin 2020, au moment même où se tiendra dans la capitale italienne une énième conférence ministérielle liée au processus de Bologne. Évoquée lors de notre congrès de Marseille en novembre dernier, cette rencontre sera l’occasion d’élargir le front de contestation et de résistance aux politiques néolibérales de formation et de recherche et de penser une nouvelle politique de la connaissance, celle des savoirs de tous, par tous, et pour tous.

De nombreux contacts, en Europe et dans le monde, sont en cours et la rencontre promet d’être belle et galvanisante !

N’hésitez donc pas à vous joindre à cet appel, publié ici en italien, anglais, allemand, espagnol et français, en envoyant un courriel à l’adresse indiquée au bas de l’appel.

La Rédaction du blog

Valeria Pinto, member of the International of Knowledge for All (IKA), together with other academics, launched a call entitled "Let's detoxify ourselves. Knowledge for the future", already supported by more than 1300 signatories.

One of the objectives of this call is to organize a meeting in Rome on 24 and 25 June 2020, at the same time as the umpteenth ministerial conference linked to the Bologna process will be held in the Italian capital. Evoked during our congress in Marseille last November, this meeting will be an opportunity to broaden the front of protest and resistance to neo-liberal education and research policies and to think about a new knowledge policy, that of a society of knowledge from all, by all, and for all.

Many contacts, in Europe and in the world, are underway and the meeting promises to be beautiful and galvanizing!

So do not hesitate to join this call, published here in Italian, English, German, Spanish and French, by sending an email to the address at the bottom of the call.

Blog Editorial Team

Valeria Pinto, Mitglied des « Internationales Netzwerk Wissen für Alle » (INWA), hat zusammen mit anderen Akademikern einen Aufruf mit dem Titel “Entgiften wir uns – Wissen für die Zukunft” , das bereits von mehr als 1300 Unterzeichnern unterstützt wird.

Eines der Ziele dieses Aufrufs ist die Organisation eines Treffens in Rom am 24. und 25. Juni 2020, zeitgleich mit der x-ten Ministerkonferenz im Zusammenhang mit dem Bologna-Prozess, die in der italienischen Hauptstadt stattfinden wird. Dieses Treffen, das auf unserem Kongress in Marseille im vergangenen November ins Leben gerufen wurde, bietet die Gelegenheit, die Front des Protests und Widerstands gegen die neoliberale Bildungs- und Forschungspolitik zu erweitern und über eine neue Wissenspolitik nachzudenken, die des Wissens für alle, von allen und für alle.

Viele Kontakte, in Europa und in der Welt, sind im Gange, und das Treffen verspricht, schön und aufregend zu werden!

Zögern Sie also nicht, sich diesem Aufruf, der hier in Italienisch, Deutsch, Englisch, Spanisch und Französisch, indem Sie eine E-Mail an die am Ende des Aufrufs angegebene Adresse senden.

Blogredaktion

Valeria Pinto, miembro de la IDST, junto con otros académicos, lanzó un llamamiento titulado "Desintoxiquémonos". Conocimiento para el futuro", ya apoyado por más de 1300 firmantes.

Uno de los objetivos de esta convocatoria es organizar una reunión en Roma los días 24 y 25 de junio de 2020, al mismo tiempo que se celebrará en la capital italiana la enésima conferencia ministerial vinculada al proceso de Bolonia. Evocada en nuestro congreso de Marsella el pasado mes de noviembre, esta reunión será una oportunidad para ampliar el frente de protesta y resistencia a las políticas neoliberales de educación e investigación y para pensar en una nueva política del conocimiento, la del conocimiento de todos, por todos y para todos.

Muchos contactos, en Europa y en el mundo, están en marcha y el encuentro promete ser hermoso y galvanizador!

Así que no duden en unirse a esta llamada, publicada aquí en italiano, inglés, alemán, francés y español, enviando un correo electrónico a la dirección que aparece al final de la llamada.

La redacción del blog

Valeria Pinto, membro dell’ L'Internazionale della Conoscenza per Tutti (ICT), ha lanciato, insieme ad altri universitari, un appello dal titolo “Disintossichiamoci. Sapere per il futuro”, già sostenuto da più di 1300 firmatari.

Uno degli obiettivi di questo appello è l’organizzazione di un incontro a Roma, il 24 e il 25 giugno 2020, in concomitanza con la prossima conferenza ministeriale del processo di Bologna. Già evocato durante il nostro congresso di Marsiglia dello scorso novembre, questo incontro costituirà l’occasione di estendere il fronte della contestazione e della resistenza alle politiche neoliberali della formazione e della ricerca, e di pensare una nuova politica della conoscenza, quella dei saperi di tutti, per tutti, a opera di tutti.

La rete internazionale di contatti si sta sviluppando in Europa e nel mondo, e l’incontro di Roma si annuncia bello e galvanizzante!

Non esitate dunque à sostenere questo appello, qui pubblicato in italiano, inglese, tedesco, spagnolo e francese, inviando una mail all’indirizzo indicato in calce all’appello.

La redazione del blog

Désintoxiquons-nous – Le Savoir pour le futur

« Economics are the methods. The object is to change the soul ». Se référant aux politiques de la connaissance, de l’éducation et de la recherche (mais pas seulement), cette formule de Margaret Thatcher résume bien le processus qui a caractérisé les dernières décennies.

La méthode économique, la pénurie comme condition normale, à la limite de survie ou en dessous, est visible par tous. L’objectif est moins visible. Le changement des âmes est si profond que nous ne remarquons même plus la destruction qui se produit autour de nous et à travers nous : le paradoxe de la fin — dans la « société de la connaissance » — d’un monde consacré aux choses de la connaissance. Même l’oreille s’est habituée à une dévastation linguistique programmatique, où un jargon technico-managérial et bureaucratique appauvri répète des expressions ayant valeur opératoire précise, qui semble cependant difficile à saisir : amélioration de la qualité, excellence, compétence, transparence, produits de la recherche, offre d’enseignement... Et autonomie, c’est-à- dire — selon les mots de Thomas Piketty — l’imposture qui a lancé le processus de destruction du modèle européen d’université. Une destruction qui a pris comme prétexte rhétorique certains maux — réels ou non — de l’ancienne université, mais bien sûr sans y remédier, car le but visé n’était pas celui-là.

Trente ans après l’introduction de l’autonomie, justement, et vingt ans après le processus de Bologne, dix ans après la « loi Gelmini », la littérature critique sur cette destruction est sans limite. La recherche et l’enseignement — c’est un fait, et pourtant il semble tabou de le rendre explicite — ne sont plus libres depuis longtemps. Soumise à une pression insensée pour « produire » de plus en plus chaque année (en Italie : VQR, ASN, etc.), la recherche est en proie à une véritable bulle de titres, qui transforme de plus en plus les déjà exemplaires publish or perish en rubbish or perish. Dans le même temps, la pression continue à « délivrer » une formation entièrement adaptée aux exigences du monde productiviste. La modernisation qui a arraché de manière programmatique l’université à la « tour d’ivoire » – la rendant « responsive », « service university » — n’a signifié rien de plus que la voie, la « troisième voie », vers le monde des intérêts privés. Vidées de leur valeur, l’éducation et la recherche sont évaluées, c’est-à-dire « valorisées » par le marché et le quasi- marché de l’évaluation, qui, dans sa meilleure forme institutionnelle, ne sert qu’à « favoriser (...) l’effet du contrôle social et le développement de logiques de marché positives » (CRUI 2001).

C’est précisément grâce à l’imposition de ces logiques de marché que la liberté de recherche et d’enseignement – bien que protégée par l’article 33 de la Constitution – est réduite désormais à la liberté d’entreprendre. Le modèle auquel elle est tenue de se soumettre est un régime de production de connaissances utiles (utiles d’abord pour accroître le profit privé), qui commande les méthodes, les temps et les lieux de cette production, selon un management autoritaire qui va jusqu’à exproprier les chercheurs et les universitaires de leur propre faculté de jugement, désormais soumis à des critères sans justification interne mais vendus comme étant objectifs. Ce sont des chiffres et des mesures qui, comme chacun sait, n’ont rien de scientifique et ne garantissent rien en termes de valeur et de qualité de la connaissance. Définir des pourcentages d’excellence et d’inacceptabilité, diviser avec des médianes ou prescrire des seuils, trier les revues en classements, les diviser selon le ranking, tout cela, tout comme pratiquer le contrôle les plus vexatoires sous forme de certifications, d’accréditations, de rapports, de révisions, etc., a une seule fonction : la mise en concurrence forcée des individus, des groupes ou des institutions au sein de la seule réalité à laquelle nous attribuons aujourd’hui un titre pour établir des valeurs, c’est-à-dire le marché, en l’occurrence le marché mondial de l’éducation et de la recherche, qui est une invention récente.

Là où les marchés n’existaient pas traditionnellement (éducation et recherche, mais aussi santé, sécurité, etc.), l’impératif était de les créer ou d’en simuler leur existence. La logique du marché concurrentiel s’est imposée comme un véritable commandement éthique, s’y opposer a signifié, pour les quelques personnes qui l’ont essayé, devoir se défendre contre les accusations d’inefficacité, d’irresponsabilité, de gaspillage de l’argent public, de défense des privilèges corporatistes et de castes. Le laissez-faire n’a pour autant pas triomphé : un « evaluative State » policier a opéré pour que cette logique soit intériorisée dans la conduite des études et des recherches, opérant une véritable déprofessionnalisation, qui a transformé les universitaires engagés dans leurs recherches en entrepreneurial researchers selon les diktats de la corporate university. Pour les gratifier, une précarité économique et existentielle qui se décline avec le nom d’excellence, le cadre aujourd’hui fonctionnel à un « darwinisme compétitif » explicitement théorisé et, grâce aussi à la couverture morale offerte par l’idéologie du mérite, rendu par abus de langage « normal ».

Beaucoup de gens pensent aujourd’hui que ce modèle de gestion des connaissances est toxique et non durable à long terme. Les dispositifs de mesure des performances et d’évaluation convertissent la recherche scientifique (le fait de demander pour savoir) en recherche d’un avantage concurrentiel (demander pour obtenir), mettant en danger la signification et le rôle de la connaissance pour la société. De plus en plus souvent aujourd’hui, les chercheurs écrivent et font des recherches pour atteindre un seuil de productivité plutôt que pour ajouter des connaissances à l’humanité : « Jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité, autant de personnes ont écrit autant malgré ils aient si peu à dire à si peu de monde » (Alvesson et al., 2017). Ainsi, la recherche est fatalement condamnée à ne pas être pertinente, ce qui a pour effet de dissiper la reconnaissance sociale dont elle a bénéficié jusqu’à présent et de générer une profonde crise de confiance. Le temps est venu de procéder à un changement radical si l’on veut éviter l’implosion du système de la connaissance dans son ensemble. La bureaucratisation de la recherche et la managérialisation de l’enseignement supérieur risquent de devenir le Tchernobyl de notre modèle d’organisation sociale.

Ce dont on a besoin aujourd’hui, c’est réaffirmer les principes qui protègent le droit de l’ensemble de la société à un savoir, un enseignement et une recherche libres — afin de protéger le tissu même de la démocratie — et, pour cette raison, protéger ceux qui se consacrent à la connaissance. Ce qu’il faut, c’est un choix de domaine, capable de distinguer d’en bas ce qui résiste en tant que force critique, la capacité à discriminer, à distinguer ce qui ne peut plus être tenu ensemble : partage et excellence, liberté de recherche et néo-évaluation, formation de qualité et fourniture rapide de main- d’œuvre bon marché, libre accès à la connaissance et monopoles du marché.

Nous devons marquer un certain nombre d’étapes pour œuvrer dans ce sens.

S’il y a une adhésion préliminaire suffisante — disons en termes symboliques 100 personnes au début — nous organiserons bientôt une réunion pour réfléchir à des politiques radicalement alternatives en termes d’évaluation, de calendrier et de formes de production des connaissances.

Dans ce sens, nous organisons en juin une initiative qui coïncidera avec la prochaine conférence ministérielle du processus de Bologne, qui se tiendra cette année à Rome, afin de faire progresser avec force – en collaboration avec d’autres mouvements européens de chercheurs et d’universitaires (des contacts en ce sens sont déjà pris) – une refonte des politiques de la connaissance.

Valeria Pinto – Davide Borrelli – Maria Chiara Pievatolo – Federico Bertoni + 1300
https://www.roars.it/online/piu-1-000-firme-disintossichiamoci-un-appello-per-ripensare-le-politiche-della-conoscenza/

Pour adhérer : sapereperilfuturo@gmail.com en précisant l’institution d’affiliation.

Traduction française de Cristina del Biaggio
https://academia.hypotheses.org/16015

Let’s detoxify ourselves – Knowledge for the Future

"Economics are the methods. The object is to change the soul". Margaret Thatcher’s formula sums up well the process that characterized the policies of knowledge, education and research (but not only) in the last decades.

The economic method, the shortage as a normal condition, at the survival limit or below it, is visible to everyone. Also clearly visible, together with the financial one, is the bureaucratic strangulation. Less visible is the target. So deep is the change of our soul that we no longer even notice the destruction that has taken place around and through us: the paradox of the end - inside the "knowledge society" - of a world dedicated to the things of knowledge. Our very hearing has become accustomed to a programmatic linguistic devastation, where an impoverished technical-managerial and bureaucratic jargon reiterates expressions having a precise operational value, which however seems to be difficult to grasp: quality improvement, excellence, competence, transparency, research products, teaching provision... And autonomy, or - to take up Thomas Piketty's words - the imposture that initiated the process of destruction of the European university model. A destruction that has taken as a rhetorical pretext some faults - real and not - of the old university, but of course without remedying them, because its goal was not this one but another one.

Thirty years since the introduction of “autonomy”, twenty since the Bologna process, ten since the "Gelmini Act" (in Italy), the critical literature about this destruction is boundless. Research and teaching - it is a fact, although making it explicit seems a taboo - are no longer free. Research, subjected to senseless pressure that pushes us to "produce" more every year, with every turn more (in Italy VQR, ASN etc.), is in the grip of a real bubble of titles, which transforms an already fatal "publish or perish" into a "rubbish or perish". At the same time, pressure is exerted to "deliver" an education entirely modeled on the demands of the productive world. The modernization that programmatically tore the university away from every "ivory tower" - making it "responsive", "service university" - meant nothing but the way, the "third way", to the world of private interests. Emptied of their value, education and research are evaluated, that is to say "valued", through the market and the quasi-market of evaluation, which, in its best institutional capacity, serves only to "favor (...) the effect of social control and the development of positive market logic "(CRUI 2001).

Due to the imposition of this market logic, the freedom of research and teaching - although protected by art. 33 of the Italian Constitution - is now reduced to freedom of enterprise, submitted to a regime of production of useful knowledge (useful above all to increase private profit), which controls the ways, times and places of this production. An authoritarian management expropriates researchers and scholars of their own faculty of judgment. Criteria deprived from internal justification are smuggled as objective ones: numbers and measures that, everyone knows, have no scientific basis and do not guarantee in any respect the value and quality of knowledge. Pre-defining percentages of excellence and unacceptability, dividing with medians or prescribing thresholds, sorting in rankings, dividing magazines into ratings, all this, together with the most vexatious control practices in the form of certifications, accreditations, reports, reviews, etc., has only one function: the forced competition of individuals, groups or institutions within the only reality to which today the title to establish values is attributed, that is the market, in this case the global market of education and research, which it is a completely recent invention.

As a matter of fact, where traditionally the markets did not exist (education and research, but also health, safety and so on) the imperative was to create them or simulate their existence. The logic of the competitive market has established itself as a real ethical command, opposing which has meant, for the few who have tried it, having to defend themselves from accusations of inefficiency, irresponsibility, waste of public money, defense of corporate and caste privileges. Far from the triumph of laissez faire: a police “evaluative state” has worked to ensure that this logic is internalized in normal study and research practices, operating a real de-professionalisation, which has transformed scholars engaged in their research into compliant entrepreneurial researcher, obedient to the diktats of the corporate university. To gratify them they are offered an economic and existential precariousness that goes under the name of excellence: the functional framework to a "competitive Darwinism" that is explicitly theorized and, also thanks to the moral coverage offered by the ideology of merit, forcedly made normal.

Many now believe that this knowledge management model is toxic and unsustainable in the long term. The performance measurement and reward evaluation devices convert scientific research (asking for knowledge) into the search for competitive advantages (asking for obtaining), thus jeopardizing the meaning and role of knowledge for society. More and more today we write and do research to reach a productivity threshold rather than to add knowledge to humanity: "never before in the history of humanity have so many written so much despite having so little to say to so few" (Alvesson et al., 2017). In this way, research is fatally condemned to irrelevance, dispelling the social appreciation it has enjoyed so far and generating a deep crisis of trust. The time has come for a radical change if we want to avoid the implosion of the knowledge system as a whole. The bureaucratization of research and the managerialization of higher education risk becoming the Chernobyl of our model of social organization.

What is needed today is to reaffirm the principles that protect the right of all society to have free knowledge, teaching, research - to protect, that is, the very stuff of which a democracy is made - and for this reason to protect those who dedicate themselves to knowledge. A standpoint is needed to bring together what resists as a critical force, as the ability to discriminate, distinguish what cannot be held together: sharing and excellence, freedom of research and new evaluation, good higher education and rapid supply of low-cost workforce, free access to knowledge and market monopolies.

In this direction some stages are outlined.

The first one is an assessment of the actual existence and consistency of our field. A project cannot move forward unless a minimum mass of people willing to commit to it is reached. If there is an adequate preliminary adhesion - let's say 100 people in symbolic terms - we organize a meeting to discuss alternative policies about evaluation, times and forms of knowledge production, recruitment and organization.

Looking ahead, we carry out an initiative in June, concomitant with the next ministerial conference of the Bologna process, which will be held in Rome this year, with the aim of demanding - in conjunction with other European movements of researchers and scholars - a radical rethinking of knowledge policies.

Valeria Pinto Davide Borrelli Maria Chiara Pievatolo Federico Bertoni + 1300
https://www.roars.it/online/piu-1-000-firme-disintossichiamoci-un-appello-per-ripensare-le-politiche-della-conoscenza/

to join: sapereperilfuturo@gmail.com specifying the university you belong to.

Entgiften wir uns – Wissen für die Zukunft

“Economics are the methods. The object is to change the soul”. Diese Formel Margaret Thatchers spiegelt den Prozess der letzten Jahrzehnte im Bereich der Wissens-, der Bildungs-, und Forschungspolitik (wenn auch nicht nur in diesen Bereichen) gut wider.

Die Sparmethode, der Mangel als Normalzustand, der an oder unter der Überlebensgrenze liegt, ist sichtbar für alle. Ebenso sichtbar ist außer der finanziellen auch die bürokratische Strangulierung. Weniger sichtbar ist das Ziel. Unsere Gemüter haben sich derart verändert, dass wir nicht einmal mehr bemerken, was um uns herum und durch uns zerstört worden ist: das Paradox, dass eine dem Wissen gewidmete Welt – in einer Wissensgesellschaft – ihrem Ende zugeht. Auch das Ohr hat sich an eine programmatische Sprachverwüstung gewöhnt, wo der verarmte verwaltungstechnisch- bürokratische Jargon immer wieder auf eine Ausdrucksweise zurückgreift, die eine präzise operative Valenz hat, aber dennoch schwer zu fassen scheint: Qualitätssteigerung, Exzellenz, Kompetenz, Transparenz, Forschungsprodukte, Erteilung von Lehrinhalten... Und Autonomie, bzw. – um mit den Worten Thomas Pikettys zu sprechen – der Schwindel, der die Zerstörung des europäischen Universitätsmodells in Gang gesetzt hat. Eine Zerstörung, die gewisse – mehr oder weniger tatsächliche – Missstände der alten Universität rhetorisch zum Vorwand nahm, natürlich ohne sie abzuschaffen, denn nicht dies, sondern anderes war ihr Ziel.

Dreißig Jahre nach der Einführung der Autonomie, zwanzig Jahre nach dem Bologna-Prozess, zehn Jahre nach dem [in Italien] „Gelmini Gesetz“ gibt es eine unendliche Fülle von kritischen Abhandlungen zu diesem Thema. Lehre und Forschung sind seit langem nicht mehr frei – das ist eine Tatsache, aber es ist tabu, darüber zu sprechen. Es wird ein sinnloser Druck auf die Forschung ausgeübt, der sie dazu antreibt, jedes Jahr, bei jeder Runde (in Italien VQR, ASN, etc.) mehr zu „produzieren“. Die Forschung geht in einer regelrechten Titelflut unter, und das an sich schon letale publish or perish ist zu einem rubbish or perishgeworden. Gleichzeitig nimmt der Druck zu, eine Bildung zu „erteilen“, die gänzlich auf die Bedürfnisse der Wirtschaft abgestellt ist. Die Modernisierung, die die Universität programmatisch aus jedem „Elfenbeinturm“ gezerrt hat und sie „responsive“ und zur „service university“ machte, war nichts anderes als das Bemühen, einen Weg – den „dritten Weg“ – in die Welt der Privatinteressen einzuschlagen. Lehre und Forschung, ihrer Werte entleert, werden bewertet, besser „aufgewertet“ durch den Markt und den Quasi-Markt der Evaluierung, der in seiner besten institutionellen Form zu nichts weiter dient, als „den sozialen Kontrolleffekt und die Entwicklung einer positiven Marktlogik zu fördern“ (CRUI [Italienische Rektorenkonferenz], 2001).

Gerade weil diese Marktlogik sich durchgesetzt hat, ist die Freiheit von Lehre und Forschung (die zwar durch Art. 33 der Italienischen Verfassung garantiert ist) inzwischen zur Unternehmensfreiheit geworden. Das Modell, dem sie sich anpassen soll, ist ein Regime, das von ihr verlangt, nützliche (vor allem dem privaten Profit nützliche) Kenntnisse zu vermitteln und das in einem autoritären Management vorschreibt, wie, wann und wo dies zu geschehen hat. Auf diese Weise wird den Forschenden und Studierenden ihr eigenes Urteilsvermögen abgesprochen und angeblich objektiven Kriterien unterworfen, die keine innere Rechtfertigung haben. Es handelt sich um Zahlen und Maßnahmen, die, wie jeder weiß, nichts Wissenschaftliches haben und keinerlei Garantie für Wert und Qualität des Wissens bieten. Es werden Prozentsätze der Exzellenz und der Zurückstufung vorgegeben, Aufspaltungen über Mittelwerte vorgenommen, Schwellen gesetzt und Klassifizierungen eingerichtet, die Zeitschriften unterliegen einem Rating-System, es gibt die verschiedensten schikanösen Kontrollformen, wie Zertifizierungen, Akkreditierungsverfahren, Rechenschaftspflicht, Überprüfungen, Revisionen usw., und all das hat nur die eine Funktion, und zwar eine Konkurrenz zu erzwingen zwischen den Individuen, Gruppen oder Institutionen, die auf dem einzigen Gebiet tätig sind, dem heute das Recht zugesprochen wird, Werte zu bestimmen, nämlich dem Markt, in unserem Fall dem globalen Bildungs- und Forschungsmarkt, der eine Erfindung der allerjüngsten Zeit ist.

Dort, wo nämlich traditionsgemäß kein Markt vorhanden war (Bildung, Forschung, aber auch Gesundheits- sowie Sicherheitswesen und ähnliches) lautete der Imperativ, einen solchen zu schaffen oder dessen Existenz vorzutäuschen. Die Marktlogik der Konkurrenz hat sich geradezu als ethisches Gebot etabliert, dem sich zu widersetzen für die wenigen, die es gewagt haben, bedeutete, dass man ihnen Ineffizienz, Unverantwortlichkeit, Verschwendung öffentlicher Gelder und die Inanspruchnahme von korporativen und Kastenprivilegien zum Vorwurf machte. Das ist alles andere als ein Siegeszug des laissez faire: ein polizeiähnlicher „evaluative State“ hat darauf hingewirkt, dass diese Logik in allen normalen Studien- und Forschungstätigkeiten verinnerlicht wurde und dass eine regelrechte Ent-Professionalisierung stattfand, die aus engagierten Forschern entrepreneurial researcher machte, die mit den Vorgaben der corporate universitykonform gingen. Die Gegenleistung besteht in einer wirtschaftlichen und existenziellen Prekarität, die unter dem Namen Exzellenz läuft, und den funktionellen Rahmen für ein „darwinistisches Konkurrenzsystem“ bildet, das ausdrücklich theoretisch untermauert, auch dank der moralischen Stützung durch die Meritokratie notgedrungen zur Normalität wurde.

Dieses Verwaltungsmodell des Wissens wird von vielen als Gift gesehen und auf lange Sicht als unhaltbar beurteilt. Die Verfahren der Leistungsmessung und Prämierung gestalten die wissenschaftliche Forschung (das Fragen, um zu wissen) in die Suche nach Wettbewerbsvorteilen um (das Fragen, um zu bekommen), bis wir so weit sind, dass der Sinn und die Rolle des Wissens für die Gesellschaft aufs Spiel gesetzt werden. Immer öfter wird heutzutage geschrieben und geforscht, um eine Produktivitätsschwelle zu erreichen, statt vielmehr die Menschheit um Kenntnisse zu bereichern: „Nie zuvor in der Geschichte haben so viele Menschen so viel geschrieben, obwohl sie so wenig zu sagen haben“ (Alvesson u.a., 2017). Auf diese fatale Weise wird die Forschung zur Bedeutungslosigkeit verurteilt, die soziale Anerkennung, die sie bisher genossen hat, geht verloren und macht einer tiefen Vertrauenskrise Platz. Der Moment einer radikalen Wende ist gekommen, wenn die Implosion des Wissenssystems in seiner Gesamtheit verhindert werden soll. Die Bürokratisierung der Forschung und die „Managerisierung“ der höheren Ausbildungsgänge laufen die Gefahr, zum Tschernobyl unseres Gesellschaftsmodells zu werden.

Was es heute braucht, ist die Besinnung auf die Grundsätze, die der gesamten Gesellschaft das Recht auf Wissen, auf Unterricht und auf freie Forschung garantieren, die also für das Wesen selbst der Demokratie und damit für diejenigen bürgen, die sich dem Wissen widmen. Es gilt, Partei zu ergreifen, damit von der Basis her das gerettet wird, was an Kritik- und Unterscheidungsfähigkeit übrig geblieben ist und das zu erkennen, was nicht zusammengehalten werden kann: Gemeinsamkeit und Exzellenz, freie Forschung und Neoevaluierung, gute Ausbildung und schnelle Versorgung mit billiger Arbeitskraft, freier Zugang zum Wissen und Marktmonopole.

In dieser Richtung lassen sich einige Zwischenziele ausmachen.

Das erste ist, sich darüber klarzuwerden, wie viele wir tatsächlich sind. Man kann kein Projekt vorantreiben, wenn es nicht eine Mindestzahl von Personen gibt, die bereit sind, sich zu engagieren. Wenn sich im Vorfeld eine angemessene Gruppe unseren Vorstellungen anschließt, sagen wir für den Anfang symbolisch 100 Personen, organisieren wir kurzfristig ein Treffen, um über Verfahren zu diskutieren, die in Hinsicht auf Evaluierung, Zeiten und Formen der Wissensproduktion, Rekrutierung und Organisation eine radikale Wende darstellen.

Vorausschau: für Juni ist eine Initiative geplant, die gleichzeitig mit der nächsten Ministerialkonferenz zum Bologna-Prozess stattfindet, die dieses Jahr in Rom tagen soll. Unser Ziel ist, gemeinsam mit anderen europäischen Bewegungen von Forschern und Studierenden (die entsprechenden Kontakte bestehen bereits) ein Umdenken in der Wissenspolitik zu bewirken.

Valeria Pinto - Davide Borrelli - Maria Chiara Pievatolo - Federico Bertoni + 1300
https://www.roars.it/online/piu-1-000-firme-disintossichiamoci-un-appello-per-ripensare-le-politiche-della-conoscenza/

Senden Sie Ihre Zustimmung (mit Angabe der jeweiligen Institution) an:
sapereperilfuturo@gmail.com

Wir danken Maria Böhmer und Daniel Elon für die Übersetzung

Desintoxiquémonos – Un saber para el futuro

“Economics are the methods. Theobjectistochangethesoul”. Esta frase de Margaret Thatcher resume bien el proceso que se ha producido en estas últimas décadas en el terreno de las políticas educativas, universitarias y de investigación (aunque no únicamente en estos terrenos).

El método económico, -que propugna la escasez como norma, casi al límite de la condición de supervivencia- es algo conocido por todos. También lo es la asfixia burocrática y financiera. Sin embargo, el objetivo que cumplen estos procesos no resulta tan evidente. El cambio en las conductas es tan profundo que ya no nos damos cuenta ni siquiera de la destrucción que se ha producido en nuestro entorno y en nosotros mismos. Vivimos, paradójicamente, en un mundo donde declina el conocimiento, justo en una época que llamamos “sociedad del conocimiento”. Incluso nuestros oídos se han acostumbrado a una sistemática devastación lingüística, en la cual una empobrecedora jerga de gestión burocrática reitera expresiones con un supuesto valor operativo cuyo sentido, sin embargo, es difícil de entender: mejora de la calidad, excelencia, competencia, transparencia, producción de investigación, gestión de la didáctica…y autonomía, o –por retomar las palabras de Thomas Piketty: la impostura ha emprendido el proceso de destrucción del modelo europeo de universidad. Una destrucción que ha tomado como excusa la solución de ciertos problemas –reales o no- de la vieja universidad, pero no para solucionarlos, ya que no era este su objetivo, sino otro bien distinto.

Casi a treinta años de la introducción de la autonomía universitaria, a veinte del proceso de Bolonia, a diez de la “Ley Gelmini”, se ha escrito un sinfín de literatura crítica sobre este proceso de destrucción. Es un hecho evidente, aunque parece tabú mencionarlo, que la libertad docente e investigadora han entrado en declive desde hace un tiempo. Sometida a una insensata presión (por parte de las agencias de calidad y evaluación de la investigación) que apremia a “producir” cada año más, cada vez más, la investigación está atrapada en una verdadera burbuja de publicaciones que transforma el ya fatídico publishorperish en un ulterior rubbishorperish. Al mismo tiempo, continúa la presión de “administrar” una formación totalmente ajustada a las demandas del mundo empresarial.

El programa sistemático de modernización que ha bajado a la universidad de su torre de marfil –convirtiéndola en “responsive”, "service university”- no ha significado otra cosa que la vía, la “tercera vía”, que la encamina a satisfacer los intereses del sector privado. Vaciadas de su valor, la enseñanza y la docencia son valoradas, podría decirse “valorizadas”, mediante el mercado y el cuasi-mercado de la evaluación, que, con sus mejores ropajes institucionales no sirve para otra cosa que para “favorecer el efecto de control social y de desarrollo de lógicas mercantiles”. (CRUI - Conferencia de los Rectores de las Universidades Italianas 2001).

Realmente, gracias a la imposición de estas lógicas de mercado, la libertad de investigación y docencia, -aunque protegidas por el art. 33 de la Constitución- ahora se reducen a la libertad de empresa.El régimen al que deben someterse es el de producir conocimiento útil (sobre todo, para aumentar el beneficio privado), que controla las formas, tiempos y lugares de esta producción, de acuerdo con una gestión autoritaria que llega a expropiar a los investigadores y académicos de su facultad de juicio, ahora sujeta a criterios sin ninguna justificación interna que se hacen pasar por objetivos. Estos toman la forma de cifras y medidas que, todo el mundo sabe, no tienen nada de científico, ni son garantía del valor y la calidad del conocimiento. Fijar percentiles de excelencia, establecer umbrales, calcular medianas, crear clasificaciones de revistas, a esto se le suman las prácticas de control más irritantes en forma de certificaciones, acreditaciones, informes, revisiones, etc., con una única función: forzar a individuos, grupos e instituciones a competir en ventaja de la única institución a la que hoy se le otorga el derecho a fijar el valor: el mercado. En este caso, el mercado global de la educación y la investigación, que ha sido inventado en estos últimos tiempos.

En los sectores donde tradicionalmente no existían los mercados (educación e investigación y también salud, protección social, etc.), el imperativo ha sido crearlos o simular su existencia. La lógica del mercado competitivo se ha establecido como un verdadero mandato ético incuestionable, oponerse a ella significa ser acusado de ineficiencia, irresponsabilidad, derroche de dinero público o de defender privilegios corporativos. Esta lógica se ha impuesto mediante un “evaluative state” policial que ha trabajado para garantizar que dicha lógica se internalice en las prácticas normales de estudio e investigación, operando una verdadera desprofesionalización, que ha transformado a los investigadores en emprendedores adaptados a los preceptos de la universidad corporativa. Como recompensa, estos investigadores han obtenido una precariedad económica y existencial que se conoce con el nombre de excelencia, un marco funcional para el actual “darwinismo competitivo", acompañado, además, por la ideología meritocrática que se ha normalizado a la fuerza.

Son muchos los que piensan que este modelo de gestión del conocimiento es tóxico e insostenible a largo plazo. Los dispositivos de medición del rendimiento y de evaluación de recompensas convierten la investigación científica (la pregunta por el saber) en la búsqueda de una superioridad competitiva (la obtención de ventajas), poniendo en peligro el significado y el papel del conocimiento para la sociedad. Cada vez más, hoy escribimos e investigamos para alcanzar un umbral de productividad en lugar de agregar conocimiento a la humanidad: "nunca antes en la historia de la humanidad, tantos han escrito tanto a pesar de tener tan poco que decir a tan pocos" (Alvesson et al., 2017).De esta manera, la investigación está condenada fatalmente a la irrelevancia, disipando el reconocimiento social que ha disfrutado hasta ahora y generando una profunda crisis de confianza. Ha llegado el momento de un cambio radical si queremos evitar la implosión del sistema de conocimiento en su conjunto. La burocratización de la investigación y la educación superior managerializada se convierten en el Chernobyl de nuestro modelo de organización social.

Por lo tanto, lo que se necesita hoy es reafirmar los principios que protegen el derecho de toda sociedad a tener libre conocimiento, enseñanza e investigación (es decir, proteger el tejido mismo del que está hecha una democracia) y, por esta razón, proteger a quienes se dedican al conocimiento. Necesitamos establecer preferencias, que posibiliten de articular desde la base las resistencias críticas con capacidad para deslindar lo que se puede o no se puede mantener unido: conocimiento común y compartido o excelencia, libertad de investigación o nueva evaluación de resultados, formación de estudiantes con sentido o suministro rápido de mano de obra de bajo costo, libre acceso al conocimiento o monopolios de saber mercantil.

En esta línea se perfilan algunas etapas.

La primera es una verificación de la existencia real y de la consistencia de este campo. Un proyecto no puede avanzar a menos que se alcance una masa mínima de personas dispuestas a comprometerse con él.

Si hay una adhesión preliminar adecuada, -digamos, en términos simbólicos, que reúna a 100 personas, podría organizarse una reunión para razonar sobre políticas radicalmente alternativas en términos de evaluación, tiempos y formas de producción de conocimiento, reclutamiento y organización.

De cara al futuro, en junio de 2020 se celebrará un encuentro en Roma -que se hará coincidir con la próxima conferencia ministerial del proceso de Bolonia- para avanzar con fuerza, junto con otros movimientos europeos de investigadores y académicos (ya existen contactos en este sentido) hacia un replanteamiento de las políticas de conocimiento.

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Disintossichiamoci - Sapere per il futuro

“Economics are the methods. The object is to change the soul”. Riferita alle politiche della conoscenza, istruzione e ricerca (ma non soltanto), questa formula di Margaret Thatcher ben riassume il processo che ha contraddistinto gli ultimi decenni.

Il metodo economico, la penuria come condizione normale, al limite o al di sotto del limite della sopravvivenza, è visibile a tutti. Anche ben visibile, insieme a quello finanziario, è lo strangolamento burocratico. Meno visibile l’obiettivo. Il cambiamento degli animi è così profondo che non ci accorgiamo nemmeno più della distruzione compiutasi intorno e attraverso di noi: il paradosso della fine – nella “società della conoscenza” – di un mondo dedicato alle cose della conoscenza. Anche l’udito si è assuefatto a una programmatica devastazione linguistica, dove un impoverito gergo tecnico-gestionale e burocratico reitera espressioni dalla precisa valenza operativa, che però sembra essere difficile cogliere: miglioramento della qualità, eccellenza, competenza, trasparenza, prodotti della ricerca, erogazione della didattica... E autonomia, ovvero – per riprendere le parole di Thomas Piketty – l’impostura che ha avviato il processo di distruzione del modello europeo di università. Una distruzione che ha assunto come pretesto retorico alcuni mali – reali e no – della vecchia università, ma naturalmente senza porvi rimedio, perché non questo ma altro era il suo l’obbiettivo.

A trenta anni appunto dall’introduzione dell’autonomia, a venti dal processo di Bologna, a dieci dalla “Legge Gelmini”, la letteratura critica su questa distruzione è sconfinata. Ricerca e insegnamento – è un fatto, eppure sembra un tabù esplicitarlo – da tempo non sono più liberi. Sottoposta a una insensata pressione che incalza a “produrre” ogni anno di più, a ogni giro (da noi VQR, ASN ecc) di più, la ricerca è in preda a una vera e propria bolla di titoli, che trasforma sempre più il già esiziale publish or perish in un rubbish or perish. Nello stesso tempo, è continua la pressione ad “erogare” una formazione interamente modellata sulle richieste del mondo produttivo. La modernizzazione che ha programmaticamente strappato l’università via da ogni “torre di avorio” – facendone “responsive”, “service university” – ha significato non altro che la via, la “terza via”, verso il mondo degli interessi privati. Svuotate del loro valore, istruzione e ricercasono valutate, vale a dire “valorizzate” tramite il mercato e il quasi-mercato della valutazione, che, nella sua migliore veste istituzionale, non serve ad altro che «a favorire (...) l’effetto di controllo sociale e di sviluppo di positive logiche di mercato» (CRUI 2001).

Proprio grazie all’imporsi di queste logiche di mercato, la libertà di ricerca e di insegnamento – sebbene tutelata dall’art. 33 della Costituzione – è ridotta oramai a libertà di impresa. Il modello al quale le è richiesto sottomettersi è un regime di produzione di conoscenze utili (utili anzitutto a incrementare il profitto privato), che comanda modi tempi e luoghi di questa produzione, secondo un management autoritario che arriva ad espropriare ricercatori e studiosi della loro stessa facoltà di giudizio, ora assoggettata a criteri privi di interna giustificazione contrabbandati per oggettivi. Si tratta di numeri e misure che di scientifico, lo sanno tutti, non hanno nulla e nulla garantiscono in termini valore e qualità della conoscenza. Predefinire percentuali di eccellenza e di inaccettabilità, dividere con mediane o prescrivere soglie, ordinare in classifiche, ripartire in rating le riviste, tutto questo, insieme alle più vessatorie pratiche di controllo sotto forma di certificazioni, accreditamenti, rendicontazioni, riesami, revisioni ecc., ha un’unica funzione: la messa in concorrenza forzata di individui gruppi o istituzioni all’interno dell’unica realtà cui oggi si attribuisce titolo per stabilire valori, ossia il mercato, in questo caso il mercato globale dell’istruzione e della ricerca, che è un’invenzione del tutto recente.

Là dove infatti tradizionalmente i mercati non esistevano (istruzione e ricerca, ma anche sanità, sicurezza e così via), l’imperativo è stato quello di crearli o di simularne l’esistenza. La logica del mercato concorrenziale si è imposta come vero e proprio comando etico, opporsi al quale ha comportato, per i pochi che vi hanno provato, doversi difendere da accuse di inefficienza, irresponsabilità, spreco di danaro pubblico, difesa di privilegi corporativi e di casta. Tutt’altro che il trionfo del laissez faire: un “evaluative State” poliziesco ha operato affinché questa logica venisse interiorizzata nelle normali pratiche di studio e ricerca, operando una vera e propria deprofessionalizzazione, che ha trasformato studiosi impegnati nella loro ricerca in entrepreneurial researcher conformi ai diktat della corporate university. A gratificarli una precarietà economica ed esistenziale che va sotto il nome di eccellenza, la cornice oggi funzionale a un “darwinismo concorrenziale” esplicitamente teorizzato e, anche grazie alla copertura morale offerta dall’ideologia del merito, reso forzatamente normalità.

Sono in molti ormai a ritenere che questo modello di gestione della conoscenza sia tossico e insostenibile a lungo termine. I dispositivi di misurazione delle performance e valutazione premiale convertono la ricerca scientifica (il chiedere per sapere) nella ricerca di vantaggi competitivi (il chiedere per ottenere), giungendo a mettere a rischio il senso e il ruolo del sapere per la società. Sempre più spesso oggi si scrive e si fa ricerca per raggiungere una soglia di produttività piuttosto che per aggiungere una conoscenza all’umanità: “mai prima nella storia dell'umanità tanti hanno scritto così tanto pur avendo così poco da dire a così pochi” (Alvesson et al., 2017). In questo modo la ricerca si condanna fatalmente all’irrilevanza, dissipando il riconoscimento sociale di cui finora ha goduto e generando una profonda crisi di fiducia. È giunto il momento di un cambiamento radicale, se si vuole scongiurare l’implosione del sistema della conoscenza nel suo complesso. La burocratizzazione della ricerca e la managerializzazione dell’istruzione superiore rischiano di diventare la Chernobyl del nostro modello di organizzazione sociale.

Quel che serve oggi è quindi riaffermare i principi che stanno a tutela del diritto di tutta la società ad avere un sapere, un insegnamento, una ricerca liberi – a tutela, cioè, del tessuto stesso di cui è fatta una democrazia – e per questo a tutela di chi si dedica alla conoscenza. Serve una scelta di campo, capace di rammagliare dal basso quello che resiste come forza critica, capacità di discriminare, distinguere quello che non si può tenere insieme: condivisione ed eccellenza, libertà di ricerca e neovalutazione, formazione di livello e rapida fornitura di forza lavoro a basso costo, accesso libero al sapere e monopoli del mercato.

In questa direzione si delineano alcune tappe.

La prima è una verifica dell’effettiva sussistenza e consistenza di questo campo. Un progetto non può avanzare se non si raggiunge una massa minima di persone disposte ad impegnarvisi.

Se c’è un’adeguata adesione preliminare – diciamo in termini simbolici 100 persone per partire – organizziamo un incontro a breve per ragionare su politiche radicalmente alternative in fatto di valutazione, tempi e forme della produzione del sapere, reclutamento e organizzazione.

In prospettiva, realizziamo a giugno un’iniziativa in concomitanza con la prossima conferenza ministeriale del processo di Bologna, che quest’anno si tiene a Roma, per avanzare con forza – in raccordo con altri movimenti europei di ricercatori e studiosi (già sussistono contatti in questo senso) – un ripensamento delle politiche della conoscenza.

Valeria Pinto Davide Borrelli Maria Chiara Pievatolo Federico Bertoni + 1300
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Universidad de la Tierra : autonomía, saberes y rebeldías

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Universidad de la Tierra : autonomía, saberes y rebeldías

La idea generalizada que tenemos de la Universidad es la de un lugar en el que estudiar durante un tiempo y acabar consiguiendo un título que certifica el supuesto aprendizaje obtenido. La continua mercantilización de la enseñanza promovida por el sistema capitalista también nos lleva a pensar en la Universidad como un lugar excesivamente caro, al que solo algunos tienen la posibilidad de ingresar y en el que, finalmente, recibes un título que ya no te sirve para trabajar (y que, a veces, tampoco refleja los conocimientos adquiridos). Si pensamos en alguna facultad concreta acabamos pensando en un edificio grande, de hormigón gris, quizás adornado con un césped y formado por las últimas tecnologías (en lo que sea). A veces también pensamos en facultades que se caen a pedazos y aulas masificadas. Esto es exactamente lo que no quería el Doctor Raymundo Sánchez Barraza. El Centro Indígena de Capacitación Integral – Universidad de la Tierra (CIDECI-UniTierra) se plantea como todo lo contrario a esa concepción capitalista del aprendizaje que tan asumida tenemos. Por eso es imposible acercarse al proyecto (hoy realidad tangible) sin que se derrumben los esquemas aprehendidos. No se concibe entender el Sistema Indígena Intercultural de Aprendizaje sin la destrucción de lo establecido. Este proyecto comienza a andar en 1983, sin embargo, no es hasta 1989 que se define como autónomo. En ese año es auspiciado por el obispo de San Cristóbal de las Casas, Samuel Ruiz, conocido por su labor indigenista y de apoyo a los pueblos originarios del Estado de Chiapas. Y por ser obispo de la ciudad durante más de 40 años (hasta que el poder consiguió alejarlo de allí para que dejara de provocar fallas en el sistema). Coordinado en todo momento por Raymundo Sánchez Barraza, quién también regala su vida a la causa indigenista. En 1994 los ideales zapatistas se entroncan con los del CIDECI y no se entiende su filosofía sin ellos. Según su coordinador (quien suelta una carcajada al momento de dirigirnos a él como Rector) la denominación de Universidad es un acto de rebeldía, una respuesta a las burlas del sistema al referirse a ellos y al no considerar la capacitación que allí se recibe como un aprendizaje real. Y es que UniTierra ni es oficial ni busca el reconocimiento oficial, sino el de los pueblos y las comunidades indígenas. Indudablemente, ese ya lo tiene. Entonces “¿por qué no podemos tener el prestigio de las universidades?”, se pregunta Raymundo Sánchez.

Estructura y organización

Niños y niñas venidos de comunidades indígenas, a partir de los 12 años y con independencia de que sepan leer o escribir o de que conozcan el idioma castellano. Este es el perfil de los y las alumnas que ingresan al centro. No hay un número fijo de estudiantes en cada momento, ya que si lo normal es que se tomen cursos de (más o menos) 9 meses, jóvenes van y vienen según su disponibilidad. Pueden tomar 15 días de curso, un mes o varios años. Dependiendo de la distancia entre su comunidad y el centro, quienes allí estudian estarán internos o externos. Esto es, quienes vienen de comunidades más lejanas serán internos y harán uso de los albergues con los que cuenta el centro mientras que quienes residan en comunidades circundantes estarán externos, yendo y viniendo a sus cursos a diario. Así como el número de alumnos es variable en cada momento, lo que si se mantiene es la proporción de hombres y mujeres. Sobresalen los chicos sobre las chicas. En número, claro. También son constantes los y las estudiantes que desconocen el castellano al llegar a sus cursos. Las lenguas que predominan son el tzotsil, el tzeltal y el ch’ol; aunque son muchas más las que se cruzan en los talleres del CIDECI. Los profesores conocen esas lenguas, aunque no siempre hablan a los y las alumnas en su lengua materna, “porque si no nunca aprendemos” como dice uno de los chicos que allí desarrolla su actividad.

Los saberes que se imparten van desde cursos de tortillería y panadería (con los que se abastece el comedor en el que colaboran los y las estudiantes) hasta cursos de herrería, electricidad, carpintería y alfarería. Es gracias a la aplicación de estos aprendizajes que el centro es lo que es hoy en día, ya que ha sido totalmente construido por quienes allí estudian. Igual que la mantención del mismo. Un ejemplo, las cortinas se hacen en el taller de telares, y luego se cosen y preparan para su uso en el taller de corte y confección y luego, en el caso de que queramos que las cortinas lleven algún motivo dibujado este se hará en el taller de pintura. Así cualquier cosa que veamos en el vasto terreno del CIDECI habrá sido construida gracias a los saberes que allí se han transmitido. Todo esto sin dejar a un lado la música, mecanografía o computación, donde además se practica el arte de arreglar con las manos todos los instrumentos necesarios para estas actividades. Junto con estos saberes hay unas cuantas áreas de estudios como son: Derecho Autónomo, Arquitectura Vernácula, Agroecología, Hidrotopografía, Administración de Iniciativas y Proyectos comunitarios, Interculturalidad o Análisis de los Sistemas – Mundo. Al terminar su estancia en la UniTierra, los y las alumnas reciben apoyo en un proyecto para aplicar sus conocimientos en la comunidad de la que provienen. Así se les surte de conocimientos, asistencia y las herramientas necesarias para echar a andar sus ideas en sus comunidades. Unas ideas que luego repercutirán en sus compañeros más cercanos facilitándole o mejorándole sus vidas en comunidad ¿Cómo no considerarla Universidad, cuando quizás sea la más digna de todas?

Instalaciones y autonomía

La autonomía se respira en el aire de la Universidad de la Tierra. En el taller de zapatería se hacen los zapatos para los y las alumnas, el huerto ofrece las verduras que se cocinarán en el comedor, pero también las que sirven de alimento a los animales de la granja (conejos, borregos, ocas, cerdos, gallinas y pavos). Trabajar en el mantenimiento de estas instalaciones es la reciprocidad que ofrecen quienes allí estudian a cambio de la gratuidad lugar. Y a su vez, todo lo producido sirve para abastecer a las personas que allí residen. ¿Y la luz y el agua? Evidentemente, no vienen por parte del gobierno o de alguna institución oficial ya que lo único que se ha recibido por parte de estos ha sido un cruel hostigamiento. La CFE (Comisión Federal de Electricidad) ha merodeado por la zona de manera amenazante en busca de pagos. Eso se supera gracias a la instalación de generadores de electricidad. El agua que abastece a todos y que corre por el sistema de riego que hay instalado proviene de un profundo pozo cavado en sus terrenos. Autonomía total.


NewImageCada jueves los y las estudiantes se reúnen aquí para tratar temas de actualidad, movimientos sociales o problemas que se planteen en sus comunidades.

Lejos de tener carencias, la Universidad de la Tierra se muestra como un paraíso. Las instalaciones y su integración en la naturaleza distan mucho de lo que podemos pensar de esta universidad sin zapatos, como se autodenomina. Además de las decenas de talleres (entendidos como lugar físico), del comedor y de las construcciones que guardan los generadores; son varias las salas para seminarios y aulas que se prestan a otros movimientos sociales. Una colorida capilla se presta a la realización del culto y un enorme auditorio se abre a grandes celebraciones y tiene siempre las puertas abiertas al EZLN, quien celebró en dicho auditorio la Clausura del Primer Festival de las Resistencias y las Rebeldías Contra el Capitalismo este pasado mes de enero.

Filosofía e inspiración

Además de inspirarse en el EZLN y el obispo Samuel Ruiz, este centro por y para indígenas se asienta sobre los principios de Imanuel Wallerstein y de Iván Illich. Del primero agarran su análisis sobre el capitalismo basado en conceptos como Sistema – Mundo. Es de Iván Illich de quien beben sus concepciones acerca de la enseñanza, el aprendizaje y la desescolarización. Se olvidan del tipo de enseñanza impuesto por el capitalismo al que hacíamos referencia al comienzo de este texto y priman el aprendizaje en relación con las personas. Cómo diría Illich en La sociedad desescolarizada:

  • Los profesores de habilidades se hacen escasos por la creencia en el valor de los títulos. La certificación es una manera de manipular el mercado y es concebible sólo para una mente escolarizada. La mayoría de los profesores de artes y oficios son menos diestros, tiene menor inventiva y son menos comunicativos que los mejores artesanos y maestros.
  • La instrucción libre y rutinaria es una blasfemia subversiva para el educador ortodoxo. Ella desliga la adquisición de destrezas de la educación ‘humana’, que la escuela empaca conjuntamente, y fomenta así el aprendizaje sin título o permiso no menos que la enseñanza sin título para fines imprevisibles.

Dos citas muy prácticas para entender la filosofía del CIDECI que se basa en tres principios inquebrantables: “aprender haciendo”, “aprender a aprender” y “aprender a ser más”. Estos principios ejercen de guía principal a la vez que sirven de bola de demolición contra lo ya impuesto en materia de educación por el sistema actual. Una red entretejida por y para los indígenas de la mano del “Doc” Raymundo. “Seguir haciendo, seguir formando sin perder de vista las directrices del EZLN y de los pueblos originarios”. Porque la Universidad de la Tierra es por y para ellos.

Publicado en el blog
https://silviadistopia.wordpress.com/2015/03/05/autonomia-y-aprendizaje-en-cideci-unitierra/,
5 de marzo de 2015.

Para más información sobre los seminarios organizados por la Universidad de la
Tierra consulta las transmisiónes en vivo en el sitio:

http://seminarioscideci.org/
https://www.youtube.com/watch?v=XRzTfaieltA

À propos de l’Université de la Terre et des écoles zapatistes

 

fr-FR

En complément à l’article Universidad de la Tierra : autonomía, saberes y rebeldías, nous publions ci-dessous un texte de Christine Lapostolle, issu de longues heures de discussion avec Jérôme Baschet. Il nous a été transmis par ce dernier et porte également sur les écoles mises en place par les communautés autonomes zapatistes du Chiapas. (La Rédaction du blog)

NewImage« Il s’agit bien d’un projet politique, en rupture avec les formes de vie et d’expérience propres au système institutionnel et à la société capitaliste » (Jérôme Baschet)
« Spécialiste ? 
— Pourquoi ne souhaites-tu pas que cet échange soit transcrit sous forme d’entretien ?
— Je ne supporte pas la position du « spécialiste », j’ai horreur de passer pour celui qui sait. »

L’Université de la Terre (aussi appelée Cideci : Centre indigène de formation intégrale) naît dans la mouvance de l’action de l’ancien évêque du Chiapas Samuel Ruiz. Samuel Ruiz est un des défenseurs de la théologie de la libération qui s’est propagée dans plusieurs pays d’Amérique latine à partir des années 1960. La théologie de la libération a été très importante dans l’expérience des communautés indiennes qui ont ensuite formé l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), notamment l’idée de l’auto-organisation des opprimés, l’idée qu’il s’agit moins de porter la bonne parole que de demander et d’écouter, selon la méthode dite du tijwanel (faire sortir ce qu’il y a dans le cœur de l’autre) — il s’agit de promouvoir une circulation horizontale de la parole dans des assemblées, de recueillir la parole présente dans le peuple pour la rassembler et la redistribuer. Tu retrouves cela chez les zapatistes : ne plus être assisté parce qu’on est pauvre, organiser sa vie à partir de ses richesses propres, aussi minimes soient-elles en termes d’argent, à partir de l’expérience qu’on a et des ressources de la communauté.

Concrètement, l’Université de la Terre est implantée à l’extérieur de San Cristóbal de Las Casas, à quelques kilomètres, au pied des montagnes. C’est un lieu magnifique. C’est la première chose qui frappe. La beauté du lieu. Tu arrives tu vois ce site, ces bâtiments au milieu de la végétation. C’est plein de verdure, entretenue avec soin. Des fleurs partout, des peintures murales...

Les bâtiments ont été construits par ceux qui travaillent là, progressivement, au fil des années, avec les moyens du bord, avec des dons, de l’argent gagné, notamment celui des cultures au milieu desquelles se trouve l’Université.

À l’Université de la Terre sont surtout organisés des apprentissages pratiques : agriculture, électricité, informatique, mécanique... Il y a aussi la fabrication (relativement artisanale) de livres. On cherche des façons de faire adaptées à une économie locale ; il s’est par exemple développé ces derniers temps une unité de recyclage des carapaces de crevettes : la crevette est pêchée en abondance sur la côte Pacifique, à partir des carapaces de crevettes on obtient un matériau qui peut servir à toutes sortes usages — mais je ne connais pas bien la question !

L’Université de la Terre est ouverte à tous ceux qui veulent apprendre, sans exigence de diplôme ou de niveau. Tout le monde a le niveau ! Elle sert aux jeunes Indiens des communautés zapatistes — elle est d’abord conçue comme un soutien aux zapatistes, mais il y a aussi des jeunes d’autres communautés indiennes. Et il y a des gens de San Cristóbal qui viennent. Tu viens là parce que tu veux te former dans tel ou tel domaine. Il n’y a pas de durée établie, les étudiants habitent sur place, il n’y a pas d’examens, de diplômes, c’est à chacun de savoir quand il a acquis ce qu’il était venu chercher. On peut repartir et revenir autant de fois qu’on en sent le besoin. La formation est à la fois libre et personnalisée. Il y a des formateurs, mais les gens s’entraident et avancent aussi comme ça. L’idée est celle d’une « communauté ouverte d’apprentissage » : même si certains ont plus d’expérience dans tel ou tel domaine, on construit ensemble des apprentissages, ce qui diffère de la conception d’une éducation dispensée par certains à d’autres qui la reçoivent.

Il n’y a pas d’enseignement théorique à proprement parler, mais beaucoup de rencontres sont proposées et tout le monde est convié. Les zapatistes y ont organisé plusieurs grands rassemblements ces dernières années, avec des gens qui venaient de tous les coins du monde : la rencontre organisée en 2007 après la mort de l’historien André Aubry a eu lieu là ; cinq mille personnes se sont retrouvées pour le Festival de la Digne Rage en janvier 2009... L’Université de la Terre se définit comme un « espace autonome », en rébellion contre les structures de l’État. Et lors d’une des rencontres organisées par l’EZLN, Marcos l’a déclarée « territoire zapatiste » (ce qui devrait constituer une protection vis-à-vis des possibles attaques gouvernementales).

C’est une sorte d’interface entre les communautés zapatistes et le reste du monde. Elle n’est bien sûr pas reconnue par le gouvernement mexicain. Elle n’a pas fait l’objet d’attaques frontales, mais elle subit pas mal de harcèlement, notamment via la Commission fédérale d’électricité, qui veut intenter un procès pour des dettes supposées alors que l’Université de la Terre est maintenant équipée de son propre générateur d’électricité. Les étudiants doivent se relayer jour et nuit pour des tours de garde à l’entrée. Récemment, des camions de l’armée fédérale sont venus patrouiller aux abords de l’Université de la Terre ; les soldats sont même descendus à pied avec leurs armes à la main, ce qui a suscité beaucoup d’inquiétude.

Je le redis, un des points importants est la beauté des lieux, une beauté simple, liée à la nature, au site et à la végétation, et à la gentillesse des gens, au sens communautaire. Tout le monde est frappé par l’accueil qu’on y reçoit. Évidemment en France quand tu dis « communauté » cela évoque tout de suite de vieilles images post-soixante-huitardes. Mais là, la référence, c’est la communauté indienne, avec le sens du collectif et de l’entraide qui la caractérise.

En dehors des grandes rencontres, tu as deux types de séminaires fréquentés à la fois par les étudiants, et aussi par des gens de la ville, par des sympathisants venant d’autres parties du Mexique et d’autres pays — tous ceux qui le souhaitent peuvent venir.

En outre il y a très souvent des invités de passage qui font des conférences ou exposent leur expérience de lutte dans leur pays. Les étudiants préparent et commentent après coup, ce qui est une occasion d’apprentissage sur telle partie du monde, sur certains problèmes qui nous concernent tous...

Le premier type de séminaire a lieu une fois par semaine. C’est le jeudi soir, ça commence à cinq heures, le temps qu’on se dise bonjour, qu’on prenne un premier café, ça fait plutôt six heures et là on discute parfois jusqu’à onze heures du soir. L’objet de ces séminaires, c’est l’actualité politique, chiapanèque, mexicaine et internationale, la lecture de la presse. Chaque semaine on distribue à tout le monde un stock d’articles, une cinquantaine de pages, les gens lisent, et on discute des articles la semaine suivante. Ce n’est pas l’actualité au sens Twitter, il y a un petit décalage avec le présent immédiat, en plus les articles au moment où on les distribue datent en général de quelques jours... Mais ça n’a aucune importance. L’actualité dans la minute, dans ce contexte, ça n’a pas de sens.

La séance commence par un compte rendu des lectures de la semaine en trois langues : en espagnol d’abord, trois quarts d’heure à peu près. Tout le monde en principe comprend l’espagnol, mais il y a des gens qui sont plus à l’aise en tsotsil ou en tseltal, alors il y a aussi des comptes rendus en tsotsil et en tseltal. Cela demande beaucoup de temps. Il faut beaucoup de patience. Ces conférences sont une vraie mise à l’épreuve de la patience pour un Occidental. Tout le monde écoute, écoute longtemps, et tout le monde parle, il n’y a pas de temps de parole, on laisse parler tous ceux qui veulent aussi longtemps qu’ils le veulent. Jamais on ne va couper la parole à quelqu’un. On le laisse parler, on le laisse aller au bout de ce qu’il a à dire. Et après, s’il y a lieu, on va formuler un autre point de vue en prenant autant de temps que nécessaire. Tous ceux qui parlent ne sont pas des habitués de la rhétorique, parfois il faut à quelqu’un très longtemps pour parvenir à exprimer ce qu’il veut dire. Tant pis, on ne s’énerve pas, on l’écoute. Ce respect de la parole est assez rare en Occident, je crois. Tu n’as pas besoin de savoir bien parler pour t’exprimer. Si tu as quelque chose à dire, tu le dis avec tes mots, tu cherches tes mots, on t’écoutera. Tout le monde écoute tout le monde, c’est un principe de base, c’est une sorte d’apprentissage de la parole en groupe...

Il y en a qui se taisent : il y a des étudiants qui ne disent rien. Mais tu as aussi des gens qui viennent ponctuellement, des gens de la ville, qui viennent avec leurs questions, leurs problèmes particuliers. Et comme c’est entièrement ouvert, tu as des gens qui ignorent ce qui s’est dit la fois précédente. Par exemple, il y a souvent des discussions autour de la question des terres : tu as beaucoup de gens, dans la périphérie de San Cristóbal qui se sont installés, ils ont construit sur des terres qui appartiennent officiellement à l’État. Ils fondent un quartier et puis au bout de quelques années la question de la propriété du sol se pose. En principe au Mexique, État ou gros propriétaire, si tu ne fais rien de tes terres pendant plusieurs années, elles peuvent passer aux mains de ceux qui les occupent et en font quelque chose. Mais cela donne lieu à des conflits. L’État joue de cela, sans forcément intervenir directement, il fait pression, il va faire des incursions au moment où on ne s’y attend pas, laisser planer la menace...

Ceux qui participent aux séminaires viennent d’horizons divers : des étudiants, des universitaires, des gens de différentes trajectoires politiques, anciens trotskistes, libertaires... Il y aussi des gens qui appartiennent ou ont appartenu aux structures de l’évêché. Parfois, il y a des nouveaux qui débarquent et qui t’expliquent ce qu’il faudrait faire comme si tu n’y avais jamais réfléchi... Ou quelqu’un qui se met à t’expliquer en long et en large quelque chose qui a déjà été discuté la semaine précédente où il n’était pas là. Tant pis, on écoute, on laisse parler. C’est la même chose dans les communautés. Toutes les décisions sont discutées autant que nécessaire, même s’il faut parler très longtemps. On ne prend la décision que quand tout le monde est d’accord. Et personne ne s’énerve. Je vois mal ce genre de chose ici en France. J’ai un ami qui ne supporte pas ! Il vient mais ça l’exaspère qu’on ne puisse pas se contredire, il ne supporte pas que les gens parlent sans limite de temps...

On est une quarantaine de personnes. Autour d’une grande table. Il y a le café, les petits pains, ça rentre, ça sort...

Un samedi matin par mois, c’est le second type de séminaire, on se réunit pour discuter autour d’un livre. Là on est moins nombreux, tous les étudiants ne sont pas présents. On choisit un livre et on l’étudie ensemble. Selon les mêmes principes de parole que ceux que je viens d’évoquer. Ces derniers temps on s’est penchés sur les écrits d’Ivan Illich. Avant, pendant trois ans, tous les samedis on a lu les livres d’Immanuel Wallerstein — sa critique du capitalisme mondialisé, la théorie des systèmes-monde — sa pensée compte beaucoup à l’Université de la Terre. Avec Ivan Illich, on est au cœur de la réflexion sur l’éducation. Illich a vécu au Mexique, son Centre pour la formation interculturelle (le Cidoc) était implanté à Cuernavaca. Dans les dernières rencontres internationales organisées par l’EZLN ou autour des anniversaires du 1erjanvier 1994, la pensée d’Illich a été assez présente. À plus forte raison depuis le rapprochement avec Javier Sicilia, le poète dont le fils a été assassiné en 2011 : les zapatistes ont organisé une grande mobilisation pour soutenir la Marche pour la paix qu’il a engagée pour dénoncer le crime organisé. Javier Sicilia est un disciple d’Ivan Illich.

Une des idées principales d’Illich en matière d’éducation et d’apprentissage, c’est d’en finir avec l’école-institution. Repenser la question de l’enseignement, de la transmission, en dehors du rapport d’autorité et de normalisation qu’instaure l’école comme institution qui s’arroge le monopole du savoir légitime. Illich dénonce aussi le caractère contre-productif de l’école (comme d’autres institutions : l’hôpital, les transports, etc.) qui en délégitimant de nombreux savoirs et de nombreuses pratiques, produit un mode de savoir et des pratiques standardisés, abstraits, coupés de la vie. Lorsqu’il parle d’une société sans école, ce n’est pas forcément qu’aurait été aboli tout lieu spécifique voué aux apprentissages, mais il conteste le fait de réduire à l’école le périmètre de l’apprentissage. Chacun doit pouvoir accéder aux connaissances dont il a le désir et tout le monde peut apprendre à tout le monde. Chacun sait des choses qu’il peut transmettre si on établit les conditions qui le permettent. On a beaucoup moins souvent qu’on ne le croit besoin de maîtres, on a besoin d’une pratique des savoirs, d’une circulation, d’un échange ininterrompu. Il s’agit de valoriser les apprentissages liés à l’expérience, à la vie réelle, l’auto-apprentissage, l’inter-apprentissage, non pas l’éducation a priori mais les apprentissages en fonction des besoins effectifs, des situations, etc. Illich prône la déspécialisation, il s’oppose à la délégation de l’enseignement à des spécialistes autorisés. Tout le monde sait, dit-il, et a des capacités à transmettre.

Reste que tout dépend de la question suivante : apprendre pour quoi ? Pour vivre dans quel monde, dans quelle réalité sociale ?

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Les écoles des communautés

Promotores, le mot n’est pas terrible en français où le promoteur évoque surtout l’immobilier ! Mais en espagnol, dans le contexte dont je parle, il faut l’entendre au sens premier : celui qui promeut, fait aller en avant, qui suscite l’élan...

Dans les communautés, ceux qui enseignent aux enfants dans les écoles primaires sont appelés promotores. Trois cents écoles primaires existent aujourd’hui dans la seule zone des Altos (Hautes Terres), l’une des cinq zones gouvernées par les autorités autonomes zapatistes. Les promotores ont été formés pour leur tâche mais ils ne sont pas payés. Ils ne gagnent pas d’argent, ils reçoivent seulement une aide en produits alimentaires de la communauté où ils enseignent ; ils continuent aussi à participer à la production agricole de leur famille, à la récolte du café, leur activité ne se limite pas à l’enseignement. Au moment de la récolte du café, l’école s’arrête, tout le monde s’y met, les enfants aussi. À la fois les promotores ont été formés pour faire l’école, mais ils participent aux autres activités quand c’est nécessaire.

Souvent ils manquent de pas mal de choses... ils n’ont pas forcément de quoi acheter le matériel scolaire ou les livres dont ils auraient besoin, et pas même de quoi s’acheter un nouveau pantalon ! De toute façon le principe c’est : on a une petite salle pour faire la classe, tant mieux, mais si on ne l’avait plus, on ferait la classe sous un arbre.

Au premier abord, l’organisation générale se présente un peu comme ici. C’est très structuré. Il y a six années. On acquiert des connaissances. Tu fais ton cursus. Là ils ont un peu calqué sur le système officiel. Ça ressemble à l’idée qu’on a de l’école. On peut se dire, c’est un peu dommage. Mais où ça change, c’est dans le statut même du promoteur et dans la manière de concevoir l’éducation — comment on apprend. Il n’y a pas de compétition, il n’y a pas d’échec ou de réussite. Tu as des savoirs à acquérir et on t’explique jusqu’à ce que ce soit acquis. Ceux qui ont compris plus vite aident les autres. Et on ne passe à autre chose que quand tout le monde a compris.

L’école n’est pas organisée de façon identique partout. Il y a cinq zones entre lesquelles se répartissent les communautés, et dans chaque zone, même si les principes généraux sont les mêmes, il y a des variations importantes.

Dans l’école secondaire, tout le monde est capable d’enseigner tout. La non-spécialisation, cela veut dire que les promotores doivent se débrouiller avec la situation telle qu’elle se présente. Quelqu’un commence à être bien formé dans une discipline, mais s’il y a un manque dans une autre discipline qu’il n’a pas encore enseignée il faut qu’il s’y mette : quelqu’un part et il faut tout réorganiser... Souvent, dans les communautés, les gens jeunes éprouvent le besoin de partir un an ou deux dans le nord du Mexique ou aux États-Unis, c’est un peu le voyage obligé : même si les conditions de vie sont très dures, les gens partent, puis en général reviennent dans la communauté. Si quelqu’un s’arrête, on prend son travail en charge. Même si a priori on ne sait pas faire ce qu’il faisait — on apprend, on trouve. Il faut faire avec ce qu’on a, apprendre sur le tas. Il faut se débrouiller. Ce n’est pas un principe, ce n’est pas systématique, mais quand il faut résoudre un problème d’organisation on change la répartition des rôles. Tu enseignais l’histoire, et tu vas faire les sciences naturelles...

Les élèves habitent sur place. Garçons et filles bien sûr. Qui va dans les élèves secondaires ? Ce sont les intéressés eux-mêmes qui décident, il n’y a pas l’idée de repérer les meilleurs ou ce genre de chose. On va à l’école secondaire si on a envie d’aller à l’école secondaire et de faire quelque chose d’utile pour la communauté, c’est tout.

Les matières, ce ne sont pas exactement des matières au sens où on l’entend ici, ce sont des aires de connaissances : communication et langages, mathématiques, sciences sociales, sciences de la vie, humanisme, production.

Comment former les formateurs ? Il ne s’agissait pas de passer par l’enseignement classique mexicain. Il a fallu tout faire. La mise au point a pris plusieurs années. Ça a donné lieu à des discussions interminables. Entre les gens des communautés, qui savaient ce qu’ils voulaient, et des invités extérieurs, des sympathisants zapatistes, des gens qui, soit avaient une pratique d’enseignement, soit avaient envie de réfléchir à cette question en étant déjà sensibles aux enjeux des communautés autonomes. Il n’en est pas sorti des manuels, mais des textes, oui.

Les savoirs sont vus dans la perspective zapatiste, forcément. Dans la perspective des gens qui luttent. Dans les communautés, comme à l’Université de la Terre, la conception de l’éducation est sous-tendue par un projet politique, qui met l’autonomie au cœur des enjeux. Les communautés, l’Université de la Terre, sont conçus comme des espaces autonomes et le but est que l’autonomie gagne du terrain.

Le risque d’endoctrinement, il n’est certainement pas plus grand que dans l’école des sociétés capitalistes ! Il faut faire attention, certainement, mais le danger d’endoctrinement est assez faible car les zapatistes n’ont jamais été partisans d’une ligne politique rigide, ils ne pratiquent guère ce qu’on appelait, en d’autres temps, le travail de « formation politique ». Il y a des convictions partagées — la volonté d’autonomie dans tous les domaines, le rejet du capitalisme, l’égalité, l’idée de prendre en compte la réflexion, le point de vue de chacun : les décisions de ne prennent jamais à la majorité, il n’y a pas de spécialiste de ceci ou cela qui aurait plus voix au chapitre que les autres, on discute jusqu’à ce que tout le monde soit d’accord et on agit ensuite.

L’une des idées majeures dans l’enseignement des écoles, et ça vaut pour toutes les matières, c’est que pour aller vers le plus lointain, on part du plus proche. Et on s’appuie toujours sur du concret. En histoire par exemple, on va commencer par apprendre l’histoire de la communauté, puis celle du Chiapas, puis du Mexique, puis du monde... En science tu vas commencer par travailler à partir de ce que tu as autour de toi, tu observes, les plantes, les animaux qui sont là, en maths tu vas partir des problèmes à résoudre dans la vie quotidienne...

Partir de soi, partir du concret, rendre tout concret. Cela veut dire aussi une implication du corps, des gestes. Le mouvement plutôt que la quasi-immobilité où le maître est debout et parle à des élèves assis qui écoutent en silence. Je prends un exemple. Tu expliques la densité de la population. Tu dis « densité de population », pour la plupart des élèves cela n’évoque rien. Alors tu vas faire une démonstration, plutôt que de t’en tenir aux mots, tu te lèves, tu vas au milieu de la pièce, tu fais venir des élèves, tu les répartis dans l’espace pour illustrer ce que tu veux montrer — quinze personnes par ici, trois par là, trois autres... tu fais une petite mise en scène. Et tout le monde est dix fois plus impliqué.

Il y a aussi des livres, bien sûr. Chaque école a une bonne bibliothèque. Et pour celui qui veut approfondir une question, il y a les livres, il y a Internet...

Il ne faut pas oublier qu’en ce qui concerne les zapatistes, si les Accords de San Andrés sur les droits indigènes ont été signés par le gouvernement fédéral et l’EZLN, le gouvernement a ensuite refusé les modifications de la Constitution qui devaient en découler. On est dans une sorte de no man’s land, l’armée, ou les forces paramilitaires, ne sont jamais très loin, l’État trouve régulièrement des moyens, même sourds, pour inquiéter les gens dans les communautés. C’est une sorte de harcèlement lent, insidieux.

Il s’agit, à l’Université de la Terre, dans les écoles zapatistes, mais plus largement aussi, de créer des pratiques différentes, des relations différentes entre nous tous ; il s’agit bien d’un projet politique, en rupture avec les formes de vie et d’expérience propres au système institutionnel et à la société capitaliste. Un autre monde dans ce monde-ci, pas pour des lendemains qui chantent et déchantent, mais tout de suite, avec ce qu’on a à portée de main, avec les limites que cela suppose. Des énergies qui se mobilisent pour construire collectivement, sans trop savoir comment, sans plan global préalable, un flux. Le chemin n’est pas tracé, il faut l’inventer, pas après pas, sans certitude.

Cet article a été publié pour la première fois le 10 octobre 2012 dans « la voie du jaguar » : https://lavoiedujaguar.net/L-Universite-de-la-Terre-a-San-Cristobal-de-Las-Casas

Vers une société du partage des savoirs, de tous, par tous et pour tous

We are pleased to announce the launch of the 1st Congress of the International of Knowledge for All (IKA). This meeting will take place on Friday 22 and Saturday 23 November 2019, in Marseille (France). It is open to all, members or not of the IKA. You will find below the programme which indicates the spirit and content of these days. If you want to participate, please send an email to polpatricia97@gmail.com or pierre.bitoun@wanadoo.fr.
Nous avons la joie de vous annoncer la tenue du 1er congrès de l’Internationale des savoirs pour tous (IDST), qui aura lieu les vendredi 22 et samedi 23 novembre 2019, à Marseille (France). Il est ouvert à tous, membres ou non de l’IDST. Vous pourrez en lire ci-dessous le programme qui indique l’esprit et le contenu de ces journées. Si vous voulez y participer, merci d’envoyer un mail à polpatricia97@gmail.com ou pierre.bitoun@wanadoo.fr.
Nos complace anunciar la celebración del 1er Congreso de la Internacional del saber para Todos (IDST). Este encuentro tendrá lugar el viernes 22 y el sábado 23 de noviembre de 2019, en Marsella (Francia). Está abierto a todos, socios o no de IDST. Puede leer más abajo el programa que indica el espíritu y el contenido de estos días. Si desea participar, por favor envíe un correo electrónico a polpatricia97@gmail.com o pierre.bitoun@wanadoo.fr.
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Date : 22-23 November 2019
Location : Marseille, in La Marseillaise's offices
Public: IKA members and other students, education and HER staff, community, trade union and political activists, interested citizens...

In France, Europe and the world, the battles against neoliberal policies in Higher Education and Research (HER), and more broadly in Education, are multiplying. Both local and universal, varied but convergent, they demonstrate the rise of new worldviews and new power relations against the oligarchs of the all-market and they carry within them the construction of a knowledge society for all, post-capitalist and post-productivist.

Rather than repeating the umpteenth criticism of neoliberalism, the meeting will be resolutely turned towards the future, divided into three themes, each corresponding to a half-day of collective reflection:

  1. What is the future society of knowledge sharing, of all, by all and for all? What are its philosophical, political, social and moral foundations? Which thinkers, which historical experiences are we the heirs of and how can we make them contemporary? How do free and shared knowledge, within and outside the walls of existing institutions, form part of the individual and collective aspiration for a deep and all-embracing democratisation of pseudo-representative democracy, for overpassing capitalist and productivist society? (Friday 14h-18h)
  2. Where are we today with this future society? What does the rise of a citizen's intelligence tell us, in France, Europe or the world, whether it is reflected in political programmes, trade union or association projects, alternative local experiences? What conclusions can be drawn from this? What are the limits and benefits, the pitfalls and hopes? (Saturday 9am-12:30pm)
  3. How can we move forward, tomorrow, towards this society? How can we not stay in our own corner? What links should be built between all the actors in this knowledge-sharing society, whether they are local, regional, national or international links? What role can the very young IKA play in it, with many other groups? What ideas, what unifying actions should be implemented at the end of this meeting? (Saturday 14h-18h)

Logically, it will be left the largest part to exchange and debate: it will not be yet another conference, between oneself and too often encouraging your ego, but a meeting for collective thought and action together. Each half-day will therefore be opened with an introduction of 20-30 minutes maximum, intended to launch the discussion.

Date : 22-23 novembre 2019
Lieu : Marseille, salle dans les locaux de La Marseillaise
Public : membres de l’IDST et autres étudiants, personnels de l’Éducation et de l’ESR, militants associatifs, syndicaux et politiques, citoyens intéressés…

En France, en Europe ou dans le monde, les combats contre les politiques néolibérales dans l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR), et plus largement dans l’Education, se multiplient. Tout à la fois locaux et universels, variés mais convergents, ils manifestent la montée de nouvelles visions du monde et de nouveaux rapports de force contre les oligarques du tout-marché et ils portent en eux la construction d’une société du savoir pour tous, post-capitaliste et post-productiviste.

Plutôt que de répéter l’énième critique du néolibéralisme, la rencontre sera résolument tournée vers l’avenir, déclinée autour de trois thématiques correspondant chacune à une 1/2 journée de réflexion collective :

  1. Qu’est-ce que la future société du partage des savoirs, de tous, par tous et pour tous ? Quels en sont les fondements philosophiques, politiques, sociaux, moraux ? De quels penseurs, de quelles expériences historiques sommes-nous les héritiers et comment les rendre contemporains ? Comment les savoirs, libres et partagés dans et hors les murs des institutions existantes, font-ils partie de l’aspiration à une démocratisation profonde et tous azimuts de la démocratie pseudo-représentative, à un dépassement de la société capitaliste-productiviste ? (Vendredi 14h-18h)
  2. Où en est-on, aujourd’hui, de cette société à venir ? Que nous raconte, en France, en Europe ou dans le monde, la montée d’une intelligence citoyenne, qu’elle se manifeste dans les programmes politiques, les projets syndicaux ou associatifs, les expériences alternatives locales ? Quel bilan peut-on en tirer ? Quels en sont les limites et les bienfaits, les pièges et les espoirs ? (Samedi 9h-12h30)
  3. Comment avancer, demain, vers cette société ? Comment ne pas rester chacun dans son coin ? Quels liens construire entre tous les acteurs de cette société du partage des savoirs, qu’il s’agisse de liens locaux, régionaux, nationaux ou internationaux ? Quel rôle peut-y jouer la toute jeune IDST, avec bien d’autres collectifs ? Quelles idées, quelles actions fédératrices mettre en œuvre à l’issue de cette rencontre ? (Samedi 14h-18h)

Logiquement, il sera laissé la plus large part à l’échange et au débat : il ne s’agira pas d’un énième colloque, entre soi et favorisant trop souvent le tout à l’ego, mais d’une rencontre pour la pensée collective et l’agir ensemble. Chaque demi-journée sera donc ouverte par une introduction de 20-30 minutes maximum, destinée à lancer la discussion.

Fecha: 22-23 noviembre del 2019
Localización: Marsella (Francia), en las oficinas de La Marseillaise
Público: Socios de la IDST y otros estudiantes, personal educativo y de ESI, activistas comunitarios, sindicales y políticos, ciudadanos interesados...

En Francia, en Europa y en el mundo, las batallas contra las políticas neoliberales en materia de enseñanza superior e investigación (ESI), y más ampliamente en materia de educación, se multiplican. Tanto locales como universales, variadas pero convergentes, demuestran el surgimiento de nuevas visiones y relaciones de poder contra los oligarcas del todo-mercado y llevan en sí la construcción de una sociedad del conocimiento para todos, post-capitalista y post-productivista.

En lugar de repetir la enésima crítica al neoliberalismo, la reunión se orientará decididamente hacia el futuro, dividida en tres temas, cada uno de los cuales corresponde a una media jornada de reflexión colectiva:

  1. ¿Cuál es la futura sociedad del intercambio de los saberes, de todos, por todos y para todos? ¿Cuáles son sus fundamentos filosóficos, políticos, sociales y morales? ¿Qué pensadores, qué experiencias históricas somos herederos y cómo podemos hacerlas contemporáneas? ¿Cómo el conocimiento libre y compartido, dentro y fuera de los muros de las instituciones existentes, forma parte de la aspiración a una democratización profunda y global de la democracia pseudo-representativa, a la superación de la sociedad capitalista productivista? (viernes 14h-18h)
  2. ¿Dónde estamos hoy con esta sociedad futura? ¿Qué nos cuenta el aumento de la inteligencia ciudadana, en Francia, en Europa o en el mundo, que sea reflejada en programas políticos, proyectos sindicales o asociativos, experiencias locales alternativas? ¿Qué conclusiones se pueden sacar de esto? ¿Cuáles son los límites y beneficios, las trampas y las esperanzas? (sábado 9am-12 :30pm)
  3. ¿Cómo podemos avanzar mañana hacia esta sociedad? ¿Cómo podemos no quedarnos cada uno en su propio rincón? ¿Qué vínculos deben establecerse entre todos los actores de esta sociedad del conocimiento, ya sean locales, regionales, nacionales o internacionales? ¿Qué papel pueden desempeñar la muy joven IDST, con muchos otros grupos? ¿Qué ideas, qué acciones unificadoras se deberían implementar al final de esta reunión? (sábado 14h-18h)

Lógicamente, se dejará la mayor parte para el intercambio y el debate: no será otra conferencia más, entre uno mismo y con demasiada frecuencia promoviendo al ego, sino un encuentro para el pensamiento y la acción colectiva juntos. Por lo tanto, cada medio día se abrirá con una introducción de 20 a 30 minutos máximo, con el fin de iniciar el debate.